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Les amateurs de musique africaine (ou « world ») comme on dit pour regrouper tout ce qui n’est pas « occidental » connaissent depuis longtemps la magnifique Malienne Rokia Traoré. Non seulement elle a le physique d’un mannequin, mais elle est de plus (et surtout!) une musicienne hors pair. Ses albums (4 depuis ses débuts en 1998) sont tous d’excellents recueils de chansons intenses et uniques. Je vous recommande particulièrement « Bowmboï », de 2003.

Son nouvel album, « Beautiful Africa » n’est pas plus chanté en anglais que les précédents – n’allez pas laisser son titre vous tromper. Sa voix est toujours aussi impériale, peut-être plus marquée par une urgence (Sikey) qui fait que la rythmique s’emballe parfois. Traoré y place aussi de très belles chansons plus douces, comme Ka Moun Ké, axées sur la juxtaposition de la guitare électrique et instruments africains traditionnels.

On écoute une extraordinaire version épurée de cette chanson dans ce clip où Rokia chante et gratte la guitare elle-même accompagnée par le « percussionniste vocal » Jason Singh. L’écho naturel du hall du Trianon, une salle de concert de Paris qui fait aussi bar et resto, rend cette interprétation carrément magique.

Elle explique son cheminement qui a abouti à son cinquième opus dans cette entrevue :

À 39 ans, la belle est plus que jamais en contrôle de son art et mérite la reconnaissance internationale, au moins au même degré qu’Amadou et Mariam, Angelique Kidjo… s’il faut absolument la comparer à d’autres musiciens africains. D’après moi, Rokia Traoré se classe plutôt parmi les femmes qui font de la musique de caractère tout en beauté tels qu’Ani di Franco, Salomé Leclerc et KellyLee Evans dont je vous parlais pas plus tard que cette semaine.  Écoutez la pièce N’Teri, toute en subtilité, ou celle-ci, M’biro, tirée de son album de 2003.

 

Bien que le Mali ait une riche tradition musicale, les locaux ont d’abord découragé la jeune Rokia à performer puisqu’elle est née dans la classe noble du Mali, son père étant diplomate. Traditionnellement, la musique est réservée aux griots : une classe d’artistes dont le privilège d’être musicien se transmet de père en fils. « Condamnée » à chanter pour des publics autres que le sien, elle innove encore en s’accompagnant elle-même à la guitare sèche – instrument qui orne encore la pochette de son dernier disque – et en intégrant des harmonies vocales, deux éléments inédits dans la musique malienne. En plus, elle joue du ngoni (luth) et du balafon.

C’est une collaboration avec le légendaire guitariste Ali Farka Touré qui la fait connaître, et elle commence à remporter des prix dès 1997. Installée à Amiens, en France, depuis les années 1990, elle est revenue vivre également à Bamako, au Mali depuis quelques années. Rokia Traoré est Bambara, originaire de la région de Bélédougou.

 

Rokia-Traore-Beautiful-Africa

Artiste : Rokia Traoré
Album : Beautiful Africa
Étiquette :Nonesuch

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.