Après le décès du mythique guitariste Denis « Piggy » D’Amour et du départ de Jason Newsted (jadis bassiste de Metallica, rien que ça!), le quatuor heavy métal de Jonquière aurait bien pu lancer la serviette. Faire du heavy métal avec les cheveux gris, c’est plutôt rare. Peu vieillissent bien.

Mais dans le cas de Voivod, véritable référence en matière de heavy depuis plus de 30 ans à travers le monde, il n’est pas question de ralentir. C’est bien mal les connaître! Leur 13e album en carrière nous arrive plus de 4 ans après le précédent, « Infini » (2009). C’est la première fois que le nouveau guitariste Daniel « Chewy » Mongrain s’occupe de tout ce qui a 6 cordes sur un disque de Voivod, et, de l’avis des connaisseurs (dont je ne fais pas partie), il se débrouille très bien. Certains comme Metal-Archives.com y voient même une réincarnation de feu Piggy.

Il est lourd et sombre (Warchaic), il est rapide et vif, avec des moments de délire (surtout au niveau vocal) qui laissent percevoir une petite ouverture aux influences non-métal comme les Residents ou Primus. La basse revient à Jean-Yves Thériault (alias Blacky), premier bassiste du groupe, de 1982 à 1991, avant de reprendre en 2008. Le batteur Michel « Away » Langevin demeure à ce jour la seule personne qui n’ait jamais quitté Voivod depuis leurs débuts.

Les gars expliquent le processus de création du p’tit dernier dans ce vidéo promotionnel:

 

 

 

Évidemment, le naturel revient au galop : Voivod nous sert des changements rythmiques compliqués, des « breaks » inattendus et des passages plus hypnotiques qu’agressifs. La voix de Denis Bélanger est toujours aussi puissante et brutale. Lorsqu’il étire ses syllabes un peu (Kaleidos), il sonne un peu comme Ozzy mais autrement c’est du pur « Snake » qui ne semble pas affecté par l’âge ni par l’usure de 31 ans de « grunts ». Ailleurs, c’est une touche de Pink Floyd des débuts ou de Grim Skunk (Mechanical Mind – ci-dessus) qu’on retrouve, avec un angle plus corrosif, bien sûr! Les connaisseurs (encore eux) se souviendront que Vincent Peake (de Groovy Aardvark mais aussi avec Grim Skunk depuis une décennie) a tenu la basse à quelques reprises en 2002.

 

On ne réalise pas à quel point Voivod est un band respecté dans plusieurs pays et depuis de nombreuses années, dans le milieu du métal. Le groupe a maîtrisé plusieurs styles, passant du prog métal, au punk hardcore pour ensuite toucher à l’expérimental (Nothingface) mené par les accords mineurs particuliers qu’utilisait feu Piggy. Je vous invite à écouter ce témoignage de Dave Grohl (Foo Fighters, Nirvana) qui raconte les prmières fois qu’il a entendu Voivod et toute l’admiration qu’il a pour le band de Jonquière.

 

Je termine avec un souvenir assez accessible: leur reprise du classique de Pink Floyd, Astronomy Domine.

 

Lorsqu’on dit que nos talents locaux rayonnent, on ne parle pas que de Celine et d’Arcade Fire!

Respect.

Longue vie.

 

voivod target earth

VOIVOD
Target Earth
(Century Media, 2012)

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.