Au niveau programmation, la journée de dimanche était de loin la meilleure des trois à l’édition 2016 d’Osheaga. Bien sûr, Radiohead (on y reviendra) mais tout au long de la journée, il y avait d’excellents artistes à (re)découvrir.

Je suis arrivé tôt pour MELANIE MARTINEZ, ses habits de poupée et ses chansons pop bonbon. La préférée de ma fille de presque 13 ans, qui n’a malheureusement pas pu venir (mais qui y était samedi, lire ici). La jeune chanteuse de 21 ans a joué la carte bonbon, avec décor de chambre de bébé et deux musiciens déguisés en toutous.

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MELANIE MARTINEZ (photo Pat Beaudry)

Après un rapide ravitaillement, je suis allé attraper la fin du folk rocker ISREAL NASH et je ne l’ai pas regretté. Fils spirituel de Neil Young, beau-frère spirituel de Phosphorescent, ce gars du Texas était inspiré et solide: du bon rock bien composé, qui laisse de la place aux solos épiques de son guitariste. On sent que la vie aux États-Unis le remplit de tristesse, lorsqu’il a mentionné la violence, les tueries, les armes… Considérons-nous chanceux de vivre ici.

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ISREAL NASH (photo Pierre Bourgault)

Un petit moment avec THE PAPER KITES était sympathique même pour un gars comme moi qui ne connais pas leurs hits, contrairement aux fans qui se sont excités lorsque le chanteur Sam Bentley a fait Bloom presque en solo.

C’est en piquant tous les mouvements de danse de Steven Tyler – qui n’est plus capable de les faire – et avec une voix à la Freddie Mercury (en plus rock) que le chanteur des STRUTS, Luke Spiller, a donné le moment le plus le fun de 2016 à Osheaga! Ce band qui n’a absolument rien d’original et qui est cheezy comme c’est pas possible a tout de même le mérite de savoir comment allumer une foule. Ouais, les “say yeah!” au côté droit de la foule et “say yeah yeah” au côté gauche sont archiclichés (et Spiller en a un peu abusé), mais il reste que tout le monde a passé du bon temps, avec ces quatre Anglais.

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THE STRUTS (photo Tim Snow)

Puis, c’était l’heure d’autres Anglais, plus sérieux ceux-là. FOALS jouaient sur la grande scène sous un soleil de plomb. Beaucoup d’énergie sur scène, de bonnes montées de décibels, des guitares parfois stridentes et un Yannis Philippakis toujours aussi en feu. Il a même tenté un peu de crowd surfing en toute fin de performance, question de sentir la foule, mais ça s’est vite gâté (il a effouaré sous les bras mous des fans fatigués).

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FOALS (photo Pat Beaudry)

LEON BRIDGES a livré un tour de chant bien senti, très soul, très relax, qui se prenait aussi facilement sous la canicule. C’est génial de voir que le soul roots à la Marvin Gaye est toujours aussi apprécié! La foule a vraiment embarqué dans le trip de Bridges. Ce Texan – malgré ses pantalons tailles hyperhautes – mérite vraiment le succès qu’il vit actuellement.

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LEON BRIDGES (photo Claude Dufresne)

J’étais bien installé dans la section média et commençait à me demander si j’allais devoir rester au même endroit pendant les quatre prochaines heures pour être sûr de ne pas perdre mon excellente place pour Radiohead… Ça voulait dire voir coup sur coup Grimes, M83 (encore!) et Disclosure, et manquer Haelos et Nathaniel Rateliff… Dilemme.

Après réflexion (et discussion avec une collègue), c’est vers le ravitaillement en bière, un tour à la salle de bain (climatisée, s’il vous plaît!) dans l’espace média VIP et allez, on s’en va voir d’autres concerts. Pas question de rester (cuire) sur place.

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LITTLE SIMZ (photo Pierre Bourgault)

NATHANIEL RATELIFF & THE NIGHT SWEAT était une suite logique au soul de Leon Bridges (après un crochet pour voir la finale de LITTLE SIMZ, une rappeuse au débit ultrarapide). Le band de sept membres (incluant des cuivres et un organiste) venus directement du fin fond du Missouri a fait danser la foule de la scène Verte alors que le soleil se couchait tranquillement sur le fleuve. Le genre de band qui doit jouer depuis 20 ans sur de petites scènes comme des plus grandes, surtout depuis leur hit S.O.B., qui revendique plus de 20 millions de visionnements sur YouTube depuis sa parution il y a un an. Il a terminé le concert en s’excusant de tout ce qui se passe aux USA. “We had a chance to really change things for people, for you and me, with Bernie, and we SCREWED it!” Il s’est ensuite confondu en excuses que son peuple soit si bête, s’excusant d’avance des décisions qui allaient être prises dans les prochaines années.

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La finale… RADIOHEAD… Enfin! Après 25 heures de concerts en 3 jours, voici enfin le groupe tant attendu! La formation Disclosure ayant cancellé sa prestation, parce que pas arrivée à Montréal à temps, c’est pas moins de deux heures et demie de concert que Thom Yorke et sa bande ont préparé! Les gars ont beaucoup travaillé l’ambiance, souvent calme, souvent électronique, souvent hyperintense.

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RADIOHEAD (photo Claude Dufresne)

Plusieurs morceaux du nouvel album, plusieurs plus anciens mais pas nécessairement de grands morceaux connus (sauf les Reckoner et Nude), ceux-là sont arrivés dans la dernière demi-heure, en rappel. Auparavant, les chants doux de Yorke se confrontaient aux rythmes électroniques déjantés, alors que des projections nous montraient constamment les six musiciens en action. Le visage fixe et fermé du bassiste Colin Greenwood, les mains ou un pied de Jonny Greenwood (jamais son visage), les différents instruments des deux percussionnistes chauves Phil Selway et Clive Deamer le visage sérieux du guitariste Ed O’Brien. À côté de ces hommes matures concentrés, Thom Yorke est le plus déluré, lançant des mots incompréhensibles entre deux chansons, dansant (ou bougeant) beaucoup, puis puisant dans toute sa sensibilité pour reprendre le morceau suivant. Ce sont surtout les albums « Hail to the Thief », « Amnesiac » et « In Rainbows » qui furent représentés, en plus du tout récent « A Moon Shape Pool ». Seuls Idiotheque provenait de « Kid A » et aucun de l’excellent « The Bends ».

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Johnny Greenwood (photo Claude Dufresne)

Les Let Down, Karma Police, Lotus Flower, Paranoid Android et autres Creep sont devenus des hymnes doucement chantés par une chorale de 30,000 âmes… Sur un fond bleuté, sous cette belle nuit d’été, les Festivaliers d’Osheaga communiaient tous ensemble au son de Radiohead. Tout simplement magique.

Si on avait pu arrêter le temps et mettre cette ambiance sous vide pour la rouvrir plus tard, c’est ce qu’on aurait fait.

(Il a fallu que de jeunes touristes saouls et cons poussent tout le monde dans le métro pour nous ramener à la réalité de la connerie humaine).

Voilà, c’était Osheaga 2016, une expérience que j’ai trouvée plus humaine qu’artistique, cette année. J’ai aimé les gens, la vibe, les installations plus flyées, même les commanditaires m’ont plu, avec leurs “activations terrain” originales et bien pensées! Tout portait à passer du bon temps.

Pour ceux que ça intéresse, mes tops du weekend furent, dans l’ordre, Radiohead, Aurora, Israel Nash, Kurt Vile, Wolf Parade, Lane 8, Red Hot Chili Peppers, Lana del Rey, Leon Bridges, Gramatik, The Last Shadow Puppets, Charlotte Cardin…

 

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.