Ayant terminé mon article sur la journée de samedi à Osheaga vers 3 heures du matin, je me suis levé tard, vers 10 heures, en ce beau dimanche ensoleillé. Je ne sais pas si c’est l’âge ou les vodkas, mais je me sens centenaire, courbaturé et ennuagé dans ma tête. Quelques emails, un double expresso et des posts et tweets sur les réseaux sociaux et une heure est déjà passée. Mes enfants et ma blonde sont sortis hier soir, roupillent encore. Après avoir rassemblé quelques photos intéressantes à Osheaga pour un éventuel article en images, je sors jouer au football avec mon plus jeune. Du haut de ses presque 9 ans, il m’épate avec ces premiers cigares qu’il réussit à chaque lancer du ballon ovale. Pas mal fort, ce p’tit gars. Après avoir tergiversé avec moi-même sur l’audace de porter un short blanc à ce festival qui peut devenir poussiéreux (et humide, comme on l’a constaté hier), puis rassemblé mon kit de journaliste ambulant (appareil photo, iPhone, batteries additionnelles, calepin au cas où le cell ne fonctionnerait plus (ça m’arrive, il est vieux), casquette, bouteille d’eau et crème solaire) me revoici dans le métro. Rien à signaler, contrairement à hier. C’est bien. Étrangement, peu de festivaliers embarquent comme je le voyais hier, à chaque station. Vrai qu’il est déjà 15h00. Plusieurs y sont sans doute déjà. La météo est parfaite, soleil sans nuages et une agréable brise. Ça va être sympa! Father John Misty avait à peine commencé à chanter lorsque je suis arrivé devant la scène de la rivière. Je n’avais encore jamais vu ce gars sur scène. Quel étonnant mélange! Une voix puissante, jouant autant dans le soul que le folk, le body language d’un crooner qui se donne, se lançant à genoux, qui pourrait presque être quétaine s’il n’était pas aussi investi dans ses chansons. La grosse barbe, les cheveux longs, le veston, chemise et pantalon noirs lui donnent un aspect un peu dark, à la Nick Cave, avec une petite touche charismatique à la Jim Morrison… Ouais, je crois que je l’ai: Barry Manilow rencontrant Nick Cave rencontrant un mélodiste hors du commun. FATHER JOHN MISTY en action (photos Pat Beaudry) Pendant la ballade Born in the USA, Misty s’est mis à délirer avec le public, demandant des absurdités comme de lever le poing de rage alors qu’il chante une chanson toute douce (« This is the weirdest thing… »). Alors qu’il prend un bain de foule, il emprunte carrément le cell d’une fille qui le filmait et se le braque sur lui, continuant à chanter sur scène. Mais il ne semble pas avoir réussi à s’enregistrer… « Oh I think you didnt get this… Let’s start again, if you dont mind » et le voilà qui reprend le refrain de sa chanson! Misty a livré une excellente performance, mais j’ai quand même quitté pour aller voir le sympathique duo Sylvan Esso à l’autre bout du site. Je reviendrai pour The War on Drugs. Je me suis ensuite promené sur le site, prenant des photos à gauche et à droite, croisant Eric, Caro, Marc-André, Martine, Valérie, Larissa quelques minutes chacun. C’est toujours un plaisir. Valérie portait la veste de son ami Richard, que plusieurs connaissaient grâce à son populaire site MTL concerts. Il y avait tellement de monde pour Sylvan Esso, que je les ai écoutés de loin. Si les concerts sont tous assez prisés, il faut bien admettre qu’il y a toujours une bonne masse de festivaliers qui n’écoutent PAS de concerts. Ils sont étendus dans le gazon, sirottent quelque chose, jasent avec leurs amis… Ils se la coulent douce, et savourent l’été sans se stresser à aller voir l’un ou l’autre des artistes au programme. Des gens qui ne regardent pas de concerts (photo Nico Pelletier) Je suis revenu sur le site principal pour The War On Drugs, un peu d’avance. Future Islands n’avait pas terminé son set. J’ai trouvé le chanteur ridicule, complètement over the top, qui se frappait le torse en hurlant, comme si la douleur devait être physique pour être mieux ressentie. FUTURE ISLANDS (photo Pat Beaudry) La formation The War on Drugs a fait ce qu’elle fait de mieux: un rock martelé sur lequel Adam Granduciel gratte sa guitare électrique sans réserve. Grisant. L’intensité s’élève d’un cran au courant de la troisième chanson et tout l’intérêt de ce groupe réapparait comme par magie! La foule, même les plus jeunes moins sensibles à ce rock plus mature, bouge déjà plus. Les cinq filles de 18 ans (gros max) devant moi ont cessé de se jouer dans les cheveux et dansent maintenant les yeux fermés. Mais dès que le band lève le pied, elles se remettent à jaser. Certaines ne semblent pas savoir qu’il y a un show ici, là… THE WAR ON DRUGS (photo Pat Beaudry) Entre Hot Chip et Hot Dog, c’est le second qui l’a emporté parce que j’avais plus faim qu’envie de danser. Et c’est là que le doute s’est installé. Devrais-je partir ou bien rester? comme le chantait Jean Leloup dans cette chanson que j’aime tant… Les bands qui restent à voir ne m’intéressent pas vraiment. J’ai vu les Black Keys 5 fois en 4 ans (genre…), Alt-j a l’air intéressant, mais on m’en parle en plus ou moins bien pour ce qui est d’en concert. Edward Sharpe & the Magnetic Zeroes, ouain ok, au pire j’irai les écouter un peu en sortant puisque sur le chemin. Dans la ligne en attendant mes dumplings (mon choix n’est pas fait..), je me questionne sérieusement. Dans la file d’attente, je regarde les posts passer sur Facebook. Parmi ceux de mes amis, je vois passer celui de Valérie Roberts qui pose avec David C. Brown, Raphaël Gendron-Martin, Élizabeth Ménard, Marc-André Mongrain et Marie-Kim Dupuis-Brault avec le t-shirt « Mon brave » qu’ils ont fait et portent tous, en souvenir de leur ami Richard Legault, qui aurait dû être là cette année encore. Son avant-dernier post sur Facebook annonçait la programmation du festival, en février dernier. C’est beau. Ils ont tous un beau sourire, savourant un bon moment, savourant la vie. Elle peut être si courte. Ces six-là en savent quelque chose. Ça m’a fait penser que plutôt que d’attendre un hot dog japonais et un band dont je me fous un peu, je devrais aller rejoindre les miens. Continuer à pratiquer ces lancers de football en cigare dans la ruelle avec mon gars. Souper en famille. C’est donc ce que j’ai fait. Ciao les amis… À l’an prochain Osheaga! Ça va être génial, j’en suis certain. 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