Chez RREVERB, nous pensons que la musique de qualité dure, qu’elle est appréciée longtemps. Nous prenons le temps de l’écouter. Cette série d’entrevues s’attarde l’art de faire de la musique, sur le parcours des musicien(ne)s, sur ce qu’ils transmettent en créant de la musique. Aujourd’hui, nous rencontrons…

ANTOINE CHANCE

 

BIO EN 2 MOTS – “Chance” n’est ni un pseudonyme, ni le véritable nom du trentenaire : fils de l’illustre illustrateur belge, Antoine Geluck (Le Chat) a simplement choisi de traduire son nom : en flamand, geluck signifie chance. Elevé dans la campagne belge, à quelques encablures de Bruxelles, le jeune homme baigne dans la culture dès son plus jeune âge : piano à six ans puis guitare électrique à l’adolescence pour reprendre les classiques de Nirvana, dont il photocopie les pochettes d’albums pour décorer les murs de sa chambre. « C’était formidablement moche » sourit-il aujourd’hui.

Le bac en poche, le jeune Antoine part étudier la musique à Chichester dans le Sussex anglais, rencontre des musiciens, joue dans des bars. Le panthéon pop d’Antoine est d’ailleurs très anglo-saxon: il admire Coldplay, Vampire Weekend, la mélancolie de Bon Iver et Radiohead. Chez les Français, il place Alain Souchon sur le podium, juste devant Berger, Camille ou JP Nataf. Le jeune homme intègre ensuite le Jazz Studio d’Anvers. Riche de ces expériences, Antoine monte Coco Royal:  il foule les scènes de France et de Belgique. Pour son premier album, “Fou”, il a fait appel à une ribambelle d’auteurs doués : Jacques Duvall, parolier au CV impressionnant (Lio, Chamfort, Dani, Daho), le collaborateur de Bashung, M et Vanessa Paradis, Marcel Kanche, ou encore Jonathan d’Oultremont, Olivier Laage et le cinéaste Fred Perrot.

antoine chance live 2014 Photo by Kmeron

En cioncert, en 2014 (Photo: Kmeron)

RREVERB- Quel est votre nom, âge, votre ville d’origine ainsi que celle où vous habitez maintenant? Pourquoi avez-vous choisi d’y résider?
Antoine Chance, 32 ans. Né à Bruxelles. J’ai grandi au milieu des bois, à quelques encablures de la capitale. J’ai quitté les bois et je vis à Bruxelles aujourd’hui.  J’aime les villes en général. Celle-ci a un côté village.

RR- Depuis combien de temps faites-vous de la musique? Parlez-nous de votre carrière en notant les moments clés, qui vous sont importants.
AC- Je fais de la musique depuis mes 6 ans. J’ai commencé par le piano classique. J’ai été conquis instantanément. J’ai commencé la guitare à 12 ans. L’âge où j‘ai commencé à devenir plus curieux et à découvrir la musique par moi-même. Je me suis vite mis à chanter Nirvana, dEUS, Smashing Pumpkins, Radiohead, Hendrix, les Beatles, Simon & Garfunkel, Elliot Smith…

Je suis passé par l’Angleterre pour continuer mon apprentissage, puis par le Jazz Studio à Anvers et finalement j’ai commencé à monter des projets et à écrire des chansons. Ca a été quelque chose de signer un contrat avec Universal Publishing puis avec Mercury. J’ai enregistré mon premier disque avec Renaud Létang, producteur classe et talentueux. Depuis la sortie de l’album, une belle histoire se construit.

RR- Quel est votre instrument préféré? Comment décrieriez-vous la relation que vous avez avec cet instrument depuis vos débuts?
AC- J’ai toujours eu du plaisir à pratiquer les instruments. Difficile de choisir. J’aime les erreurs, les accidents.

RR- Est-ce qu’un enseignant en particulier vous a guidé dans votre apprentissage de cet instrument?
AC- Je retiens mon premier prof de piano. Il m’a donné le goût de la musique.

LA CRÉATION

RR- Comment composez-vous? Est-ce que vous recherchez un lieu ou un état d’esprit lorsque vous composez? Est-ce beaucoup de travail pour vous que de finaliser une chanson?
AC- Je travaille tous les jours, des journées « normales ». Je me suis rendu compte que l’inspiration venait souvent quand il est temps de s’arrêter. C’est bizarre.  Je passe mon temps avec mon casque audio dans un studio où j’ai accès à un piano droit et une guitare. Et je cherche… des sonorités, des lignes mélodiques qui me touchent. C’est ensuite que j’imagine les textes avec des amis paroliers.

antoine chance laptop 2014

RR- À qui chantez-vous (ou jouez-vous) une nouvelle chanson pour la première fois? À quel point l’avis de votre entourage est-il important dans les premiers moments de la création d’une pièce?
AC- Je fais écouter à mon amoureuse. Si elle aime, je suis content et si elle n’aime pas, je suis triste. C’est très difficile de dévoiler ce qu’on construit péniblement.

RR- De laquelle de vos chansons êtes-vous le plus fier? Pourquoi?
AC- Je dirais Bye Bye. Il y a quelque chose de limpide entre la compo, le son, le texte.  

 

RR- Êtes-vous moins intéressé à interpréter certaines de vos anciennes chansons? Pourquoi?
AC- Pour l’instant, pas vraiment. Parfois il y a l’envie de trouver de nouveaux arrangements pour ces titres par contre.

RR- Avez-vous déjà composé ou interprété de la musique complètement différente que celle pour laquelle on vous connaît?
AC- C’est gentil de dire qu’on me connaît 😉 Et oui, j’ai composé quelques titres sur un disque de Jenifer et une chanson pour Louane. J’ai également composé pour la télé, pour un dessin animé, pour le court métrage d’un pote…

Les chanteuses Louane et Jenifer

Les chanteuses Louane et Jenifer

RR- Comment se passe l’enregistrement de vos chansons? Travaillez-vous avec des complices, musiciens ou ingénieurs du son, ou seul?
AC- Dans un premier temps, j’aime chercher seul. Le travail avec Renaud Létang, Ludovic Bruni et Vincent Taeger pour mon premier disque a été instructif et intéressant. J’aime aussi travailler avec mon batteur pour réaliser des titres.

RR- Parlez-nous de votre plus récent album. Qu’en pensez-vous? Comment s’inscrit-il dans votre cheminement de carrière?
AC- Mon seul et unique album, j’en suis fier. Même si je trouve parfois qu’il manque d’arrangements. J’ai envie de prendre le temps de développer plus précisément chez moi à la maison (avec les moyens du bord) mes prochaines chansons dans leur globalité.

antoine chance fou

 

L’INTERPRÉTATION

RR- Est-ce que des auteurs écrivent spécifiquement pour vous, ou choisissez-vous plutôt parmi des chansons existantes?
AC- J’ai quelques copains avec qui je travaille pour les textes.

RR- Qui vous conseille sur le choix des chansons à interpréter?
AC- C’est globalement moi. J’en discute aussi avec mon manager.

LA SCÈNE

RR- Quelle est votre relation avec la scène? Est-ce un pur plaisir ou un stress?
AC- Un pur plaisir. Heureusement.

RR- Racontez-nous le plus beau moment sur scène que vous avez vécu.
AC- Mon premier “Sold-Out” à mon nom dans une des plus belles salles que je connaisse, La Rotonde au Botanique, à Bruxelles.
Et cet été, avec des cuivres en plus sur scène avec nous devant des audiences de 10.000 spectateurs.

antoine chance live avril 2015

RR- Que préférez-vous: les petites scènes intimes ou les grands formats? Jouez-vous, agissez-vous différemment?
AC- C’est très différent. Et j’aime les deux. Je pense que je fais une musique qui fonctionne mieux dans une salle.

RR- La vie en tournée se passe comment pour vous?
AC- J’ai la chance de travailler avec des gens que j’admire et qui sont des amis. C’est toujours un bonheur de partir ensemble.

antoine chance larochelle 2015

À La Rochelle, été 2015

RR- On entend souvent parler de musiciens qui faisaient déjà des concerts devant leur famille, très jeunes. Est-ce votre cas? Racontez-nous vos débuts, votre premier concert.
AC- J’ai dû faire quelques concerts au piano entre les 6 et 12 ans. Plutôt détendu. Mon premier concert au chant avec une guitare et un band, c’était vers 16 ans.

L’INDUSTRIE

RR- Par qui êtes-vous entouré? Que vous amènent ces personnes concrètement ou moralement?
AC- Je collabore depuis plus de 5 ans avec mon manager, Nicolas Renard. Et j’ai une maison de disque à Paris. Une petite boîte qui s’appelle Universal. Nicolas est mon manager mais c’est aussi un ami. Il est un repère face à tous les choix qu’il faut faire constamment. Je lui fais confiance. Il m’aide dans les trucs plus logistiques, mais également artistiquement.

RR- Pouvez-vous imaginer un jour vivre une célébrité mondiale (comme celle de Celine Dion ou des Beatles)? Comment pensez-vous que vous vivriez cette expérience, ce style de vie?
AC- Ce fantasme est bien réel, mais je ne suis pas sûr qu’il soit une bonne chose. Il faut cette ambition pour y arriver, mais avant tout il faut se réaliser artistiquement. Si le succès suit, je pense qu’il faut en profiter, s’en méfier aussi et  surtout être bien entouré.

antoine chance francos montreal 2015

Aux FrancoFolies de Montréal, été 2015

RR- Y voyez-vous que des avantages?
AC- Non

RR- Est-ce l’un de vos objectifs?
AC- Je ne crois pas.

RR- Avez-vous déjà rencontré, côtoyé quelqu’un qui avait atteint ce niveau de célébrité? Est-ce que l’image qu’on se fait de cette vie et la réalité sont bien différentes?
AC- Je ne pense pas. Même si Céline Dion a habité à 1 mile de chez moi lors de son passage en Belgique.

RR- On entend souvent que les artistes sont font flouer par l’industrie. Avez-vous déjà vécu une expérience négative de ce genre?
AC- Non, pas vraiment. C’est surtout l’industrie qui a du mal en ce moment.

VOS PRÉFÉRÉS

RR- Sur une île déserte, vous emmèneriez ces 5 albums (pas plus).

Cake – Fashion Nugget
Bon Iver – For Emma
The Beatles – Abbey Road
Elliot Smith – XO
Balthazar – Rats

Playlist!

 

RR- Quel est le tout premier album que vous avez acheté avec votre propre argent? À quel âge?
AC- Ca devait être In Utero de Nirvana à 12 ans

RR- Votre meilleur souvenir d’un concert auquel vous avez assisté?
AC- Bon Iver pour son deuxième disque à L’Ancienne Belgique (salle de concert sublime à Bruxelles)

RR- Avec quels musiciens aimeriez-vous collaborer?
AC- Il y en a énormément. En ce moment, je prépare un concert de fin de tournée à Bruxelles où Craig Walker, Ours, Nicolas Michaux et Jawhar me font l’honneur et l’amitié de se joindre à la fête.

RR- Quel(s) musicien(s) connu(s) connaissez-vous bien, personnellement, au point de les compter parmi vos amis? Dans quel contexte vous êtes-vous rencontrés?
AC- Je travaille avec Marcel Kanche (l’auteur de Qui de Nous Deux de M ). On s’est rencontré autour d’une chanson. On a finit par en faire beaucoup d’autres.

RR- Merci Antoine!

Voici d’autres chansons d’Antoine Chance.

Pour acheter l’album “Fou” d’Antoine Chanc, cliquez sur la bannière ci-dessous.

Quelques liens pour garder contact avec Antoine Chance.

Page Facebook de l’artiste
Chaîne YouTube officielle de l’artiste
Lien vers l’achat en ligne (iTunes)
Site officiel de l’artiste

 

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About The Author

Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.