Chaque fois qu’on voit Salomé Leclerc, on la retrouve ailleurs. Différente de la fois précédente. La musicienne en constante évolution ne s’arrête jamais. Ses chansons, son art, voire elle-même, sont en mouvement constant. Probablement qu’elle ne s’en rend même pas compte tellement elle est en symbiose avec sa musique. C’est nous, qui la rencontrons à différents moments dans le temps, qui devons la rattraper là où elle est rendue. Ce soir à La Tulipe, pour sa rentrée montréalaise de la tournée de son deuxième opus “27 fois l’aurore”, c’est une Salomé confiante, solide et à l’aise que l’on retrouvait sur scène. Une Salomé plus guitariste que jamais. Je l’ai souvent dit : elle est l’une des rares artistes québécoises à jouer si bien de la guitare électrique. Presque un an après qu’elle ait dévoilé ces chansons aux FrancoFolies (pour nous faire patienter avant la sortie du disque, retardé jusqu’en septembre dernier), le style électro est beaucoup moins présent. Le rock sombre et déjanté est à l’honneur. Certainement que le jeu épuré du batteur José Major y est pour quelque chose: ses rythmes sont aérés, syncopés. La déconstruction et reconstruction des pièces plus anciennes est magistrale. Elles sont tellement bien maîtrisées par Leclerc et ses musiciens (les fidèles Philippe Breault, Benoit Rocheleau et la petite nouvelle Audrey-Michelle Simard, en plus de Major) qu’ils peuvent en faire ce qu’ils désirent. Partir ensemble est devenue une accrocheuse lancée presque disco, étrangement (un peu comme Nos corps de Jimmy Hunt) alors que Ne reviens pas, est devenue un sombre rock bien plus riche que la version originale, très folk (qui était tout aussi touchante). Love Naïve Love est encore plus douloureuse, comme si la plaie de l’amour déçu n’avait jamais guéri. Réinventer sans perdre l’âme de la chanson. Se réinventer sans se perdre. Salomé Leclerc en concert (photo Nicolas Pelletier RREVERB) « Chaque » Salomé Leclerc que j’ai vue depuis 2011 a été différente de la précédente. Mais je retrouve toujours cette musicienne intense qui croque dans chaque accord de guitare, qui pèse chacun de ses mots. Oui, elle est plus à l’aise qu’avant (et se permet plus de trips à la guitare) mais elle n’épouse pas la route de gimmicks et des formules. On sent que chaque moment est authentique. C’est ce qui rend « chaque » Salomé belle à écouter. Elle l’était, seule avec sa guitare acoustique il y a quatre ans. Elle l’est encore entourée de musiciens créatifs et de sons triturés. Bravo! SALOMÉ LECLERC chantait au Théâtre La Tulipe, le mercredi 22 avril 2015 Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments