Il y a quelque chose de particulier au Théâtre Le National. Quelque chose d’historique. Je dirais même plus, quelque chose de hanté. On sent que le siècle d’histoire* qu’il contient dans ses murs, ses sièges et son plafond est lourd à porter. Il a besoin d’un rafraîchissement, mais en même temps, cet espace a une âme. On ne veut pas y toucher, de peur qu’elle ne disparaisse. Un vieux lustre qui n’a pas l’air fonctionnel** et qui pendouille du plafond est sans doute dans cet état depuis 50 ans. Lugubre. Et lorsqu’un band comme Timber Timbre prend possession de la place (et pour deux soirs par-dessus le marché), c’est un match parfait! Taylor Kirk chante comme un jeune Nick Cave / Elvis Presley: avec sa voix grave, mélodramatique à souhait, amène un spleen sombre qui remplit la salle et touche les âmes sensibles. Timber Timbre est un groupe qui maîtrise maintenant très bien son son en concert. Ils jouent lentement, se donnent le temps de respirer entre chaque note, laissent de la place à la voix de Kirk qui règne sur l’ensemble. La guitare est bien en avant elle aussi, mais mon oreille est toujours intriguée par ses lignes de claviers directement des années 70. Il y a un petit air de 2001, Odyssée de l’espace, de King Crimson en plus mystérieux dans la musique de Timber Timbre, grâce à Mathieu Charbonneau et ses claviers. Voici un extrait d’un concert filmé plus tôt cette année, à Beauregard. Cette ambiance amène les spectateurs dans un état spécial. Certains ferment les yeux et se laissent bercer. La plupart écoutent attentivement, relax, suivant le rythme discrètement sur leur cuisse d’une main distraite. Des amis s’échangent des impressions. Des couples vivent le concert collés, enlacés. Tous sont sérieux, ont l’air plutôt grave, mais ils ne sont pas malheureux. Timber Timbre les amène dans un coin sombre de leur âme, en douceur, mais il n’y a pas de quoi rire. Les applaudissements sont nourris à chaque chanson. Les gens apprécient. Hormis un jeu de lumière exagérément dynamique et inutile pour ce style d’ambiance, on a vraiment connu un très intéressant moment avec Timber Timbre ce soir. Une ambiance et un lieu parfait pour un groupe en plein contrôle de ses moyens. TIMBER TIMBRE rejoue au Théâtre Le National le 12 septembre 2015, cette fois avec Eden Sela (la petite soeur de Lhasa) en première partie. Infos ici. *115 ans, pour être précis, le Théâtre-National ayant été fondé en 1900 par Julien Daoust **mais qui l’est pourtant! En fin de soirée, il s’est illuminé de toutes ses chandelles! photos: Nicolas Pelletier, tous droits réservés Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments