Le jeune trio torontois de jazz BADBADNOTGOOD lançait début mai son troisième album intitulé simplement «III», et il s’agit d’un album majeur en tout point, malgré le très jeune âge des membres du groupe.

Matthew Tavares (claviers), Alexander Sowinski (batterie et échantillons) et Chester Hansen (basse) se sont rencontrés il y a à peine 4 ans alors qu’ils étudiaient tous trois au programme de jazz du Humber College, à Toronto, et durant ces 4 années, ils ont présenté, incluant ce «III», cinq albums et 4 simples!

Unis par un amour commun du hip-hop, ils ont commencé à faire des vagues en réinterprétant des chansons de ce répertoire, ainsi que d’artistes aussi variés que James Blake, My Bloody Valentine ou Feist, à la sauce jazz, mais un jazz très moderne que votre ado ne reconnaitrait probablement même pas comme tel. Ils ont également réalisé des collaborations avec Tyler, The Creator et Frank Ocean.

Leurs premières productions étaient empreintes d’une urgence qui est toujours le fruit de la fougue de la jeunesse, mais elles étaient déjà suffisamment impressionnantes pour qu’on les invite à faire la première partie d’un Roy Ayers, à prendre part aux Gilles Peterson’s Worldwide Awards et même à être invité comme artiste en résidence du festival Coachella, où ils ont livré pas moins de six performances!

Voilà pour le pedigree. Musicalement, avec ce troisième album, les jeunes musiciens ont acquis une maturité renversante.

L’aspect moderne influence toujours leur approche, mais on entend désormais, à travers leur utilisation de certains codes hip-hop, grime ou dubstep — attention, je parle de codes ici, vous n’aurez pas pour autant l’impression d’entendre ces différents styles musicaux —, des influences telles que Mingus, Miles Davis, Marsalis (Branford, circa Crazy People Music), mais aussi de grands pans de leurs contemporains torontois, The New Deal, dont on n’avait pas entendu parler depuis un certain temps, mais qui ont récemment repris du service.

Inutile de s’attarder à leurs qualités en tant que musiciens; les p’tits gars savent livrer avec assurance. Par contre, la charge émotive qu’ils arrivent transmettre est franchement hors du commun.

Alors pourquoi ai-je dit qu’ils représentaient la possible renaissance du jazz? Pardi, mais parce qu’ils vont réussir à faire aimer ce style un peu moribond à toute une nouvelle génération, autant ceux qui proviennent du monde de l’électro que ceux qui proviennent du monde du hip-hop!

Vous en connaissez d’autres qui pourraient réussir un pareil tour de force, vous?

C’est sans aucun doute un des albums qui fera partie de ma liste des meilleurs de 2014 et je vous encourage fortement à vous procurer III et à aller les voir lors de leur passage au Festival de Jazz; leurs prestations live sont toujours un happening!

BBNGIII

BADBADNOTGOOD
III
(Pirate’s Blend Records, 2014)

-Genre: Jazz hybride aux accents hip-hop et électro
-Artistes dans la même veine: aucun, mais plaira aux amateurs de The New Deal, aux jazzophiles à l’esprit ouvert, et aux jeunes qui n’ont pas froid aux yeux.

Lien vers l’achat en ligne (iTunes)
Lien vers la page Facebook du groupe

(vous trouverez toutes leurs productions et même certains téléchargements gratuits ici)

 

BADBADNOTGOOD, ou la possible renaissance du jazz
Originalité90%
Authenticité90%
Accessibilité75%
Direction artistique90%
Qualité musicale90%
87%Overall Score
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Blogueur - RREVERB
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Baptisé par Pink Floyd, ses parrains sont Bach et les Stones. DJ depuis 1984, batteur autodidacte, producteur de musique électronique depuis 2000, Monsieur Seb a été chef de la section culturelle chez Canoë pendant près de 10 années. Il collabore également sur Archipel Magazine, le blogue — et bientôt magazine imprimé — du label électronique montréalais Archipel.