Le folk singer Ben Howard n’est pas particulièrement connu – du moins au Québec – mais est représenté par le label Island au Royaume-Uni et Republic aux États-Unis. Et je peux comprendre ce qu’ils voient en ce londonnien : il a le talent pour rendre sa musique transcendante (la superbe Small Things, dès le départ, avec guitare électrique et ambiance lugubre) mais propose aussi des pièces accessibles et simples (la pop rock Rivers in Your Mouth).

On trace vite un parallèle entre la musique de Ben Howard sur son 2e album « I Forget Where We Were » (il avait aussi lancé 3 EPs) et celle du suédo-argentin José Gonzalez. Les deux utilisent un chant délicat doux, et des effets de guitare riches, créant un univers sonore intime et mystérieux. Par moments, Howard rappellera le groupe Live à ceux qui ont connu les années 90. Il possède le même genre de charisme intimiste que leur chanteur Ed Kowalczyk. Sur la pièce titre, c’est davantage du folk doux à la Bon Iver auquel il se rapproche, en plus pop. Bref, beaucoup d’influences diverses chez ce jeune homme de 27 ans, originaire de Middlesex mais grandit à Totnes, dans le Devon, un comté du sud-ouest de l’Angleterre.

Le jeu de guitare de Ben Howard est mis en valeur sur plusieurs morceaux, comme sur la folk In Dreams, et c’est un de ses beaux atouts. Au niveau de la composition, certains morceaux sont faibles, plus obscurs (comme Time Is Dancing) ou trop vaporeux pour conserver l’intérêt (Evergreen). C’est à se demander s’il n’aurait pas dû s’en tenir à un EP de six ou sept chansons, pour frapper plus fort. Parce que les bons morceaux, comme She Treats Me Well ou Conrad, sont vraiment bons. La longue End of The Affair s’étire sur plus de 7 minutes et contient des envolées épiques comme on en entend peu dans le folk rock commercial. Il y a même un peu de Pink Floyd ou du vieux U2 là-dedans!

De façon globale, on ressent sur « I Forget Where We Were » les mêmes vibrations que dans les meilleurs moments de Ben Harper ou Cat Stevens, dont Howard a une voix nasillarde qui s’approche parfois. Il se dit par ailleurs influencé par les premiers chanteurs folks comme John Martyn (un Irlandais, décédé en 2009, surtout connu en Angleterre), Van Morrison, Joni Mitchell et Simon & Garfunkel.

Un album inégal qui présente un musicien au beau potentiel. En 2013, il remportait les prix de Meilleur nouvel artiste et Meilleur artiste solo masculin aux Brit Awards. Son album précédent, « Every Kingdom » a été retenu parmi les nominations aux Mercury Awards en 2012. Jusqu’en 2009, il étudiait en journalisme.

Ben Howard sera en concert à Montréal le 31 janvier prochain, au Centre Bell. Cliquez ici pour vous procurer des billets. Une présentation d’evenko et Greenland.

BEN HOWARD
I Forget Where We Were
(Republic Records, 2014)

-Genre: folk vaporeux
-Dans le même esprit que José Gonzalez, Jason Mraz, Ben Harper

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.