On connaît Florent Vollant depuis Kashtin. Le chanteur et guitariste faisait équipe avec Claude McKenzie, créant le groupe de musique autochtone le plus populaire de l’histoire du Québec.

Depuis la séparation du duo, en 1994, Florent Vollant n’a jamais cessé de faire de la musique en solo. On avait remarqué ce superbe album d’airs de Noël chantés en innu, langue des Montagnais. Un des rares albums de Noël pas quétaine. Un Noël presque spirituel! « Nipaiamianan » s’est même rendu aux oreilles de Jean-Paul II ce qui lui a valu une bénédiction apostolique, en plus de remporter le prix du meilleur album autochtone en 2001.

Vollant vient de sortir un album extraordinairement bon. Aussi puissant dans sa sensibilité que les meilleurs moments de Mark Knopfler (Manuanik) aussi cool que le regretté JJ Cale. Chaque note est bien sentie (Teu Innu), chaque phrase, parfois en anglais, exprime un spleen bien dosé (Change). Ce n’est pas pleurnichard, oh non!, seulement émotif. Vollant a toujours été un mélodiste hors pair, on le sait depuis les années Kashtin. « Puamuna » est un album aérien, qui envoute. Un recueil de chansons qui fait voyager, à l’intérieur comme à l’extérieur de soi.

C’est l’excellent Régent Bouchard, que l’on a entendu aux côtés d’autres artistes québécois comme Jim Corcoran par le passé, qui vient amener cette touche « guitaristique » haut de gamme aux musiques de Vollant. Pascale Picard a écrit une chanson pour Vollant, qu’il a traduite en innu, tout comme son ami de longue date, le vétéran Philippe McKenzie, avec lequel il a lancé le festival « Innu Nukamu » en 1985. Le tout a été enregistré dans son propre studio, à Maliotenam, le petit village d’origine de l’artiste montagnais, un peu passé Sept-Îles sur la Côte-Nord, où vivent environ 1 100 Innus.

florent-vollant-puamuna-2015

En solo, sa touche s’est encore plus affinée au point où chaque chanson est un petit bijou bien poli. On le comparerait sans peine aux Francis Cabrel de ce monde pour ce qui est de faire danser les mots sur une mélodie. Bien sûr (et malheureusement), l’auteur de ces lignes ne comprend pas un mot de ce que Florent Vollant chante depuis 20 ans, mais plus que jamais, son art a largement dépassé le simple fait qu’il soit l’artiste autochtone le plus connu du Québec. Disons simplement que le titre de son nouvel album, « Puamuna » signifie « rêves » et qu’il réfère à l’influence des rêves – un peu comme des visions – dans la culture autochtone.

Depuis les 3 albums avec Kashtin, Vollant a publié 3 albums solo. « Katak » paraissait en 2003, et « Eku Mamu » en 2009, soit quatre ans après l’album de Noël dont je parlais plus haut. Le musicien était interviewé à RDI le 25 avril dernier. Cliquez sur l’image ci-dessous pour s’y rendre.

florent vollant RDI

Florent Vollant est en train de devenir notre JJ Cale, notre Neil Young. Et il est grandement temps de reconnaître son talent, de célébrer sa musique, d’en savoir plus sur sa perspective de la vie.

FLORENT VOLLANT
Puamuna
(Instinct Musique, 2015)

-Genre: folk bien senti
-Dans le même genre que Mark Knopfler, JJ Cale, Neil Young

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.