Sur son troisième album qui paraît cette semaine, « …And Star Power », le duo californien Foxygen a poussé très loin ses expérimentations. Il en résulte un album double audacieux et excessif (comme leur spectacle de dimanche soir). Les très bons moments qu’on y retrouve sont toutefois obscurcis par des exercices de style quelque peu futiles et des délires insignifiants qui rebuteront les auditeurs moins aventureux.

Les 24 chansons et 82 minutes de ce projet sont divisées en quatre sections. La première est intitulée « The Hits & Star Power Suite » et regroupe les neuf premières pièces du disque. Star Power Airlines ouvre les hostilités de manière brutale, suivie par la très accrocheuse How Can You Really, qui rappelle Todd Rundgren. Coulda Been My Love est une envoûtante ballade bien construite, alors que la psych-folk You & I nous fait penser à Neil Young. La première chanson de la suite « Star Power », Overture, est un joli interlude instrumental, puis Star Power Nite est un morceau court mais efficace de garage-rock psychédélique. Le début de l’excellente What Are We Good For évoque un jeune Lou Reed, puis prend ensuite une tournure tout à fait originale. Ooh Ooh conclue de très belle manière cette brillante suite.

Voici l’album au complet. Vous pouvez cliquer sur chaque chanson pour l’écouter.

Nous enchaînons ensuite avec « The Paranoid Side », qui regroupe les sept chansons suivantes. Cette section donne surtout dans le acid-folk à la Syd Barrett et Skip Spence (la planante I Don’t Have Anything/The Gate et Flowers). À partir de ce moment et pour une bonne partie du reste de l’album – près d’une heure! -, Foxygen divague et part dans toutes les directions. Quelques bonnes pièces s’y retrouvent, dont la fougueuse 666 et la jolie Cannibal Holocaust. Mais sinon, on a droit à des collages moyennement pertinents et peu inspirés (Wally’s Farm et Hot Summer).

La troisième section porte bien son nom : « Scream : Journey Through Hell ». C’est de loin le segment le plus expérimental de cet album double, et aussi le moins réussi. L’interminable Cold Winter/Freedom est un fouillis de sons électroniques et de distorsion, l’anarchique Talk est presque stoner-rock psychédélique et The Game est une banale composition extrêmement lo-fi. Brooklyn Police Station et Freedom II sont les meilleures du lot. Les deux dernières chansons du disque forment finalement la section « Hang On To Love ». Everyone Needs Love et Hang terminent l’odyssée de manière relativement calme et planante.

Jonathan Rado et Sam France sont donc capables du meilleur comme du pire. « …And Star Power » est un album extrême, comprenant autant des jolies ballades folk et soft-rock que des extravagances insensées. On a ultimement l’impression que l’idée de faire un album double est venue avant que les gars aient le matériel pour espérer en faire un qui se tienne. Plusieurs pièces semblent faire du remplissage : éliminer les excès aurait donné un solide album d’une cinquantaine de minutes. Foxygen aurait sûrement bénéficié de continuer à travailler avec le réalisateur Richard Swift, au lieu de s’en acquitter eux-mêmes. On ne retrouve certes pas la même efficacité que sur les deux derniers albums, mais c’est tout de même un bon disque dont plusieurs pièces valent le détour.

foxygen - ...and star power
FOXYGEN
…And Star Power
(Jagjaguwar, 2014)

-Genre : rock psychédélique expérimental
-Influencé par Syd Barrett, The Velvet Underground, Todd Rundgren et Skip Spence

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FOXYGEN : D'un extrême à l'autre
Originalité75%
Authenticité75%
Accessibilité70%
Direction artistique80%
Qualité musicale80%
Textes75%
76%Overall Score
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0%

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Blogueur - RREVERB
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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.