C’est agréable de tomber de temps en temps sur des groupes qui prennent le temps de créer une ambiance avant de s’élancer dans un morceau. Goat, une formation de rock alternatif basé (soi-disant*) à Korpilombolo, dans le comté de Norrbotten, juché dans le nord-est de la Suède, le fait bien.

Leur nouvel album « Commune » débute par un silence, puis quelques cloches. Le premier morceau, Talk To God, est une pièce de plus de 6 minutes, bourrée de motifs joués en boucle, question de créer une transe dans laquelle on plonge avec abandon (ou pas du tout). Dès le départ, ça passe ou ça casse. Il y a autant du Residents (pas seulement à cause des masques) que du Tinariwen dans ce morceau, qui agit en véritable filtre à auditeurs! Ceux qui poursuivent l’expérience seront emmenés encore plus loin.

La suivante, Words, est encore plus tribale et encore plus psychédélique. On les imagine sans difficulté réunis autour d’un feu dans le désert ou dans un sombre local de pratique. Le morceau, qui pourrait être éternel, se termine en fade out. En concert, ils pourraient se laisser aller pendant plusieurs dizaines de minutes… The Light Within combine de nouveau les cris de la chanteuse non-nommée et dont l’influence de Yoko Ono, des Doors et, plus récemment, de Yamantaka // Sonic Titan est évidente.

Le mystérieux groupe dont les membres portent des costumes et des masques sur scène, met de l’avant plusieurs instruments incongrus. Bien que ce soit du rock psychédélique auquel on a affaire, c’est parfois la guitare sèche qui prime (et non des guitares électriques bourrées d’effets comme souvent), d’autres fois les percussions. Sur To Travel the Path Unknown, un joli intermède instrumental, c’est une flûte qui lance la mélodie qu’on croirait directement sortie de la forêt enchantée de Brocéliande. Mais les guitares wah wah ne sont jamais bien loin et on rembarque dans la spirale hypnotique sur Goatchild.

« Commune » est le troisième album de Goat, le premier sur étiquette Sub Pop. Il est sorti le 23 septembre dernier et s’est rendu (mystérieusement) jusqu’au 17e échelon des palmarès suédois. En 2012, leur album « World Music » a été sacré disque de l’année par le prestigieux journal anglais The Guardian. L’an dernier Goat a joué aux festivals anglais Glastonbury et Tomorrow’s Parties, puis à Coachella cette année.

Les voici en concert, l’an dernier.

Concept intéressant, ils semblent avoir invité le public à proposer des designs de pochettes pour l’album. Bien qu’elles n’aient pas servi, elles sont exposées sur la page Facebook du groupe.

Chose certaine, c’est tout un trip que de suivre Goat et de faire partie du troupeau. Ce disque plaira aux oreilles aventureuses et aux esprits reposés. Avec Goat, il faut prendre le temps de se laisser immerger.

goat-commune

GOAT
Commune
(Sub Pop, 2014)

-Genre: rock psychédélique
-Dans le même genre que Yamantaka // Sonic Union, The Doors, The Residents

Lien vers l’achat en ligne (iTunes)
Lien vers la page Facebook du groupe

*soi-disant puisque Korpilombolo serait une municipalité de seulement 529 habitants, dans une des régions les plus recluses de la Suède… Le groupe prétend d’y provenir, mais écrivent le nom du village avec une faute d’orthographe sur leur site web…

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.