C’est un véritable retour dans les années 70, au coeur des années folk que le songwriter suédois d’origine argentine José Gonzalez nous a offert lors de son tour de chant au Corona, le dimanche 12 avril dernier.

Trois percussionistes, deux guitaristes armés de douces guitares classiques (dont Gonzalez lui-même), trois chanteurs (dont l’un des guitariste et l’un des percussionistes)… Bref, que des guitares, des voix et des tamtams (et une très légère batterie). On se serait crus en 1969 autour d’un feu: Crosby Stills Nash and Young seraient fiers de lui.

Gonzalez a fait ce qu’il fait de mieux: chanter doucement de tendres morceaux en faisant glisser d’habiles arpèges sur sa guitare, qu’il touche de façon assurée. Tellement bon guitariste qu’il s’accorde à l’oreille entre les morceaux. Ça faisait un bail que je n’avais pas vu ça! Plusieurs couples (récents, à voir comme ils s’enlacent et s’embrassent) se sont donnés rendez-vous au Corona en ce premier vrai jour de printemps à Montréal. Leur accueil de chacune des chansons de Gonzalez – même les plus récentes, moins connues – témoigne qu’ils passent une belle soirée.

Le voici en solo, l’an passé à Varsovie.

Bon, José Gonzalez n’a jamais été un homme très démonstratif sur scène. Chacun des concerts que j’ai eu la chance de le voir, il est bien concentré à ses arpèges et chanter. Rien à voir. Mais beaucoup à écouter. L’art de Gonzalez se déploie dans toutes les subtilités qu’il glisse dans sa musique: des moments subtilement plus doux dans certains morceaux, qui les rendent plus beaux et aériens. L’un des percussionistes  troque ses baguettes pour une clarinette, soudaiement seul accompagnement. Seul sur scène, Gonzalez iccupe tout l’espace, grâce à une sonorisation parfaite, propulsant la profondeur de sa guitare classique à haut volume. Magnifique.

Gonzalez a démontré qu’on pouvait capter l’attention en misant sur la subtilité, sans grands cris ni gros band. Avec émotion et habileté. Personne dans le Corona, à pleine capacité, n’a dit un mot pendant qu’il chantait. On écoutait, on vibrait avec chaque corde.

L’un des plus beaux moments – musicalement et humainement – est survenu lorsque Gonzalez a donné toute la place à l’un de ses musiciens, James Mathe dont le nom d’artiste est Barbarossa, qui a interprété l’une de ses chansons, la très belle You are the only one, qui a donné un grand courant d’air frais à la soirée par sa différence des airs de Gonzalez. Pas meilleure, juste différente. Peut-être un peu plus dans les eaux de Sigur Rós. Généreux, la vedette de la soirée s’est retiré dans l’ombre et a joué les seconds violons le temps d’une chanson. Ça aussi, on ne voit pas ça souvent. Et, étant donné la beauté de cette pièce, c’était vraiment une belle idée de nous la faire découvrir. Bravo.

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.