Parmi les gens les plus passionnés par la musique, il y a ceux et celles qui travaillent dans l’industrie: chez les labels, les relationnistes de presse, les promoteurs de concerts, les gestionnaires de salles de concerts, les journalistes culturels, etc.

RREVERB propose une série d’entrevues avec les artisans passionnés de la musique. Cette semaine, rencontrons…

LARISSA SOULINE

Quel est votre nom, quel est votre rôle dans l’entreprise musicale où vous travaillez, et depuis quand y œuvrez-vous? D’où êtes-vous et où vivez-vous maintenant?

Photo: JF Leblanc

Photo: JF Leblanc

Je m’appelle Larissa Souline et je suis relationniste de presse pour Six Média Marketing.  Je fêterai le 6 octobre prochain mes deux ans de travail au sein de l’entreprise.  Je viens de Trois-Rivières et j’habite désormais à St-Lambert.

Quand avez-vous commencé à travailler dans l’industrie musicale?

J’ai commencé à y travailler en avril 2005.  Après un stage de 8 mois en recherche télé pour l’émission Deux Filles le matin, on m’avait parlé que Lise Raymond des communications du même nom cherchait une adjointe.  Je suis allée la rencontrer et hop! j’ai commencé à travailler dans les relations de presse en musique quelques jours après, alors que je m’enlignais à priori dans une carrière en télé.  La vie réserve parfois de ces surprises! 🙂

Quand avez-vous commencé à aimer la musique?

J’ai toujours aimé la musique.  Mon oncle avait une boutique de disques indépendante à Trois-Rivières qui s’appelait Tabou Disques.  Il y avait tout de sorte de trucs, dont beaucoup d’importations de Londres et New York.  Mon oncle est un music freak, il a une collection impressionnante de vinyles et de disques… Grâce à lui, j’ai une pas pire base de connaissances musicales en musique électronique, un genre qu’il aimait particulièrement. 

 

Puis, adolescente, j’ai découvert les Beatles et tout le rock’n’roll des années 60 et 70, par une amie et son père.  Ça a changé ma vie, littéralement, et dès lors, je suis devenue véritablement une grande fan de musique.  Et j’ai aussi approfondi mes connaissances de la musique classique et instrumentale de film (OST) grâce à mes cours en musique généraux et optionnels au secondaire.

À 20 ans, quel était votre rêve (dans le domaine musical)?

Tellement aucun… je voulais travailler en télé!  Mais je rêvais de voir un jour les artistes que j’admire en spectacle tels que Les Rolling Stones, Fleetwood Mac et Paul McCartney.

Avez-vous été musicien/enne? Racontez-nous votre carrière.

Ma carrière se résume à jouer de la clarinette pendant 3 ans au secondaire, ainsi que des percussions.  Haha! J’étais pas pire, mais loin d’être une virtuose. Et lors des concerts de fin d’année, lors du numéro de clôture où on faisait la chorale, je chantais (et surtout faussais) beaucoup trop fort… 😉

Avec un Felix!

Avec un Felix!

En 2009, elle fait partie de l’équipe de Communications Lise Raymond qui remporte le Félix d’Équipe de relations de presse de l’année.

SUR L’INDUSTRIE MUSICALE

En vivez-vous?

Oui, j’en vis.

Est-il encore possible aujourd’hui de gagner sa vie dans l’industrie musicale? Que faut-il faire pour y arriver?

Oui, c’est encore possible.  Mais pour aider à le faire, il faudra un jour que personne n’accepte d’entrer dans le « cheap labor ».  J’ai déjà vu il y a plusieurs années des offres d’emploi de compagnies sérieuses avec un salaire affiché en dessous du seuil de pauvreté de l’époque, et ça m’a toujours profondément offusquée.  Parce que les jeunes qui débutent dans le milieu vont accepter ces conditions merdiques pour pouvoir mettre le pied dans l’engrenage (et on ne peut pas les blâmer, c’est difficile de faire sa place)… et parce qu’au bout du compte, on dit que c’est difficile de gagner sa vie en musique décemment comme travailleur et c’est justement un des facteurs qui tuent le marché, selon moi.  On se tire nous-mêmes dans le pied à long terme.

Quelle(s) rencontre(s) a(ont) été déterminante(s) dans votre carrière dans l’industrie musicale?

Ma rencontre avec Lise Raymond a été hyper déterminante.  C’est elle qui m’a montré le métier et m’a donné ma première chance.  Avec elle, j’ai beaucoup appris, souvent à la dure.  Mais c’est grâce à ces apprentissages que je suis la relationniste que je suis aujourd’hui.

Mitch De Palma, manager du bureau de Montréal de Warner Music, m’a aussi fait confiance quand il a décidé de m’engager pour le convoité remplacement de leur relationniste de l’époque pendant son congé de maternité, et par la suite pour le poste de relationniste officiel lorsqu’elle a décidé de quitter.  C’est Warner Music qui, selon moi, m’a permis de passer au niveau supérieur, de travailler avec des artistes internationaux de tout acabit et de cumuler de l’expérience au sein de projets musicaux différents de sur lesquels j’avais travaillé par le passé.  Je me suis donc retrouvée à dealer avec des médias spécialisés en métal, hip-hop, jeunesse, etc.,  en plus de faire partie d’une équipe multidisciplinaire. 

Grâce à ça, j’ai parfait mes connaissances en marketing, tracking radio, en pub, en vente, j’ai vu aussi comment on peut travailler stratégiquement sur plusieurs volets un même projet.  Et aussi, comment ça marche dans le Canada anglais, aux USA, en France, etc… C’est ce qui a fait que maintenant, j’ai une connaissance très juste du milieu dans sa globalité, une vision pas si mal je crois aussi de ce qui a le potentiel de fonctionner et auprès de qui, et la capacité de mettre les bons éléments en œuvre pour ce faire.

Finalement, et non le moindre, Simon Fauteux, président de Six Média Marketing (NDLR: qui avait accordé une entrevue à RREVERB ici). On se connaît depuis mes tous débuts en musique, c’est un ami de longue date, quelqu’un que j’admirais et admire beaucoup encore aujourd’hui.  Pour moi, le mot « efficacité » dans le dictionnaire vient avec une photo de lui.   Donc, ça a été un modèle et un mentor pour moi, je me suis toujours dit : « moi, un jour, je vais être Simon Fauteux! ».  Et je suis vraiment fière de faire partie de son équipe depuis presque deux ans. Quand mon poste a été coupé chez Warner, il est venu me chercher illico.  Comme j’avais toujours aspiré à un jour travailler avec lui, les négociations n’ont pas été bien bien longues.  😉 10 jours plus tard et je commençais pour un contrat de deux mois chez Six Média.  And the rest is history…

Simon Fauteux

le chanteur Vianney, Simon Fauteux et Larissa

Qu’aimez-vous dans votre emploi / occupation actuelle?

J’aime beaucoup développer des projets, c’est toujours ce que j’ai préféré et chez Six Média, c’est vraiment quelque chose qu’on fait.  J’aime essayer de breaker des affaires.  Quand le buzz part, c’est hyper gratifiant, car tu vois vraiment les effets que ton travail donne… Mais ça demande de la sueur, et encore plus en 2016 je dirais.  Mais c’est vraiment hyper motivant. 🙂

J’aime aussi le fait qu’on travaille un peu de tous les genres musicaux, et qu’on travaille autant du local que de l’International.  Ça fait en sorte que ce n’est jamais pareil, nos journées.

sheryl-copie

avec Sheryl Crow

Aussi, j’adore le fait d’avoir un contact presque toujours direct avec les artistes ou à travers peu de couches.  Ça augmente l’efficacité et ça fait en sorte que nos artistes savent qui on est et ce qu’on fait pour eux.  Ça ne change pas le travail au quotidien, mais quand tu les rencontres et les accompagnes en tournée de promo, ça crée des liens vraiment facilement.  Et ça ne devient plus juste du travail, mais une expérience humaine.

Finalement, depuis un an environ, il m’arrive de retravailler avec des artistes avec lesquels j’ai déjà collaboré par le passé.  Je pense à Le Vent du Nord, West Trainz, Inna Modja, Sébastien Lacombe, Ivy, Guillaume Arsenault, etc.  C’est vraiment très chouette de voir l’évolution d’un artiste dans ce qu’il fait et de reprendre avec lui deux, trois albums plus tard.  Ça me rend fière de voir où ils sont rendus, de constater le chemin parcouru, et le plus beau, c’est qu’on se connaît déjà et on sait comment on fonctionne mutuellement.  C’est donc hyper facile de reprendre en quelque sorte le collier dans un terrain déjà défriché. Et le lien de confiance est là dans son entièreté.

Phil Collins

Donald Robins, Mitch de Palma, Phil Collins et Larissa Souline

Que changeriez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui?

Un paquet de choses.  Avez-vous 2h de votre temps et un divan pour que je puisse m’étendre? 😉

Quel grand rêve n’avez-vous pas encore accompli?

Travailler avec Paul McCartney!  Je lance ça dans l’univers. 🙂

SUR LES ARTISTES ET LA MUSIQUE

Vos styles de musique préférés? Est-ce que ç’a toujours été le cas dans votre vie?

J’aime un peu de tout, mais naturellement, je suis très rock.  Surtout classic rock, mais rock en général.  Non, ça n’a pas toujours été le cas, mais depuis l’adolescence, c’est toujours resté.  J’aime beaucoup aussi la chanson française.

Sur une île déserte, vous apporteriez ces 5 albums (pas plus).

Toxicity, de System Of A Down
Rose Sang de Catherine Major
Abbey Road des Beatles
Band On The Run de Paul McCartney
The Resistance de Muse

Playlist!

 

Quel est l’artiste le plus sympathique que vous ayez rencontré?

Il y en a tellement … Je n’ai pour ainsi dire jamais vraiment travaillé avec des vrais « pas-fins » et les artistes avec qui je collabore, je les aime.  Pour vrai.  Après, c’est une question d’affinités personnelles ou de temps passé eux…

Mais, je dirais dans ceux qui m’ont marqué spécialement jusqu’à maintenant, par des personnalités exceptionnelles et/ou une affinité particulière qui ne s’explique pas : Inna Modja, Chaim Tannenbaum, Jesse Cook et Meaghan Smith. Ah, et Josh Groban, la plus anti-star qu’il m’a été donné de côtoyer.

Qu’est-ce qui rend un artiste désagréable?

L’entourage peut en être souvent la cause, malheureusement… Il chouchoute tellement l’artiste et le met tellement dans une cloche de verre que ça peut malheureusement aider à en faire des personnes compliquées, aux exigences innommables et à la prétention démesurée.  Et ce système exagérément malsain ne s’applique pas toujours qu’à des méga-star internationales…

Et je dirais aussi, le fait d’avoir une carrière qui démarre sur les chapeaux de roue, dès le premier album.  C’est le fun, mais ça peut être difficile à gérer personnellement.  Il faut un entourage extérieur  au milieu très présent pour te « grounder » au max.

Qui aimeriez-vous rencontrer?

Paul McCartney (on y revient encore, tsé!), Serj Tankian (de System Of A Down).  Et Fatboy Slim aka Norman Cook, parce que j’ai beaucoup écouté ce qu’il a fait, notamment avec Beats International.

Merci Larissa!

 

 

Pour découvrir une panoplie d’artistes intéressants (dont plusieurs des projets sur lesquels Larissa travaille), visitez le site de Six Média Marketing en cliquant sur le logo ci-dessous!

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About The Author

Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.