Depuis le milieu des années 90, Madeleine Peyroux, une Américaine au nom francophone dû à des origines française (par sa mère) charme avec son doux et suave blues jazz à l’ancienne. Elle ne réinvente rien, c’est certain, mais elle fait revivre un style de musique charmant, un peu oublié, pas si loin de ce que faisaient JJ Cale (Dont Wait Too Long) et Ella Fitzgerald ou Billie Holliday (You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go, une création de Bob Dylan).

C’est donc un charmant moment que de repasser à travers la carrière de Madeleine Peyroux, riche de 8 albums en 17 ans, résumés en 15 titres, tous aussi réussis les uns que les autres. Est-ce du jazz, est-ce de la pop… honnêtement, on s’en fout. L’important est que cet album regroupe plusieurs excellentes chansons d’une artiste aussi intéressante que Norah Jones, Diana Krall et autres Holly Cole, mais pas mal moins connue.

D’ailleurs, à l’instar de cette dernière qui avait habilement jazzé une quinzaine de chansons de Tom Waits en 1995, Peyroux reprend un autre maître, Leonard Cohen, avec le classique Dance Me To The End Of Love. Plusieurs chanteuses jazz l’ont reprise, mais jamais avec en épousant aussi bien l’ambiance du jazz swing des années 30. C’est vraiment incroyable de constater à quel point la voie de madeleine Peyroux, 40 ans, sonne “ancienne”. On la croirait directement tirée d’une autre époque, et ce, dès son premier album, « Dreamland », paru en 1996.

Sa version d’un autre classique, Smile, est d’une douceur délicate, telle une brise d’été. Cette chanson se déroule lentement, comme une journée d’été en vacances. On sent presque chaque rayon de soleil pénétrer dans son corps, le demi-sommeil nous envahir, le confort ultime. Quel confort! Peyroux est confidentielle (Guilty), élégamment sensuelle (The Kind You Cant Afford) et presque discrète (I’m All Right) dans sa façon de s’exprimer. Rien de déplacé.

La petite Madeleine a grandi à Brooklyn où elle apprend jeune le jeu et le chant. Sa famille est un peu excentrique et se déplace beaucoup, jusqu’en Californie, et écoutent beaucoup de musique. À 13 ans, lorsque ses parents divorcent, elle quitte pour Paris, avec sa mère. Dès ses 16 ans, on l’entend chanter dans les rues du Quartier Latin, puis joindre une troupe de jazz.

madeleine-peyroux

Elle a la chance de pouvoir enregistrer son premier album en compagnie de grands musiciens new-yorkais : le guitariste Marc Ribot, le saxophoniste James Carter, le pianiste Cyrus Chestnut, le claviériste Charlie Giordano, la violoniste Regina Carter, les batteurs Kenny Wollesen et Leon Parker, ainsi que le bassiste/arrangeur Greg Cohen, également co-réalisateur de l’œuvre, qui se fait remarquer à travers le monde. Elle retourne tout de même chanter dans les rues de Paris pendant près de 6 ans, jusqu’à ce qu’elle rencontre le multi-instrumentiste William Galison avec lequel elle forme un duo. Dès que parait son deuxième album, « Careless Love » en 2004, plus d’un million de copies se vendent.

MADELEINE PEYROUX
Keep Me In Your Heart For A While – The Best Of Madeleine Peyroux
(Rounder Records, compilation 2014)

-Genre: chanson jazz blues
-Dans le même genre que Norah Jones, Holly Cole, Billie Holliday

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.