(Crédit photo: Mark Horton/Ottawa Folk Festival)

Je ne le dirai jamais assez, la capitale a une scène culturelle étonnante (et ne vous tournez même pas vers celle de la métropole torontoise, vous allez soudainement devoir laisser tomber tous vos préjugés). La preuve pour Ottawa? Deux festivals dans un décor magnifique qui fait honneur au cliché de la nature en ville, dont ce Ottawa Folk Festival qui arrive juste à temps pour nous faire profiter d’un dernier week-end à l’extérieur. Qui plus est, le soleil nous a étonnamment fait cadeau de ses rayons juste au moment où les festivités s’entamaient.

Au programme ce dimanche: d’abord Sun Kil Moon, les enfants chéris de la critique qui seront au Pop Montréal ce mercredi. Parfait pour le décor. Se produisait simultanément sur une autre scène Coeur de Pirate, dont les ballades ne sont plus à décrire et qui s’est adressée à l’étonnante foule massée en français pour les convaincre de se réchauffer un peu. Succès côté public.

Je n’ai néanmoins jamais caché que j’y étais The War On Drugs, dont le plaisir d’écouter l’incroyable Lost in The Dream ne cesse de croître. Le groupe n’étant pas de passage à Montréal cette année, la capitale devenait la meilleure occasion de les voir avant d’entamer les bilans. Le leader de la troupe Adam Granduciel est non seulement en voix, mais tout aussi sympathique que le milieu ne cesse de le répéter et muni d’un sourire sincère qui laisse croire que le succès de la dernière année n’a rien changé à son approche.

Il nous amène avec lui dans ses pièces, qui elles sont plus longues, plus matures, mais surtout moins planantes et truffées de nouveaux solos épiques qui amènent la dimension “Dire Straits” des compositions encore plus à l’avant. On sent l’expérience des mois de tournée. Tout y a passé, du nouvel extrait “Under The Pressure” à l’excellente “Wagonwheel Blues” de leur premier album du même nom et une version musclée de “Red Eyes”. C’est tout de même la finale avec une “Eyes To The Wind” agrémentée d’un harmonica parfaitement au diapason qui a su faire planer le public qui en aurait bien voulu davantage qu’une petite heure (moi le premier, je l’admets).

Le matériel devrait vieillir de façon intemporelle, déjà unique en son genre et métissant les époques rock avec une facilité déconcertante. Tout est ici axé sur la musique et non les artifices, ce qui détonne avec certaines grandes messes esthétiques extérieures, à peine deux semaines après le triomphe de Arcade Fire au Parc Jean-Drapeau. Bref, The War On Drugs sont présents pour la musique et laissent l’artifice de côté, le port de la traditionnelle veste de jeans étant à l’honneur et le batteur osant même le bandana (!). Cette sincérité transparente et rafraichissante n’est pas sans rappeler leur bon ami et ex compagnon de studio Kurt Vile, et on ne peut qu’attendre la suite de ce renouveau indie rock dans le classicisme avec excitation.

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Un jour, aussi loin soit-il, j’aurai des bottes de pluie pour ce genre de situation.

La soirée se poursuivait avec Joss Stone qui, d’une voix plus soul que jamais, semblait dangereusement préoccupée par la température arctique qui s’installait. De mon côté, je m’en faisais avec le fait que nous étions dimanche, mais surtout avec ce terrain transformé en boue sur lequel le soleil ne brillait plus, m’empêchant de détecter les trappes de “bouette mouvante” à l’oeil nu. Il s’agissait néanmoins d’un bien mince désagrément pour un site fort bien installé, qui a eu la décence de mettre la nourriture locale et les brasseries indépendantes à l’honneur. Comptez sur moi pour étirer ma présence sur plus d’une journée l’an prochain.

Avec le succès du MRCY Block Party à Laval vendredi dernier et maintenant la réussite du Ottawa Folk Fest (qui recevait lui aussi les désormais routiers Neutral Milk Hotel), impossible de mieux clore la saison estivale. Pour ne pas trop avoir les bleus de l’automne, on entre à l’intérieur et on passe de salle en salle pour le Pop Montréal dès mercredi. Parcours à venir.

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Obsessif compulsif qui classe ses albums d’abord en ordre alphabétique d’artistes, puis de parutions (avec les simples sous les albums, question de confondre encore davantage les gens qui le visitent), Karl-Philip oeuvre dans l’industrie depuis plus d’une décennie. Il a touché à tout: maisons de disques, gestion de salles de spectacle et rédaction professionnelle pour de nombreux artistes. Il assiste à de nombreux shows lorsqu'il n'est pas désespérément en train d'essayer de faire de la place dans sa bibliothèque musicale.