La carrière du Londonien Piers Faccini est parsemée de joyaux. Il y a, parmi ses 10 albums, de magnifiques moments où l’émotion est palpable, où l’artiste est à nu, où la combinaison de sensibilité et de douceur frappe au coeur. Le nouvel album de Faccini amène différentes couleurs à sa déjà large palette.

Le doux Faccini ouvre avec un morceau plus raw blues électrique, To Be Sky, qui n’est pas sans rappeler le dernier opus des Barr Brothers, avant de prendre un virage moyen-oriental avec Drone, une pièce pleine de tristesse et richement arrangée par la présence de musiciens arabes. Autre virage à la chanson suivante, Bring Down The Wall, chantée en Salentino, qui amène guitares électriques, luth arabe (rihab) et flûtes à s’élever dans un énergique rock arabisé au rythme hypnotique. Gageons que cette pièce sera un moment fort de ses concerts dorénavant.

L’influence moyen-orientale est constante sur “I Dreamed an Island”. À l’instar du sublime “Arabesque” de Jane Birkin, déjà vieux de 14 ans, le nouvel album de Piers Faccini amène ses chansons complètement ailleurs. La magnifique voix (parfois superbement et subtilement doublée en harmonie) est toujours le centre d’attention, et sa guitare acoustique n’est jamais bien loin. The Many Were More débute comme un morceau folk relativement normal, mais s’enrichit à mi-chemin d’une seconde voix, celle de Malik Ziad, qui injecte une tout autre couleur à ce poème sicilien du 12e siècle. Sur Beloved, ce sont des couleurs médiévales qui se mêlent aux accents orientaux.

 

On entend tout au long de l’opus le guembri de Loy Ehrlich, la viole d’amour de Jasser Haj Youssef, le psaltérion de Bill Cooley et les percussions de Simone Prattico. Ceux et celles qui pensent que le folk est redondant pourront mordre à pleines dents dans la riche oeuvre de Piers Faccini.

Décidément, ce talentueux musicien n’a pas fini de nous en faire voir de toutes les couleurs! Son voyage musical et culturel en est un qui fait du bien à l’esprit. “I Dreamed an Island” est à la fois enrichissant et reposant. Un très beau moment, comparable à un excellent repas dans un resto étranger, la découverte d’un endroit magnifique dans un pays étranger, un film d’auteur bouleversant, etc.

Faccini est né à Londres en 1970 d’un père italien et d’une mère anglaise. Lorsqu’il avait cinq ans, sa famille déménage en France. De retour dans sa ville natale, il forme le groupe Charley Marlowe en 1997, qui se sépare en 2001, après un seul album. Au cours de sa carrière, il a eu la chance de collaborer avec des artistes de renom, tels Rokia Traore, Ben Harper, Ballake Sissoko, Vincent Segal, Camille, Patrick Watson et Ibrahim Maalouf.

Inutile de dire que “I Dreamed an Island” a de bonnes chances de se retrouver dans ma liste des “musts” de 2016.

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PIERS FACCINI
I Dreamed an Island
(Beating Drum, 2016)

-Genre: emo folk rock métissé
-Dans le même genre qu’Andrew Bird, The Idan Rachel Ensemble, Canzoniere Grecanico Salentino, The Barr Brothers

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.