Plus d’un an après avoir fait paraître son deuxième album, l’excellent « 27 fois l’aurore », Salomé Leclerc s’offrait un deuxième Club Soda en un an. Coup de cœur francophone l’avait invitée à se produire dans cette salle de la rue Sainte-Catherine. Faisant souvent alterner les ambiances, la talentueuse auteure-compositrice-interprète a envoûté les spectateurs présents.

Salomé Leclerc a beaucoup d’aplomb sur scène. Tout d’abord, sa présence scénique est frappante. Grande et élancée, elle capte l’attention par son énergie et son engagement manifestes. Elle gagne également notre faveur par son grand talent musical. À la guitare, elle a un jeu simple mais ô combien efficace. Elle ne se prend pas pour une guitar hero, mais livre la marchandise. Au chant, sa maîtrise est également admirable. Sa voix est souvent éraillée, voire écorchée, mais peut aussi atteindre de hautes notes de manière claire, comme sur les excellentes Arlon et En dedans.

La jeune femme de 28 ans était entourée de deux excellents musiciens en José Major, batteur, et Philippe Brault, claviériste et bassiste. Ce power trio a réinterprété avec intelligence et discernement le répertoire de Salomé. Les musiciens avaient une bonne chimie entre eux, et semblaient avoir beaucoup de plaisir. Le son était bon, à part peut-être les fréquences basses qui résonnaient un peu trop par moments. C’était souvent le résultat des instruments synthétiques, percussions ou claviers. Comme sur « 27 fois l’aurore », les sonorités synthétiques étaient très présentes, mais peut-être trop : ça pouvait en devenir un peu lassant.

Les pièces jouées au spectacle provenaient principalement de ses deux albums, tous deux très bons. Salomé s’est également permis trois reprises. Elle a tout d’abord livré Vingt ans, une chanson de Léo Ferré complètement réinventée et revitalisée. Au rappel, elle a beaucoup surpris en faisant une reprise de La vie d’factrie, classique de Clémence Desrochers. Seule à la guitare, son interprétation était touchante et sentie. Elle a aussi joué une version intéressante de La fin de l’homme, de Daniel Bélanger.

Toujours seule à la guitare, elle nous a offert une magnifique version de la superbe Partir ensemble, de son premier album, « Sous les arbres », sorti en 2011. Quoiqu’un peu moins efficace que sur l’album, L’icône du naufrage (le « coup de cœur » de Salomé) a été bien rendue. Le choix des chansons serait cependant peut-être à revoir, puisque les ambiances ne s’enchaînaient pas toujours très bien. Les chansons dynamiques nous faisaient lever de notre siège, alors que d’autres, plus méditatives, tombaient parfois un peu plus à plat. Doser ces atmosphères et ces ambiances est un défi souvent ardu.

Malgré tout, Salomé Leclerc s’impose lentement mais sûrement comme une artiste de premier plan. Elle était bien fière de nous annoncer qu’elle avait lu qu’elle offrait, avec Marie-Pierre Arthur et Ariane Moffatt, le meilleur spectacle en ville. Elle s’est mise beaucoup de pression en nous le mentionnant, mais force est d’admettre qu’elle a fait honneur à sa réputation. Ça faisait déjà quelques temps que j’avais eu la chance de la voir en spectacle. Je n’avais entendu que du bien de ses performances, et je n’ai pas été déçu ce samedi soir!

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.