Ce n’est pas une nouveauté, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de vous parler de l’album de Mes Aïeux. Ce groupe est l’un des rares groupes « pur laine » de notre époque qui réussit à progresser en qualité et en capital sympathie d’album en album, et ça vaut la peine d’en parler. Leurs nouveaux disques sont toujours meilleurs que les précédents.

Dignes héritiers des Beau Dommage et Garolou de notre histoire, la troupe montréalaise signe des textes intelligents, contemporains (Passé dépassé, un beau constat des saveurs du mois qui fascinent les masses et les médias de masse) mis en musique de façon originale, laissant la place aux violons, piano et surtout aux belles harmonies vocales (comment ne pas penser aux voix de Marie-Michèle Desrosiers, Pierre Bertrand et Michel Rivard lorsqu’on entend les cinq Aïeux enrichir celle de Stéphane Archambault). Leur succès est sans doute dû au fait que le groupe continent plusieurs forces créatives capables d’écrire de très bonnes chansons chacun de son côté, et qui se respectent mutuellement. On n’a qu’à penser au bassiste Benoît Archambault : discret avec Mes Aïeux, il est un brillant chansonnier pour jeune public en solo.

 

Mes Aïeux ont aussi réussi un tube évident avec La Stakose. Cette chanson paraît de prime abord assez humoristique avec son énumération des raisons qu’on se donne souvent pour justifier toutes sortes de problèmes qu’on ne veut pas (vraiment) résoudre. Mais en s’y penchant un peu plus attentivement, on réalise qu’Archambault et ses potes n’ont pas que signé une autre grande chanson sociétale dans la même veine que Dégénération, ils ont aussi réalisé un moment musical très fort qui débute dans un format classique avec clavecin et quatuor à cordes, avant de basculer dans un disco folk entraînant où de subtils chœurs enrichissent le flux de mots lancés par Archambault et finalement se clore avec un accent breton, alors que la mélodie est reprise à la flûte à bec. Un bel exemple de chanson qui va durer.

Mes Aïeux se sont aussi permis des moments moins « léchés » pour transmettre plus d’émotion. La berceuse de la maman, assez douce pour endormir son enfant, mais mordant quand même assez fort dans la société de surconsommation a été enregistrée plus simplement, donnant un aspect un peu plus « démo ». Quelques morceaux sont moins forts, comme Je danse avec toi et Histoire de peur, petit scénario digne d’Halloween plus léger, mais en général, on a ici un album solide.

Il y a beaucoup de talent dans cette formation (parents, allez voir le spectacle du grand rouquin Benoît Archambault avec vos enfants si vous en avez l’occasion – cliquez ici pour connaître le lieu et la date de ses prochains concerts). Espérons que l’harmonie demeurera longtemps!

MES AÏEUX
À l’aube du printemps
(les disques Victoire, 2012)

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.