Ma soirée aux Francos a débuté sur des chapeaux de roue. Retour d’un souper de la fête des Pères (j’en suis un et j’en ai un), course folle pour arriver à l’heure et ne pas manquer le début d’un des événements les plus attendus des Francos: la création sur scène du premier opus de Fontarabie, le nouveau projet de Julien Mineau (ex?) chanteur et guitariste de Malajube.

Ça sentait d’ailleurs la soirée « in »: dans le lobby, Cœur de pirate jase avec les filles de son entourage. Plus loin, j’aperçois un des potes de Malajube venu voir l’ami Mineau. Il y a du hipster à la pelle. Je me sens ordinaire parce que je n’ai pas de tuque (en juin) ni de lunettes de designer, ni de coupe de cheveux extravagante.

Mais avant de plonger dans l’univers de Fontarabie, il y a celui de Bernhari à découvrir, en première partie. Les gens chez Audiogram sont très excités par cette nouvelle prise et m’en parlent avec grand entrain. J’ai même un vinyle à écouter, au bureau.

Eh bien j’ai vite compris l’enthousiasme communiqué envers Bernhari en le voyant jouer sur scène. Il chante, joue de la batterie avec le bras droit et du piano de la gauche, et, surtout, remplit la salle du Théâtre Maisonneuve (rien que ça!) de sa voix particulière, et habitée. Il captive et me happe après cinq minutes d’écoute. Lorsqu’il brandit sa baguette vers la foule en haranguant qu’ils sont « des millions contre toi », on est saisi par l’image et la forte impression qui se dégage de ce conteur. On pense aux grands comme Higelin pour le panache.

Une force tranquille se dégage de la musique de Bernhari. J’ai encore plus hâte de découvrir l’album et de mieux porter attention aux paroles.

Arrive ensuite Fontarabie, en format trio plus treize musiciens d’orchestre. Julien Mineau, de son propre aveu, s’est fait plaisir avec ce projet et ce concert. La musique y est beaucoup plus dense et complexe qu’à l’époque de Malajube. Peut-être même un peu trop. J’avoue parfois être un peu largué par l’ambiance cinématographique qui se dégage de cette musique imposante et parfois grandiose. Mon esprit divague et ne reste pas toujours avec les musiciens.

Tout est peut-être une question d’emplacement. Vers le fond de la salle (où je suis), il est plus difficile d’être « dedans ». La musique nous touchait moins. Mais dans les premières rangées, où sont des amis et collègues, on s’en prend plein la poire.

« C’est comme se faire rentrer dedans par un 18 roues de ouate. Ça ramasse mais c’est doux en même temps. Pis pour un rappel avec de la clarinette qui blow comme jamais dans un morceau post-rock, ça prenait juste Julien Mineau » déclara ma collègue Nadine Mathurin. Rencontré à la Place-des-Arts, le spécialiste des médias sociaux Patrick Dion racontait que le poil lui a levé sur les bras, qu’il a vécu 90 minutes d’émotions fortes. Plus tard, l’humoriste Mathieu Séguin partageait les mêmes impressions: il avait lui aussi goûté au grandiose.

Je suis un peu déçu et un peu jaloux. Moi, mis à part certains moments où la musique était vraiment impressionnante, j’avais un peu l’esprit ailleurs.

 

FONTARABIE et BERNHARI jouaient au Théâtre Maisonneuve
Dimanche 15 juin 2014
Dans le cadre des FrancoFolies de Montréal, édition 2014

 

Merci à Patrick Lauzon, de FOTOimage pour la photo ci-dessus.

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.