Mettons quelque chose au clair d’entrée de jeu: ne me demandez pas de classer Meshell Ndegeocello dans un style musical, c’est tout simplement impossible. Point. Barre.

Sa musique est informée d’absolument toutes les influences possibles et tenter d’en faire un florilège serait d’une futilité renversante — ce qui signifie que vous pourrez vous moquer de tout critique ou journaliste musical qui tente de le faire. Vous leur direz que c’est moi qui vous envoie…

Bon, maintenant qu’on s’est débarrassé de cette épineuse question, passons aux choses sérieuses.

Cet album, son 11e en 20 ans, confirme une chose: même s’il s’intitule «Comet, Come To Me», l’artiste est tout sauf une étoile filante.

L’album démarre de belle façon avec une réinterprétation du vieux hit de Whodini, Friends, qui n’a absolument plus rien à voir avec l’originale, et c’est bien tant mieux. Pas que l’originale n’était pas bonne, mais Meshell l’a transmogrifiée en véritable petit bijou que je vous mets au défi de catégoriser.

Sur Tom, on est déjà en terrain musical plus familier, et la première comparaison qui vient à l’esprit, musicalement, c’est Norah Jones.

Good Day Bad a pour moi évoqué les Moody Blues, mais avec un petit côté bluegrass à cause de l’utilisation d’un banjo. Ben quoi? Je vous l’ai dit qu’elle est éclectique!

Pour la pièce suivante, Forget My Name, on se retrouve dans la Jamaïque pré-Marley, avec une ambiance ska/dub qui aurait été tout à fait à sa place sur l’album «Laika Come Home» des Spacemonkeyz vs Gorillaz.

La suivante, And Yet It Moves, est un simple interlude instrumental de 30 secondes, alors passons.

Suit la pièce titre de l’album. Riff de basse, d’orgue et rythme chaloupé encore une fois dans la sphère reggae, mais enrobée d’une mélodie au piano totalement onirique qui lui confère une aura encore une fois inclassable.

Continuous Performance, à cause de l’utilisation de mots prononcés d’une voix neutre m’a fait penser à Space Oddity, mais vraiment uniquement pour cette raison. Musicalement, rien à voir avec la pièce de Bowie. Au début ça pourrait presque être du Velvet Underground et par la suite on tombe quasiment dans le Coldplay…

Shopping for Jazz pourrait vous laisser croire qu’elle s’inscrit dans ce genre, mais ce n’est TELLEMENT pas le cas! C’est une très jolie pièce un peu folk, un peu psychédélique avec une slide guitar envoûtante. Ici, ma première impression, c’est Donovan…

Vient ensuite Conviction — que vous pourrez télécharger gratuitement en vous abonnant à l’infolettre de l’artiste via son site officiel —, et dès les premières mesures, on a l’impression d’entendre les Rolling Stones circa Beast of Burden et Fool To Cry, mais le refrain nous transporte ailleurs complètement.

Folie à Deux — non, pas le vin cheap! — est construite autour d’une structure rythmique syncopée au centre de laquelle trône une petite mélopée au vibraphone et j’ai eu besoin de plusieurs écoutes pour trouver à quoi cette pièce me faisait penser: la première minute de King Of Pain, la pièce des Police sur l’album «Synchronicity».

Pour Choices, la ressemblance s’est imposée d’elle-même presque immédiatement: Fiona Apple, Slow Like Honey, ou à peu près n’importe quelle autre pièce de son premier album, «Tidal».

Retour en Jamaïque avec un détour par l’Afrique sur Modern Time. Je mentionne l’Afrique ici, car cette pièce ressemble vraiment à du Fela Kuti, mais sous l’effet d’une bonne dose d’héroïne légèrement psychédélique.

On termine l’écoute avec American Rhapsody, qui m’a fait pensé au U2 de l’époque «Unforgettable Fire», particulièrement la pièce MLK, pour l’ambiance générale.

Alors, peut-être vous demandez-vous pourquoi je trouve Meshell Ndegeocello inclassable alors que je parviens à trouver des ressemblances et filiations pour chacune de ses pièces sur «Comet, Come To Me»…

Je vais vous laisser sur une question simple: comment classeriez-vous une artiste qui reprend Whodini tout en touchant au ska et à l’Afro-Beat et qui ressemble à la fois à Norah Jones, aux Moody Blues, à Spacemonkeyz, à David Bowie, à Velvet Underground, à Coldplay, à Donovan, aux Rolling Stones, à The Police, à Fiona Apple, à Fela Kuti et à U2?

 

CometCoverLowRes

 

 

 

 

 

MESHELL NDEGEOCELLO
Comet, Come To Me
(Naïve, 2014)

-Genre: Pop alternative, intelligente et éclectique
-Dans la même veine que Norah Jones, Fiona Apple, Danger Mouse & Daniele Luppi, William Orbit

Lien d’achat sur le site de l’artiste
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MESHELL NDEGEOCELLO, loin d'une étoile filante
Originalité95%
Authenticité100%
Accessibilité90%
Direction artistique100%
Qualité musicale100%
Textes90%
96%Overall Score
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Blogueur - RREVERB
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Baptisé par Pink Floyd, ses parrains sont Bach et les Stones. DJ depuis 1984, batteur autodidacte, producteur de musique électronique depuis 2000, Monsieur Seb a été chef de la section culturelle chez Canoë pendant près de 10 années. Il collabore également sur Archipel Magazine, le blogue — et bientôt magazine imprimé — du label électronique montréalais Archipel.