Leonard Cohen vient de fêter ses 80 ans et ne semble pas près de ralentir : « Popular Problems », son 13e album studio, est paru la semaine dernière. Le poète montréalais ne rajeunit évidemment pas, mais a produit un autre album bien ficelé, poursuivant dans la même lignée que son disque sorti en 2012 et nous offrant un moment de recueillement dans un monde qui tourne toujours un peu trop vite. Comme c’est souvent le cas dans les albums du grand Leonard, ce n’est pas la musique qui vole la vedette. Ce sont plutôt les textes qui sont dignes de mention et que la musique sert à mettre en valeur. L’album débute avec la bluesy Slow, qu’un superbe jeu d’orgue transporte. La voix de Cohen est encore plus grave sur les chansons de ce disque, et on sent parfois qu’il s’amuse à la faire sonner toujours plus bas afin de bien marquer le point et de nous rappeler qu’il n’est pas prêt à laisser sa place : « It’s not because I’m old, It’s not what dying does, I always liked it slow ». Cette pièce introduit aussi un élément primordial des derniers albums du Montréalais : le chœur féminin. L’apport de ces voix féminines est très souvent juste et pertinent. Almost Like The Blues a une ambiance plutôt langoureuse, avec des propos très sérieux, que Cohen s’empresse d’adoucir en disant de manière ironique : « There’s torture and there’s killing, And there’s all my bad reviews ». La très belle Samson In New Orleans a une musique très solennelle, avec un joli solo de violon, et Cohen y déclame un texte d’inspiration biblique. A Street met en musique un poème écrit peu après le 11-septembre et publié en 2009. Les destructions de l’homme sont évoquées sans détour : « I’ll be standing on this corner, Where there used to be a street ». La chanson la plus accrocheuse du disque est certainement Did I Ever Love You. Sur un accompagnement de piano, Cohen a une voix très vulnérable, et il y a ensuite un air très entraînant, où les voix féminines prennent toute la place. Le contraste entre les deux sections, qui revient quelques fois dans la pièce, est saisissant et très efficace. My Oh My est une autre jolie chanson d’amour à la sonorité un peu country. Sur Nevermind, entre des vocalises arabisantes, Cohen a un ton plus agressif et semble régler ses comptes avec la personne qui l’a fraudé et l’a forcé (pour notre plus grand bonheur) à retourner sur la route et à retrouver sa muse. Ces mots sont sans équivoque : « My woman’s here, My children too, Their graves are safe from ghosts like you ». L’album se termine avec deux superbes ballades, deux hymnes qui compteront sûrement parmi ses grandes réussites en carrière. Born In Chains manque peut-être un grand refrain unificateur, mais la musique est séduisante, avec l’orgue qui soutient le texte rédempteur chanté par Cohen, souvent appuyé par des voix féminines ensorcelantes. Soutenue par un joli arpège à la guitare acoustique et un impeccable jeu de violon, You Got Me Singing est magnifique, très poétique et remplie de superbes phrases comme celle-ci : « You got me wishing our little love would last ». Cet album de Leonard Cohen ne convaincra peut-être pas les sceptiques, mais réjouira assurément les fans de longue date du poète montréalais. On ne peut pas dire que Cohen se renouvelle, ni que la musique est exceptionnelle, mais la force de ses chansons se trouve dans ses textes et les interprétations senties qu’il en donne. Il faut aussi souligner que peu d’artistes ont encore, à 80 ans, sa vitalité et sa pertinence sur disque. Et on lui souhaite au moins dix autres bonnes années! LEONARD COHEN Popular Problems (Sony, 2014) -Genre : folk-pop -Dans le même genre que Bob Dylan, Paul Simon, Fred Neil Lien vers l’achat en ligne (iTunes) Lien vers la page Facebook de l’artiste LEONARD COHEN : Vieillir en beauté Originalité70% Authenticité95% Accessibilité85% Direction artistique85% Qualité musicale80% Textes95%85%Overall ScoreReader Rating: (4 Votes)73%Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments