L’Américain Charlie Haden, né en 1937 dans l’état de l’Iowa, était l’un des meilleurs contrebassistes du jazz. On ne compte plus ses collaborations avec les musiciens les plus influents: avec Pat Metheny, il enregistrait le magnifique « Beyond the Missouri Sky (Short Stories) » en 1997, avec Ornette Coleman, Joe Pass, Keith Jarrett, Paul Bley, Dizzy Gillespie, John Coltrane, Bill Frisell, James Cotton… Et j’en passe. Il a longtemps mené, avec la pianiste Carla Bley, le Liberation Music Orchestra. Plus anecdotique, mais révélant sa grande versatilité, on l’a aussi entendu avec Yoko Ono puis Beck, sur « Odelay » (1994). Le grand bassiste Charlie Haden nous a quittés le 11 juillet 2014, à l’âge de 76 ans, après une carrière toute en discrétion et subtilité. Il laisse dans le deuil son fils Josh, également bassiste et chanteur, ainsi que ses triplettes Petra, Tanya et Rachel, toutes musiciennes. Petra et Rachel jouent avec That Dog. Petra fait également des Decemberists, Rachel des Rentals. Tanya a épousé l’acteur Jack Black. Déjà, à l’âge de 15 ans, la polio l’avait frappé, paralysant certains muscles de son visage et de sa gorge. Provenant d’un milieu rural (il a grandi sur une ferme), mais très musical (toute la famille jouait du country), Haden perd l’habilité de chanter, sa maladie l’empêchant de garder la note. Avant le jazz, c’est la musique de Bach qui le séduit, étant d’abord attiré par les sections basses. À l’âge de 20 ans, il déménage à Los Angeles pour y poursuivre ses études en contrebasse jazz et là-bas débutera de fructueuses collaborations avec Paul Bley (jusqu’en 1959), puis Ornette Coleman. Il suivra son ensemble, précurseur du free jazz (ou avant-garde) à New York où il doit combattre une dépendance aux drogues, mais où il rencontra également sa femme Ellen, qui lui donna ses quatre enfants. Ce disque posthume est l’enregistrement en concert d’une superbe performance avec le guitariste (électrique) Jim Hall, datant de 1990 où les deux musiciens s’étaient produits au Festival International de Jazz de Montréal. Le guitariste Jim Hall est lui aussi récemment décédé, en 2013, à l’âge de 83 ans. Né à Buffalo, mais ayant grandi et appris la musique à Cleveland, Hall rejoint le quintette de Chico Hamilton en 1955, puis le trio de Jimmy Guiffre. Il jouera ensuite avec les plus grands de la plus belle époque du jazz : Bill Evans (1959), Ella Fitzgerald (1960), Sonny Rollins (1961-64) avant de s’installer à New York et mener son propre trio avec Tommy Flanagan, Ron Carter et, parfois, Red Mitchell. À la fin des années 90, il est primé pour ses arrangements et compositions destinés à des quatuors jazz. Il signera même un concerto pour guitare et orchestre, créé en 2004 par le Baltimore Symphony. photo: Jan Thijs Une nouvelle occasion de savourer l’élégant jeu à la contrebasse de Haden, mais également de (dans mon cas) découvrir un guitariste que je ne connaissais pas. Jim Hall m’apparait être un disciple de Joe Pass à en juger par le son « propre » de sa guitare électrique et les fioritures adroites qu’il place dans ses mélodies (Turnaround). Une large place est laissée à Haden, comme ils ne sont que tous les deux sur scène, ce qui permet d’apprécier le jeu jamais exagéré du grand contrebassiste virtuose. Haden n’a jamais été celui qui priorisait la dissonance et la complexité. Il est plutôt axé sur l’ambiance (dont sur le magnifique album avec Metheny que j’évoquais ci-dessus et la mise en valeur de ses comparses), lui qui ne privilégiait jamais l’éclat. CHARLIE HADEN & JIM HALL Charlie Haden & Jim Hall (Impulse, réédition 2014) -Genre : jazz -Dans la même lignée que Joe Pass, Pat Metheny, Charles Mingus Lien vers l’achat en ligne (iTunes) Lien vers la page Facebook de Charlie Haden et de Jim Hall Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments