Pour beaucoup, la France est la terre promise. Le charme de la Mère Patrie n’est pas étranger à Pierre Lapointe, lui qui s’y produit régulièrement depuis le début de sa carrière. Les manœuvres afin de percer ce marché huit fois plus populeux que le Québec se sont intensifiées depuis quelques années. L’année 2014 a été marquante en ce sens. L’été dernier, Lapointe a tenu une chronique radiophonique à heure de grande écoute sur France Inter. Il a ensuite fait paraître un album piano-voix, enregistré en trois jours au studio CBE de Paris. Le mélancolique et très beau « Paris tristesse » est paru en novembre en France, puis est arrivé de ce côté-ci de l’Atlantique la semaine dernière.

Pour ce disque, réalisé par Jacques Ehrhart, il a pigé dans tout son répertoire, réinterprétant des pièces de ses quatre albums studio, en plus de trois chansons du mini-disque « Les Callas ». Celui-ci et « Punkt », avec quatre sélections, comptent ainsi pour presque la moitié des 15 chansons de l’album. Ce choix de miser sur du matériel plus récent se comprend aisément, puisque Lapointe nous avait déjà offert un album avec cette même formule piano-voix, soit son superbe « Seul au piano » de 2011. Trois pièces se retrouvent tout de même sur les deux disques (Les lignes de ma main, Tous les visages et Au 27-100 rue des Partances). Les interprétations sont relativement semblables, mais la prise de son est ici nettement supérieure à l’album enregistré en public. Des chansons parues avant 2011, la nouveauté est un joyau de son premier album, avec la déchirante Tel un seul homme (on en retrouve aussi une interprétation piano-voix sur « TRENTE »).
Voici une liste de lecture avec quelques chansons qui se retrouvent sur « Paris tristesse » (pas nécessairement dans ces versions-là par contre).

« Paris tristesse » compte finalement quatre chansons inédites : trois reprises et une composition originale. Pierre Lapointe reprend Le mal de vivre, de Barbara, chanson délicieusement mélancolique. Sans aller chercher l’émotion profonde et la transcendance de l’originale, la version de Lapointe est tout de même sensationnelle. Il offre également une superbe interprétation de C’est extra, de Léo Ferré. Accompagné à la guitare acoustique, Lapointe fait une belle reprise de Comme ils disent, de Charles Aznavour. Il montre ainsi son allégeance à ces trois immortels de la chanson française, témoignant de l’influence qu’ont eu sur lui ces grands artistes. Pierre Lapointe dévoile finalement une pièce inédite, soit la magnifique La plus belle des maisons. La force des paroles est décuplée par une musique à l’ambiance grave : « Je me répète come une petite prière que notre amour sera la plus belle des maisons ».

On le savait déjà épris de chanson française, maintenant il n’y a plus de doute : Pierre Lapointe est un grand chanteur français. Le charme discret, mais persistant, de ses interprétations nous happe au fil des écoutes. La formule piano-voix fait ressortir les mélodies lumineuses et les paroles lucides et touchantes de ses chansons. Au titre quelque peu opportuniste, « Paris tristesse » est composé de ses pièces les plus mélancoliques et proches de la chanson française, qu’il livre de façon impeccable. On peut voir cet album comme une version améliorée et plutôt différente de « Seul au piano ». Les fans de Pierre Lapointe apprécieront sans aucun doute, et les néophytes y découvriront un chanteur et un pianiste en pleine possession de ses moyens.

Paris_tristesse-pierre lapointe
PIERRE LAPOINTE
Paris tristesse
(Audiogram, 2015)

-Genre : chanson francophone piano-voix
-Dans le même esprit que Barbara, Léo Ferré et Jacques Brel

Lien vers l’achat en ligne (iTunes)
Lien vers la page Facebook de l’artiste

PIERRE LAPOINTE, grand chanteur français
Originalité75%
Authenticité90%
Accessibilité85%
Direction artistique80%
Qualité musicale90%
Textes90%
85%Overall Score
Reader Rating: (3 Votes)
76%

Réagissez à cet article / Comment this article

commentaires / comments

About The Author

Blogueur - RREVERB
Google+

Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.