Aujourd’hui, on connaît Claude Dubois pour ses frasques au volant, ses sautes d’humeur et sa télé-réalité. Mais jadis, il était un des plus grands artistes au Québec. Bien sûr, il demeure l’une des plus grandes voix du paysage musical, mais le p’tit gars des quartiers populaires de Montréal a débuté très jeune en tant que chanteur country western à 12 ans (en 1958), puis a évolué comme rockeur dans les années 70 avant de prendre un virage soft pop dans les années 80. Un disque sort du lot parmi tous ceux qu’il a enregistrés dans sa longue carrière : « Fable d’espace », paru en 1978. C’est l’un des plus beaux albums de Claude Dubois, voire un des plus beaux albums québécois des années soixante-dix. De la pochette extérieure d’inspiration Magritte aux dessins illustrant les paroles des chansons à l’intérieur, ces « Fable d’espace » sont magiques. De belles chansons douces (Enfant de l’an 2000), une fable typiquement québécoise (Chasse Galerie) en version hard rock, mais surtout des textes imaginatifs (Vaisseau interspacial) et imagés (Au bout des doigts) sur des musiques délicatement composées et brillamment arrangées. Un album de poésie, d’hallucinations, d’imaginaire rappelant dans ces plus beaux moments « Le Petit Prince » de St-Exupéry, par la naïveté et la fragilité des mélodies. Dubois se paye également un trip rock avec l’un des deux derniers titres de l’album, l’instrumentale Une guitare, des ondes et leur machine, avant de revenir avec une autre belle fable énigmatique, celle de Salta Diabla. Un véritable OVNI dans les cieux de la chanson d’ici. Sur l’autre côté de vos lumières d’étoile Des soleils nombreux changent de galaxie Sur une Terre d’ailleurs, chez des voisins curieux Qui sont des voyageurs du véhicule-pensée Poteurs de planètes, cousins d’Atlas A sur sa planète des soldats Qui font des bombes atomiques Et qui partout rebondissent, dissent, dissent Faisant de grands cercles de feu L’astre flamba sur son dos Mais il a lancé, lâché, pitché… garroché Poussières d’étincelle, une nuit dans l’ciel où tu faisais un vœu Avouez qu’on est loin de Tu peux pas ou Bébé jajoue la toune. On va lui donner ça. La vie de Dubois prendra un virage malheureux quelques années plus tard lorsqu’il sera arrêté par la police, en possession de 54 grammes d’héroïne, en 1981. Jamais le public québécois n’avait été secoué par une arrestation aussi spectaculaire dans le monde du show-business. La carrière de la vedette est en danger, mais s’en sortira avec une rédemption populaire. Par contre, jamais plus il ne créera de disque aussi inspiré que le conceptuel « Fable d’espace ». CLAUDE DUBOIS Fable d’espace (Disques Pingouin, 1978) -Genre : chanson poétique -Dans le même style que Maurice Bénin, Jacques Higelin Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments