Parmi les gens les plus passionnés par la musique, il y a ceux et celles qui travaillent dans l’industrie: chez les labels, les relationnistes de presse, les promoteurs de concerts, les gestionnaires de salles de concert, les journalistes culturels, etc. RREVERB propose une série d’entrevues avec les artisans passionnés de la musique. Cette semaine, rencontrons… YZABEL BEAUBIEN Quel est votre nom, quel est votre rôle dans l’entreprise musicale où vous travaillez, et depuis quand y œuvrez-vous? D’où êtes-vous et où vivez-vous maintenant? Yzabel BeauBien, présidente de J’Imagine Consultants, une boîte spécialisée dans le financement culturel qui a été fondée en 2007. Je suis également l’auteure du livre Quand le Show devient Business. Je suis originaire de la ville de Québec, mais j’habite à Montréal depuis 1999. De plus, je viens d’accepter un poste en tant que coordonnatrice aux formations et au développement à l’Association des professionnels de l’édition musicale (APEM). Quand avez-vous commencé à travailler dans l’industrie musicale? Cela fait 25 ans, cette année! J’ai commencé comme disquaire, dans le Vieux-Québec, en 1990 chez Discus, compagnie disparue depuis maintenant plusieurs années!… J’ai donc été disquaire pendant 6 ans pour ensuite devenir acheteuse chez Archambault. J’ai ensuite été gérante d’artistes, bookeuse de spectacles, prof à l’École du Show-Business… Je suis donc passée de travailleuse autonome à entrepreneure en 2007 avec la mise sur pieds de J’Imagine Consultants. Quand avez-vous commencé à aimer la musique? Depuis toujours!! Un de mes plus lointains souvenirs est en 1976, à la mort d’Elvis, alors que cet événement me permettait de le découvrir et de tomber en amour avec sa musique! Ensuite, j’ai toujours été une passionnée de musique… depuis mes 16 ans, je ne me promène jamais sans mon walkman! (qui est devenu un iPhone, bien sûr ;-)… Mon bras droit (tatoué) représente également mon amour de la musique et mon attachement à cette industrie. À 20 ans, quel était votre rêve (dans le domaine musical)? Je voulais travailler avec et pour les artistes!! J’étais ouverte à tout, ne connaissant pas encore bien les métiers et les possibilités (c’est d’ailleurs ce qui m’a le plus inspiré à écrire Quand le Show devient Business). Un souvenir de 1991! Avez-vous été musicien/enne? Racontez-nous votre carrière. J’ai un peu chanté par plaisir, mais je ne suis pas musicienne. Mais je comprends bien la réalité et le besoin artistique, ce qui me permet d’être proche de mes clients musiciens. SUR L’INDUSTRIE MUSICALE En vivez-vous? Oui, J’Imagine Consultants est une entreprise en croissance stable depuis 2007; je me considère d’ailleurs très chanceuse étant donné les difficultés que l’on connait dans plusieurs secteurs de notre industrie. Est-il encore possible aujourd’hui de gagner sa vie dans l’industrie musicale? Que faut-il faire pour y arriver? Oui, j’en suis une preuve… Mais je ne peux malheureusement pas donner de recette magique! Je peux par contre partager l’exemple de mon entreprise : j’ai identifié un service dont tous les intervenants de l’industrie musicale (artistes, producteurs, maisons de disques, gérants) ont besoin et que très peu de professionnels offrent. C’est plus difficile lorsque la compétition est plus grande comme c’est le cas pour plusieurs métiers (relationnistes de presse, agents de spectacles, graphistes et autres…) Quelle(s) rencontre(s) a(ont) été déterminante(s) dans votre carrière dans l’industrie musicale? Il y en a eu plusieurs! Mais une des plus importantes et dont l’impact positif se répercute jusqu’à aujourd’hui est celle d’une élève que j’ai connue à l’École du Show-Business, Virginia Hernandez, et qui est aujourd’hui mon bras droit chez J’Imagine Consultants! Virginia est également gérante d’artistes et mon entreprise ne serait pas ce qu’elle est sans elle! avec sa complice Virgina Hernandez Qu’aimez-vous dans votre emploi / occupation actuelle? J’adore rédiger des demandes de subventions!! Hahaha! Mais c’est vrai… En fait, ce que j’aime dans mon métier, c’est d’abord le fait d’aider mes clients à financer leurs projets. D’autre part, je suis toujours en amont des projets, donc je peux prendre connaissance des démarches artistiques, des maquettes de pré-production des albums à venir, des stratégies de promo… Et je suis également impliquée dans les résultats de ces projets, car, si un projet obtient une subvention, il y a ensuite des comptes à rendre et on doit donc monter un autre dossier, ce qui me permet de constater toutes les retombées, bons coups et moins bons. Et chaque projet est différent… donc même si les programmes de financement sont les mêmes, chaque dossier a ses particularités qui fait que mon métier n’est jamais répétitif! Que changeriez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui? La répartition des revenus internet pour les producteurs et les artistes! Si les gens payent pour une connexion internet qui leur permet de télécharger ou de streamer de la musique gratuitement, les fournisseurs internet devraient être considéré comme des diffuseurs et payer des droits. Quel grand rêve n’avez-vous pas encore accompli? Honnêtement, pas grand-chose d’autre!! J’ai réussi à créer mon entreprise, j’ai publié 2 livres, je travaille avec les meilleurs artistes, producteurs, maisons de disques et gérants de l’industrie… Mon plus grand rêve est de garder la forme et continuer le plus longtemps possible! Le vinyle, la cassette, le CD ou le digital? Le numérique! Mais pas illégalement obtenu!! Je magasine chaque semaine mes albums/EP/chansons sur iTunes ou Bandcamp… La seule chose qui me désole vraiment du numérique est le manque fréquent de pochette qui inclut les crédits de l’enregistrement… Il est tellement important de mentionner tous les intervenants (réalisateur, studios, producteur, musiciens, ingénieur son…); cela contribue à rendre la musique moins importante, car les gens ne savent plus qu’il y a une équipe derrière tout enregistrement et donc des coûts reliés qui font en sorte que la musique ne devrait jamais être gratuite! SUR LES ARTISTES ET LA MUSIQUE Vos styles de musique préférés? Est-ce que ç’a toujours été le cas dans votre vie? J’ai toujours été majoritairement attirée par la « musique fâchée »! Heavy Metal, Techno industriel… Mais j’aime aussi la musique classique et beaucoup d’artistes québécois dont Karkwa, Daniel Bélanger, Ariane Moffatt, Stefie Shock, Jean Leloup et plusieurs autres… Sur une île déserte, vous emmèneriez ces 5 albums (pas plus). Ouf! Pas facile… mais je vais essayer… Pink Floyd, The Wall Nine Inch Nails, Pretty Hate Machine The Postal Service J.S. Bach, The 6 Cello Suite by Maurice Gendron The Beatles, 1962-1966 (il y a là-dedans 3 albums doubles, mais shut! Faut pas le dire 😉 Playlist! Quel est l’artiste le plus sympathique que vous ayez rencontré? Tous mes clients-artistes! Réponse de politicienne, mais c’est vrai!… Je choisis les gens et les projets avec qui je vais collaborer donc, bien sûr, je choisis en priorité les projets intéressants chapeautés par des artistes sympathiques! Qu’est-ce qui rend un artiste désagréable? Heureusement, ça ne m’est pas arrivé souvent… Mais, sans nommer personne, j’ai rencontré quelques artistes un peu trop arrogants et qui ne sont pas du tout ouverts à se faire aider… Pas très bon pour leur carrière, à mon avis. Quel artiste brillant aurait dû percer davantage, selon vous? Plusieurs! Je ne veux nommer personne de peur d’en oublier, mais, étant sur la ligne de front du financement, il y a quelques artistes au projet génial pour lesquels je dépose des super demandes de subventions et qui malheureusement ne sont pas acceptés!! C’est toujours extrêmement désolant et cela procure un sentiment d’injustice. Qui aimeriez-vous rencontrer? Tous les artistes que je n’ai pas encore rencontrés! 😉 Merci Yzabel! Pour en savoir plus sur les activités et ateliers de formation de J’imagine Consultants, on clique sur le logo ci-dessous. Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments