Dans le cadre de sa rentrée montréalaise, Safia Nolin se produisait hier soir au Lion d’Or, à mi-chemin du Coup de cœur francophone. Une foule compacte et enthousiaste a écouté religieusement chacun des mots que Safia a chanté de sa voix prenante et émouvante. Accompagnée seulement de l’excellent guitariste Joseph Marchand, Safia Nolin a montré que le buzz qui l’entoure est justifié : sa prestation était superbe.

Safia Nolin optait donc pour le minimalisme : une instrumentation et des éclairages simples, en phase avec sa personnalité attachante, candide et naïve (dans le bon sens du terme). On peut la croire maladroite par instants, mais elle est surtout spontanée et instinctive. Elle est visiblement heureuse et presque surprise de voir autant de spectateurs qui se sont déplacés pour écouter sa musique.

Marchand et elle se complètent très bien, ils ont une chimie indéniable. Lui est à la guitare électrique et jouent des motifs mélodiques judicieux, alors qu’elle est à l’acoustique et fait un mélange intéressant de rythme, d’harmonie et de mélodie. Efficaces et senties, les interprétations sont fidèles aux arrangements du premier disque de Safia, « Limoilou », paru en septembre dernier. Il manque bien quelques passages de batterie ou de piano, mais ce n’est rien d’essentiel.

Ce qui est essentiel, c’est la voix de Safia Nolin, l’atout principal de cette jeune auteure-compositrice-interprète. Avec juste assez d’écho, son organe vocal prend toute la place sur Valser à l’envers, chantée avec puissance et justesse. L’émotion est palpable et intense sur la superbe Acide, alors qu’Igloo est chantée avec une mélancolie profonde. Les excuses nous prend aux tripes et nous donne des frissons.

Comme on l’avait remarqué à l’écoute du disque, certaines chansons tombent malheureusement un peu à plat. Mais ça n’empêche pas que certains morceaux du disque sont magnifiques, et Safia a joué une intéressante nouvelle pièce, tout juste complétée. Sa manière de rendre l’émotion d’une chanson est unique. « Continuons en tristesse », dit-elle entre deux chansons. Tout le monde présent au Lion d’Or acquiesce, puisque la tristesse aura rarement été aussi belle.

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.