Parmi les gens les plus passionnés par la musique, il y a ceux et celles qui travaillent dans l’industrie: chez les labels, les relationnistes de presse, les promoteurs de concerts, les gestionnaires de salles de concert, les journalistes culturels, etc. RREVERB propose une série d’entrevues avec les artisans passionnés de la musique. Cette semaine, rencontrons… JARRETT MANN Quel est votre nom, quel est votre rôle dans l’entreprise musicale où vous travaillez, et depuis quand y œuvrez-vous? D’où êtes-vous et où vivez-vous maintenant? Mon nom est Jarrett Mann, je suis le directeur général de la station de radio CISM 89,3 FM depuis 2012. Originaire de Deux-Montagnes, j’habite Montréal depuis 1997. Quand avez-vous commencé à travailler dans l’industrie musicale? Dès la fin de mes études, en 2002, j’ai eu la chance de devenir directeur de la programmation du Club Soda. Quand avez-vous commencé à aimer la musique? Difficile à dire…La musique a toujours fait partie de ma vie. Par contre, à partir de l’adolescence, c’est devenu plus intense, surtout lorsque j’ai commencé à acheter mes premiers albums et à organiser mes premiers partys (chose que je faisais dans des bars avant même d’avoir l’âge légal pour boire!). À 20 ans, quel était votre rêve? À 20 ans, je rêvais plus au cinéma qu’à la musique… Avez-vous été musicien/enne? Racontez-nous votre carrière. Tellement pas! J’ai plusieurs talents, mais faire de la musique n’en est pas un! J’ai suivi des cours de guitare au secondaire et ça a été un désastre! Le vinyle, la cassette, le CD ou le digital? Je dirais le digital, même si j’adore magasiner des vinyles pour ma table tournante. Quelle(s) rencontre(s) a(ont) été déterminante(s) dans votre carrière dans l’industrie musicale? Ma rencontre avec Michel Sabourin, co-propriétaire du Club Soda de Montréal… Définitivement! C’est lui qui m’a donné ma première véritable chance. Suite à un gros party étudiant que j’avais organisé au Club Soda, Michel m’a offert le poste d’adjoint à la programmation. Ensuite, à peine quelques mois plus tard, il m’offrait celui de directeur de la programmation. Ça été un point tournant dans ma vie! Du jour au lendemain, j’étais plongé dans le milieu des affaires culturelles à Montréal. J’interagissais avec tous les acteurs du milieu, les plus petits comme les plus grands : festivals, labels, producteurs, journalistes… J’ai acquis une expérience incroyable durant mes trois ans au Club Soda! Qu’aimez-vous dans votre emploi / occupation actuelle? Ce que j’aime le plus en lien avec mon emploi de DG à CISM, c’est de savoir que mon travail a un impact positif sur un grand nombre de gens! Je veux créer le meilleur environnement de travail possible, pour faire la meilleure radio possible, pour, bien sûr rejoindre le plus de gens possible! Veiller au bonheur de mon équipe de neuf employés et de 125 animateurs bénévoles est important pour moi. Ce sont eux qui feront jouer la musique ou qui parleront des événements culturels, ce qui fera le bonheur des milliers de personnes impliquées (artistes, musiciens, agents, producteurs, relationnistes de presse, etc.). Par la suite, tout ce contenu culturel sera entendu par des dizaines de milliers d’auditeurs! Savoir que ce que nous faisons à CISM a le potentiel, par effet d’entraînement, de créer un peu (ou beaucoup!) de bonheur dans la vie de dizaines, voire de centaines ou encore de milliers de personnes, a été ma plus grande source de motivation et de satisfaction au travail. En 2016, à l’ère des radios internet comme Spotify, quelle est la place de la radio? Comment une radio comme CISM peut-elle se distinguer du côté numérique? Est-ce qu’elle peut rejoindre des auditeurs internationaux? Tout d’abord, je crois que pour une radio comme CISM, qui est officiellement une radio étudiante (celle de l’Université de Montréal) et qui se doit d’être près des jeunes adultes, il est nécessaire de demeurer à l’affût des nouvelles technologies et de suivre du mieux qu’on peut les tendances de ce côté. On ne peut pas jouer à l’autruche : des services comme Spotify et Apple Music sont là pour rester. Il faut les analyser et comprendre leurs succès pour s’en inspirer et ainsi voir comment on peut bonifier notre offre. Là où CISM doit toujours se démarquer, c’est en mettant de l’avant le côté « humain » derrière la programmation. Il faut renforcer notre branding en mettant l’accent sur les personnes qui font les émissions à CISM. Ce n’est pas un algorithme qui fait notre sélection musicale, mais bien des mélomanes passionnés. Ça n’a pas de prix ! Quelle a été votre plus belle expérience à CISM depuis votre arrivée? Quel a été votre plus grand défi? Ma plus belle expérience à CISM aura aussi été mon plus grand défi : je parle ici du virage numérique de la station. À mon arrivé à CISM, en 2012, nous avions un vieux site web désuet, un système de podcast en piètre état, aucune application mobile et une présence sporadique sur les médias sociaux. On partait donc de loin… En plus de s’adapter à ces défis technologiques, il fallait aussi instaurer une nouvelle mentalité à la station. Notre diffusion web devait dorénavant être au minimum aussi importante que notre diffusion sur les ondes FM. Pour CISM, ça a été une petite révolution ! Deux ans plus tard, voilà que CISM a un nouveau site internet doté d’une plateforme d’écoute sur demande ultra performante, une version mobile de son site, un portail sur iTunes et une première application mobile qui ferait l’envie de n’importe quelle autre station de radio. Le tout s’est mérité deux prix Boomerang/Infopresse , prix soulignant l’excellence dans l’industrie des communications interactives et des nouvelles technologies. Il y a quelques semaines, CISM atteignait déjà la barre du million d’écoutes en ligne! Nous avons également plus que doublé nos abonnés sur Facebook et Twitter. La pente était abrupte, mais je suis heureux de dire qu’on a réussi l’ascension! Média de l’année au Gamiq 2015 (photo Bruno Guérin) Où voyez-vous CISM dans 5 ans? En ce qui me concerne, je passerai le flambeau de la direction générale de CISM le 1er mai prochain. Ce n’est donc pas moi qui guiderai la station dans le futur. Dans cinq ans, je rêve tout de même à un CISM ayant conservé son statut de référence en ce qui a trait à la musique émergente. Je vois CISM à l’avant-garde des radios web avec des auditeurs aux quatre coins du globe. Je vois CISM comme une fierté indéniable pour tout Montréal ! Merci Jarrett! CISM célèbre ses 25 ans en grande pompe! Voyez la programmation ici: Pour écouter CISM, cliquez sur le logo ci-dessous! Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments