Parmi les gens les plus passionnés par la musique, il y a ceux et celles qui travaillent dans l’industrie: chez les labels, les relationnistes de presse, les promoteurs de concerts, les gestionnaires de salles de concert, les journalistes culturels, etc. RREVERB propose une série d’entrevues avec les artisans passionnés de la musique. Cette semaine, rencontrons… FLORENT LE DUC Quel est votre nom, quel est votre rôle dans l’entreprise musicale où vous travaillez, et depuis quand y œuvrez-vous? D’où êtes-vous et où vivez-vous maintenant? Florent Le Duc, directeur du Festival FrancoFaune, depuis 5 ans. FrancoFaune, c’est un festival en Belgique, et un dispositif d’accompagnement d’artistes (auparavant appelé “Biennale de la Chanson française”). On oeuvre pour la “biodiversité musicale” et on met en avant les “espèces musicales en voie d’apparition”! Je suis français d’origine, vivant à Bruxelles depuis plus de 10 ans. Quand avez-vous commencé à travailler dans l’industrie musicale? Il y a 5 ans. J’étais alors, avec mon groupe Coenguen, finaliste de la Biennale. Mon RV avec le directeur de la Biennale, suite à la finale, a été annulé, suite… au décès de ce grand monsieur, Didier Arcq, fondateur et directeur de ce “bazar” (terme affectueux belge, je précise). Etant donné mon parcours d’opérateur culturel depuis des années, et ma casquette de musicien, je me suis mis à l’ouvrage avec cette nouvelle fonction de directeur. Quand avez-vous commencé à aimer la musique? C’est familial! Mon père, pianiste autodidacte qui jouait au piano tous les tubes entendus à la radio, m’a beaucoup influencé et, sans le savoir, amené sur cette voie. À 20 ans, quel était votre rêve? Passer ma vie à jouer et à voir un maximum de concerts. Le rêve est toujours en cours! Avez-vous été musicien/enne? Racontez-nous votre carrière. Plusieurs groupes avec plusieurs “fonctions”, batteur à 14 ans à Orléans, bassiste à Lyon à 20 ans, DJ dans les boites gays au Kazakhstan à 25 ans, batteur chez Coenguen à Bruxelles à 30 ans. Musicien un jour, musicien toujours. Je suis actuellement batteur de Yellö, un groupe “émergent” du Nord de la France. Et un groupe anglophone, ce qui évite la confusion des genres, dans mon circuit de programmateur de Festival FrancoFaune 😉 SUR L’INDUSTRIE MUSICALE En vivez-vous? J’en vis, oui. J’envie, non. Est-il encore possible aujourd’hui de gagner sa vie dans l’industrie musicale? Que faut-il faire pour y arriver? “Gagner sa vie”… tout un programme. Est-ce qu’on peut la perdre? Construire sa vie dans l’industrie musicale, oui cela me semble possible! Il faut de la persévérance, de la curiosité, de l’honnêteté. Et il faut accepter de faire plusieurs métiers en même temps, en tout cas en début de parcours. Et c’est comme ça qu’on peut comprendre les différentes facettes du secteur. (Je préfère le terme secteur au terme industrie… même si, les études ont prouvé que les industries créatives génèrent plus de richesses que l’industrie automobile!… je préfère quand même le terme de “secteur”). Quelle(s) rencontre(s) a(ont) été déterminante(s) dans votre carrière dans l’industrie (ou le secteur) musicale? Ma rencontre avec la Fédération des Festivals de Chanson Francophone a été un moment clé dans mon parcours; j’arrivais d’un circuit différent, en dehors de ce secteur “chanson francophone” (j’ai vécu et travaillé plusieurs années en Asie Centrale, dans la coopération culturelle. Une région où la chanson française se résumait à “Voyage voyage” de Désireless et les tubes d’Aznavour). Les membres de la “Fédé” ont été très accueillants, et ils ont largement contribué à ma compréhension du secteur. “C’est quoi nos enjeux, c’est quoi nos points forts, nos points faibles, en tant qu’opérateurs dans la chanson”. Et puis aussi, c’est quoi le “juste prix” pour tel ou tel artiste 😉 Qu’aimez-vous dans votre emploi / occupation actuelle? Nous sommes une micro-structure, 3 personnes à l’année dans l’équipe. Ce qui donne beaucoup de marge de manœuvre à chacun, et laisse place à nos créativités respectives. Ca me plait. Et j’aime également la liberté de mouvement, je voyage le plus possible, voir d’autres festivals, d’autres “territoires”, découvrir d’autres façons de faire: c’est inspirant! Enfin, en tant que musicien, j’apprécie de contribuer à faire jouer un maximum d’artistes sur des scènes, et à pousser le développement de groupes qui gagnent à être connus! Je me sens utile et légitime. Le Jury de la Biennale Que changeriez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui? J’aimerais changer la musique d’attente du standard téléphonique de la SABAM, et aussi certains jingles de La Première. C’est ce qu’on s’efforce de faire avec le FACIR, Fédération de musiciens en Belgique francophone. Et surtout, j’aimerais qu’on remette les artistes au centre des débats, que les droits d’auteur, les revenus générés par l’écoute en ligne et les quotas radio permettent un revenu juste et équitable aux artistes. Sans eux, “l’industrie musicale” n’existerait pas! Quel grand rêve n’avez-vous pas encore accompli? “Imagine all the people, living life in peace…” Le vinyle, la cassette, le CD ou le numérique? Impossible de choisir! Le vinyle pour le reggae, la cassette dans ma vieille Opel, le CD (d’Aldebert) pour mes fistons, et le numérique quand je suis dans le train. Sessions secrètes 2016 SUR LES ARTISTES ET LA MUSIQUE Vos styles de musique préférés? Est-ce que ç’a toujours été le cas dans votre vie? “Sexe, drogue et chanson française”, c’est un des slogans du festival. Je suis batteur de rock, et c’est mon carburant depuis le début. Aussi, j’ai besoin de la pulse du reggae, des mélodies de la pop, et du minimalisme de l’electronica. Et quand c’est en français, du texte et des images dans les mots. Sur une île déserte, vous emmèneriez ces 5 albums (pas plus). Bertrand Belin (La Perdue), Ben Harper Noir Désir, Des visages des figures John Hopkins, Immunity et Queens of the Stone Age, n’importe quel album, mais à fond, pour être sur qu’un bateau entende et que l’équipage vienne boire un verre. Playlist! Quel est l’artiste le plus sympathique que vous ayez rencontré? Angus Young, tout en simplicité. Quel artiste brillant aurait dû percer davantage, selon vous? Je pense aux français Nevché, Dimoné, qui devraient être mieux connus du grand public. Même s’ils ont encore de beaux jours devant eux! Idem pour le belge Mochélan, et le suisse Stéphane Blok. Et Salomé Leclerc, hâte qu’elle soit de plus en plus découverte de ce côté-ci de l’Atlantique! Merci Florent! Pour en savoir plus sur le Festival, cliquez sur le logo ci-dessous! Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments