Le jazzman Hichem Khalfa a fait paraître un excellent album l’an passé, en partageant ses “Histoires sans mots”! Un disque vivant, riche, allumé, durant lequel l’oreille est constamment sollicitée. Que ce soit pour suivre une variation rythmique, ou apprécier la couleur ou l’harmonie des cuivres (comme sur Fromage rouge, en premier lieu sur le disque), on est sur le qui-vive sans jamais être agressé par une envolée trop délirante ni des dissonances pas assez naturelles. “Histoires sans paroles” raconte effectivement beaucoup. La variation d’une pièce rythmée à une plus douce (comme Trio pour 5) exprime la variété des moments d’une journée ou d’une vie. Il y a des passages plus latins, comme la Salsa simple (qui est loin d’être simple!) ou tous les instruments sont fascinants à entendre séparément, mais surtout, se rejoignent dans un ensemble magnifiquement cohérent, qui fait même oublier leur individualité. C’est vraiment là que le jazz devient un art majeur et non une succession de solos. Plusieurs mélodies sont tout simplement magnifiques. La valse des deux oiseaux en est un bel exemple. La brève Interlude est un autre très beau moment, seul au piano. La musique d’Hichem Khalfa n’est pas une succession de solos sur un thème. Tous les musiciens sont impliqués dans toutes les phases de la mélodie. Le soleil se lève sur Cuba alors que j’écris ces lignes au son de ce disque. Il y a un certain contraste entre le calme d’un cayo le matin et le jazz d’Hichem Khalfa, mais ça reste très agréable comme matinée. Je termine en soulignant l’impeccable prise de son et réalisation de ce disque, qui permet d’apprécier chaque détail et transmet la cohésion de ces excellents musiciens réunis autour du trompettiste français. Khalfa est entouré d’Al McLean au saxophone, Jérôme Beaulieu au piano, Alex Bellegarde à la basse et de Martin Auguste à la batterie. Depuis son arrivée à Montréal en 2012 où il a étudié à l’Université McGill, Khalfa a joué avec Kalmunity et Nomadic Massive, avant de se joindre au collectif funk & soul The Brooks qui s’est illustré au plus récent Festival de Jazz de Montréal avec un très populaire concert gratuit en hommage à Prince. Hichem Khalfa (photo: Alex Leclerc) Auparavant, en Europe, c’est au sein d’orchestres symphoniques, formations jazz ou électro que le jeune homme d’Argenteuil, tout près de Paris, s’était fait la main. Le père d’Hicham est musicien lui aussi et joue de plusieurs instruments algériens, leur pays d’origine. Une grande partie de sa famille du côté paternel fait de la musique ou œuvre dans les arts, selon ce que j’ai appris dans l’entrevue signée par Stephanie Weiner dans les pages de MontrealRampage.com « Histoires sans mots » est paru le 10 mars 2015 et a été lancé au jazz-bar Upstairs quelques jours plus tard. HICHEM KHALFA Histoires sans mots (270 Sessions, 2015) -Genre: jazz Écoute et achat sur le site de son label Lien vers la page Facebook de l’artiste Lien vers la chaîne YouTube de l’artiste Lire une autre critique de ce même disque, cette fois signée Benoit Bergeron ici. Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments