Parmi les gens les plus passionnés par la musique, il y a ceux et celles qui travaillent dans l’industrie: chez les labels, les relationnistes de presse, les promoteurs de concerts, les gestionnaires de salles de concert, les journalistes culturels, etc. RREVERB propose une série d’entrevues avec les artisans passionnés de la musique.

Cette semaine, rencontrons…

PHILIPPE RENAULT

philippe-renault-2016Quel est votre nom, quel est votre rôle dans l’entreprise musicale où vous travaillez, et depuis quand y œuvrez-vous? D’où êtes-vous et où vivez-vous maintenant?

Je m’appelle Philippe Renault. J’ai cofondé l’entreprise Mauvaise influence en janvier 2012. Je suis natif de Rouyn-Noranda, puis j’ai étudié à Jonquière en Arts et technologies des médias option presse écrite, avant d’être journaliste durant une dizaine d’années tout d’abord en régions (Gatineau, Saint-Jérôme, Granby), puis Montréal. J’habite Montréal depuis plus de 10 ans.

Quand avez-vous commencé à travailler dans l’industrie musicale?

C’est à la suite d’un (trop) long lock-out de près de trois ans dans un grand quotidien montréalais, où j’étais journaliste culturel, que j’ai décidé de faire le saut de l’autre côté pour travailler notamment en relations de presse. Le conflit s’est terminé en 2011 et le média alternatif que nous avions créé, RueFrontenac.com, n’a malheureusement pas survécu et il n’était pas question que je retourne travailler pour mon ancien employeur.

J’avais deux options. 1) Continuer à travailler dans un domaine en mutation où l’avenir n’était pas rose, celui des médias. 2) En profiter pour réaliser un vieux rêve en travaillant dans un autre domaine en mutation où l’avenir n’était pas rose, celui de la musique. J’ai choisi la deuxième option et je n’ai aucun regret!

Quand avez-vous commencé à aimer la musique?

Comme bien des gens, mon intérêt pour la musique remonte à mon enfance et n’a fait que prendre de l’ampleur à l’adolescence. À 16-17 j’étais une vraie éponge, j’essayais de tout connaître sur l’histoire du rock, de découvrir tous lephilippe-renault-chevelus groupes qui ont eu un impact sur la musique. Ce n’est que plus tard que j’ai commencé réellement à m’intéresser à la scène actuelle québécoise.

À 20 ans, quel était votre rêve?

À 20 ans, j’étais un cégepien très chevelu et tripeux de guitare qui souhaitait vraiment devenir une rock star même si je n’avais vraiment pas les atouts nécessaires! C’est aussi à cette période que je me disais que ça pourrait aussi être cool de travailler avec des artistes d’une façon ou d’une autre, mais je ne voyais pas vraiment comment je pourrais éventuellement y parvenir…

Avez-vous été musicien? Racontez-nous votre carrière.

Ma carrière s’est résumée à quelques jams entre amis, et deux ou trois apparitions sur scène. J’ai ensuite laissé la place aux pros!

 

SUR L’INDUSTRIE MUSICALE

En vivez-vous?

Je me sens très choyé de pouvoir dire que oui!

Est-il encore possible aujourd’hui de gagner sa vie dans l’industrie musicale? Que faut-il faire pour y arriver?

C’est possible. Mais il faut beaucoup d’acharnement, de la patience, un bon réseau de contacts et un modèle d’affaires terre-à-terre. Dès le départ j’ai opté pour avoir mon bureau à la maison avec un minimum d’investissements, pour ainsi diminuer au minimum mes dépenses et éviter tout endettement. Je garde cette approche encore aujourd’hui. Pas très « glamour », mais ça marche!

Quelle(s) rencontre(s) a(ont) été déterminante(s) dans votre carrière dans l’industrie musicale?

Ma rencontre la plus déterminante est certainement celle de Pierre-Luc Durand. Il était alors président d’une maison de disques qui voguait à la dérive, au même moment où je commençais à considérer quitter le journalisme pour travailler en musique. Nous avons alors décidé de fonder Mauvaise influence ensemble. Bien qu’il se consacre maintenant à ses nouvelles entreprises, nous demeurons continuellement en contact et nous nous retrouvons parfois pour certains projets.

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Pierre-Luc Durand, Marc Papillon-Ferland, Eli Rose, Denis Wolff and Philippe Renault.

Une autre rencontre importante aura été celle avec Nicolas Carette du groupe The Vasts. J’ai été ébloui par son talent et c’est le premier projet avec lequel j’ai travaillé. C’était la révélation qu’il me fallait pour me motiver à faire le saut. Le groupe a finalement lancé l’année dernière son premier album, qui a été incroyablement bien reçu par les critiques! Une deuxième album est en préparation…

 

Qu’aimez-vous dans votre emploi / occupation actuelle?

J’aime le fait de ne pas avoir de patron, d’être 100% autonome, de choisir chacun de mes projets et de pouvoir ajuster mes horaires en fonction de ma vie familiale. J’adore encore aujourd’hui découvrir des nouveaux talents, être emballé par un groupe dont je n’avais jamais entendu parler et essayer de le faire connaître.

Que changeriez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui?

Il y a certainement beaucoup de choses à changer. Évidemment que j’aimerais que la majorité des artistes puissent vivre de leur art, que ce soit par un financement public plus large (surtout pour les artistes en développement) ou encore de meilleures redevances notamment pour l’écoute en continue. Car si c’est possible de gagner sa vie en travaillant dans l’industrie, ça l’est moins en étant musicien. Bref, quelque chose ne tourne pas rond!

Quel grand rêve n’avez-vous pas encore accompli?

Honnêtement, je suis très heureux de ce que j’ai accompli à date. Maintenant, il ne me reste qu’à de grandir dans ce milieu, à élargir mes horizons et peut-être éventuellement développer de nouveaux créneaux.

Le vinyle, la cassette, le CD ou le numérique?

Pour des raisons pratiques, je dirais que je suis presque 100% numérique maintenant (à part les CD promos que j’envois aux médias, évidemment!). Mes CD sont tous rangés dans un gros meuble et je n’y touche plus vraiment. J’aime aussi les vinyles, j’en ai quelques-uns, reste juste à dépoussiérer ma table tournante!

SUR LES ARTISTES ET LA MUSIQUE

Vos styles de musique préférés? Est-ce que ç’a toujours été le cas dans votre vie?

Pas évident de nommer un seul style. J’écoute beaucoup de trucs et les styles varient selon les occasions. À mon adolescence j’étais un gros tripeux de heavy métal et de vieux rock et blues. J’ai également été grandement marqué par l’arrivée de Nirvana, comme à peu près tout le monde de mon âge.

 

Présentement j’écoute de tout, que ce soit du folk, du jazz, du classique, du rock, du hip hop, de la chanson-pop, de l’électro… Même professionnellement je ne m’impose pas de barrière, mon critère premier étant d’aimer le projet.

Sur une île déserte, vous emmèneriez ces 5 albums (pas plus).

C’est chien comme question ça! Allons-y pour :

Metallica – Master Of Puppets (le 1er album que je me suis acheté à vie… en cassette!)
Patrick Watson – Close To Paradise (pour l’impact immense qu’il a eu sur la scène montréalaise il y a dix ans)
Richard Desjardins – Tu m’aimes-tu? (grand poète de mon patelin)
Miles Davis – Kind Of Blue (tant qu’à choisir un album jazz, aussi bien choisir le top!)
Galaxie – Le temps au point mort (un band rock d’ici qui accote n’importe quelle grosse pointure internationale, à mon avis)

Playlist!

 

Quel est l’artiste le plus sympathique que vous ayez rencontré?

À quelques exceptions près, pas mal tous les artistes sont sympathiques!

Qu’est-ce qui rend un artiste désagréable? Pouvez-vous raconter une situation qui vous est arrivée où il y avait malaise, ou un comportement désagréable.

Parfois, ce n’est pas l’artiste, mais son entourage qui peut être désagréable. J’ai travaillé avec un artiste ultra talentueux qui était très sympathique et simple d’approche, avec qui j’adorais échanger. Mais lorsque le gérant se mettait de la partie avec son attitude suffisante, c’était une autre paire de manches. Ce sont des gens avec qui j’évite de travailler par la suite malheureusement, la vie étant trop courte pour se faire emmerder!

Quel artiste brillant aurait dû percer davantage, selon vous?

Il y a tellement d’artistes brillants qui n’ont jamais percé, notre industrie étant ce qu’elle est…

Qui aimeriez-vous rencontrer?

Je ne suis pas très groupie et je n’ai jamais été du genre à me faire photographier avec des vedettes. Bref, personne en particulier. J’aime simplement rencontrer des artistes talentueux et passionnés, peu importe leur notoriété.

Merci Philippe!

 

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About The Author

Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.