Parmi les gens les plus passionnés par la musique, il y a ceux et celles qui travaillent dans l’industrie: chez les labels, les relationnistes de presse, les promoteurs de concerts, les gestionnaires de salles de concert, les journalistes culturels, etc. RREVERB propose une série d’entrevues avec les artisans passionnés de la musique. Cette semaine, rencontrons… AÏSHA VERTUS Quel est votre nom, quel est votre rôle dans l’entreprise musicale où vous travaillez, et depuis quand y œuvrez-vous? Je m’appelle Aïsha Vertus. Je suis un peu hyperactive. Je suis disquaire aux 33tours, je suis pigiste pour The Fader, je suis collaboratrice occasionnel pour VICE de Jour, je fais de la radio pour n10as et j’ai une émission avec mes amis qui s’appelle Fresh Taste sur Brooklyn Radio. Le soir, je me transforme en DJ et je m’occupe de la programmation du bar Ti-Agrikol. Je fais aussi de la consultation sur le développement des artistes. Red Bull Music Academy Radio D’où êtes-vous et où vivez-vous maintenant? Je suis née à Côte-des-Neiges et j’ai grandi à Montréal-Nord. Je suis d’origine haïtienne. Présentement, j’habite dans Centre-Sud depuis presque 6 ans. Quand avez-vous commencé à travailler dans l’industrie musicale? J’ai commencé lorsque j’avais 16 ans. Je passais des flyers pour mon oncle qui était promoteur de club. J’ai organisé mon premier évènement la même année. Ensuite, j’étais blogueuse pour 33MAG et MusicIsMySanctuary. Pour poursuivre dans la réalisation d’un documentaire intitulé “Piu Piu, a film about Montreal beat scene” qui couvrait la scène de beatmaker montréalais tel que Kaytranada, Kenlo Craqnuques, Dead Obies et plusieurs autres. The Lot Radio, Brooklyn Quand avez-vous commencé à aimer la musique? Depuis le ventre de ma mère. Elle jouait souvent “Banm Yon Ti Limyè” de Manno Charlemagne en mettant des écouteurs sur son ventre. Elle disait qu’elle voulait élever une leader. Étant plus jeune, ma mère faisait de la danse contemporaine. Elle avait plein de cassettes de musique provenant de différentes sphères musicales. J’ai grandi avec du New Wave, de la musique cubaine et du jazz. Mon père avait des cassettes de dancehall des 90’s (je les ai toujours) et des albums de Jimi Hendrix. Puis, mon grand-père maternel était auteur-compositeur d’une chorale de gospel haïtien. Il mélangeait le kompa aux rythmes religieux. Ma tante Sylvie est 16 ans plus âgée que moi. Elle est la première née au Québec dans la famille. Elle était ma gardienne et elle m’a bercé avec du Rap et du R&B des 90’s… Le vrai déclic s’est fait lorsque j’avais 14 ans et j’ai lu la biographie de Bob Marley que j’ai volée à la bibliothèque de mon école secondaire. Embed from Getty Images À 20 ans, quel était votre rêve? .. donc il y a presque 5 ans. Je souhaitais avoir un label qui fait uniquement la distribution numérique et vinyle. Je souhaitais faire de sortie d’album très niche un peu comme Brownswood ou Brainfeeder. Je voulais vivre chaque seconde de la beat scene à Los Angeles (les mercredis Low End Theory) et avoir carrière de journaliste musicale globe-trotter. Avez-vous été musicienne? J’ai eu des cours de piano de 8 ans à 12 ans parce que j’allais dans une école d’art à Montréal-Nord. C’était très récréatif, ça nous faisait oublier nos petites misères. Par contre, je vous dirais que la danse est mon premier amour. À PROPOS DE L’INDUSTRIE MUSICALE En vivez-vous? Oui, je réalise un grand rêve. Est-il encore possible aujourd’hui de gagner sa vie dans l’industrie musicale? Oui, je crois que rien n’est impossible à celui qui croit. Avec Tyler the Creator Que faut-il faire pour y arriver? Il faut être passionnée, savoir pourquoi on le fait et pour quelles raisons et croire en soi. Je suis du type à cogner aux portes sans nécessairement avoir un nom et c’est ce qui a bâti ma carrière. On doit être capable de s’ouvrir des portes soi-même et même les construire quand elles n’existent pas. Qu’aimez-vous dans votre emploi / occupation actuelle? J’aime être mon propre patron et faire mon propre horaire. Je suis une lève-tôt. Alors, je fais tout en matinée pour pouvoir profiter de la vie et de ses imprévus. Je peux aussi me permettre de voyager tout en travaillant dans mon domaine. En entrevue avec Dallas Green Que changeriez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui? Un tas de trucs ! J’aimerais qu’il y ait plus de femmes noires qui ont des postes de haut niveau. Je veux voir plus de femmes performer dans les grands festivals et plus de musique intemporelle. La rémunération des artistes aussi doit être révisée. Quel grand rêve n’avez-vous pas encore accompli? mmmm, j’aimerais faire la programmation d’un festival comme Afro Punk Fest, Dimension Festival ou n’importe quel Festival de Jazz. Je souhaiterais aussi réaliser des vidéoclips musicaux. J’ai coché beaucoup de cases de ‘’grand accomplissement’’ sur ma liste cette année. Il en reste d’autres à faire, mais je prends mon temps. Tout change souvent. J’aime bien rediriger ma carrière pendant que je la construis. On peut toujours se réinventer. Le vinyle, la cassette, le CD ou le numérique? J’ai seulement 24 ans, j’ai grandi à l’époque où les cassettes s’apprêtaient à disparaître. Je n’ai jamais accroché au format CD malgré que j’ai travaillé chez HMV. Par contre, je suis une enfant de l’internet. J’ai internet chez moi depuis 1999. J’ai toujours fait des recherches en ligne. Depuis maintenant 6 ans, je collectionne les vinyles. Je suis allée à New York, Toronto, Atlanta, au Brésil, à Amsterdam, Paris, Berlin pour acheter des disques. Vinyl Love À PROPOS DE LA MUSIQUE Vos styles de musique préférés? J’aime la musique intemporelle. Peu importe le style musical. Est-ce que ç’a toujours été le cas dans votre vie? Quand j’étais ado, j’écoutais beaucoup de rock psychédélique surtout The Doors, de rap des années 90’s et début 00’s ainsi qu’une tonne de Bob Marley. Je connaissais sa discographie plus que mes leçons de maths. Je crois que ce que j’écoute maintenant est l’évolution de ce que j’aimais avant. Soulection Sur une île déserte, vous emmèneriez ces 5 albums (pas plus) AÏE ! Hollywood Recordings de Sa-Ra Creative Partners L’album éponyme de Gal Costa Ode to Drums de Dave Liebman Los Angeles de Flying Lotus Brasil 1500 de Manduka Playlist! Quel est l’artiste le plus sympathique que vous ayez rencontré? Thundercat, Flying Lotus sont très cool. Les gars de BBNG aussi. Kaytranada c’est mon amour. Avec Flying Lotus Qu’est-ce qui peut rendre un artiste désagréable? J’ai beaucoup d’empathie. Je peux comprendre que certains artistes sont moins sociables et extravertis que sur scène. Ils ne sont pas nécessairement froids, mais, plutôt introvertis et c’est des humains au final. Quel artiste brillant aurait dû percer davantage, selon vous? Au Québec, je dirais Noo Bap, Kenlo Craqnuques, Joey Sherrett (The Posterz) et Modlee & Vlooper. À l’international, on devrait parler plus de Jon Bap, Nick Hakim, @Peace and the Plutonian Noise Symphony (RIP). On les écoute de ce pas! Qui aimeriez-vous rencontrer? J’aimerais assister aux sessions de studio de Flying Lotus. Sinon, j’aimerais bien passer 1 semaine dans les vinyles de Madlib et Joel Stones. Merci Aïsha! Pour rejoindre Aïsha ou écouter sa musique et ses mix, cliquez sur les liens ci-dessous! mixcloud.com/gayance facebook.com/gayancemusic instagram.com/gayance Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments