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Artiste du jour: Arno

J’ai une relation amour/haine avec Arno, le vétéran chanteur belge de 63 ans qui a débuté sa carrière musicale en 1972. Parfois je l’adore, parfois il m’horripile. Lorsqu’il créé des chansons touchantes de sensibilité (il y en a toujours au moins un ou deux sur chaque album), je le trouve attachant dans son personnage de vieux chanteur blessé. Mais lorsqu’il personnifie le soulon qui n’a pas de contrôle sur son corps et qui semble vomir dans son micro (ce qu’il fait immanquablement à chaque concert, au grand plaisir de ses fans qui y voient un Jim Morrison franco-flamand), je le trouve ridicule.

Aucun de ses disques n’a atteint le sommet de « Arno Charles Ernest » paru en 2002, à mon humble avis.  Et depuis, à chaque nouvel album, je me demande si j’aurai droit au Arno bouleversant ou pas.

Le tout dernier, publié il y a quelques semaines à peine, n’est pas inintéressant. Le 4e titre, Chanson d’amour, fait partie de la catégorie qui me plait: touchante, prenante, calme, intense. Mais avant d’en arriver là, on a dû se taper quelques titres plus faibles comme Show of Live, délibérément faite pour le concert. Mais ce 19e album solo en carrière d’Arno a quelque chose que la plupart de ses autres oeuvres n’ont pas: de l’audace instrumentale.

Le premier extrait de l’album est malheureusement l’une des pièces que j’apprécie le moins. Je vous la présente quand même:

 

Pour la première fois depuis des lunes, il tente de nouvelles choses, notamment avec de l’électronique parcimonieuse (Quand les bonbons parlent – qui par contre nulle en matière de texte) et les ambiances burlesques à la Tom Waits ou Dany Placard (If I was). Sur Ça plane pour nous (rien à voir avec Plastic Bertrand, rassurez-vous), l’audace tient dans l’absence totale de batterie lors du refrain pourtant accrocheur et énergique. Une tension non résolue qui va à l’encontre d’une règle élémentaire du rock. L’album a été réalisé par John Parish, un proche collaborateur de PJ Harvey.

Dans le clip ci-dessous, le chanteur explique sa démarche.

 

Puis, la super Je veux nager – l’une des bonnes chansons de l’album dont je vous parlais plus haut, de 2002.

 

Arno c’est un peu le mélange d’un Gainsbarre bourré et d’un Tom Waits inspiré. Dr Jeykell et Mr Hyde. À chaque chanson, on ignore à quel Arno on aura affaire. Sur « Future Vintage », on a les deux à parts égales. Il y en a pour tous les goûts.

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Artiste: Arno
Album: Future Vintage
Etiquette: Naïve
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photo d’Arno par Danny Willems, tirée de la page Facebook de l’artiste

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About The Author

Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.