J’ai eu la chance de voir évoluer le groupe français Fauve depuis son émergence en 2010. En effet, j’ai assisté aux 4 concerts qu’ils ont donnés au Québec, tous à Montréal; 3 fois aux Francos et une en hiver à Montréal en lumière. Et force est d’admettre que l’essence du groupe a changé depuis la première fois, il n’y a que 4 ans.

Fauve donne toujours un excellent concert. L’énergie était “au top” hier soir: on sentait la fébrilité de la foule venue voir la crème du slam/rap français. (On ne dira pas hip-hop parce que leur musique est beaucoup plus rock que hip-hop).

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Ce qui a changé (pour le mieux):

– Le chanteur Quentin Postel a l’air beaucoup mieux dans sa peau. La première fois que je l’ai vu sur scène, je croyais qu’il s’en allait droit vers une dépression majeure, tellement son anxiété était perceptible. Une telle urgence dans la voix, un body language qui trahissait son mal-être, il arpentait la scène d’un pas rapide et stressé, de long en large, comme un lion en cage, comme un fou en cellule.  Aujourd’hui, ses paroles filent toujours à toute allure, mais il semble savourer davantage sa présence sur scène. Il est en contrôle.

-La performance visuelle et sonore est plus spectaculaire

Ce qui a changé (et dont je m’ennuie):

Fauve avait la très belle habitude de raconter une histoire de façon imagée, en utilisant un immense écran sur lequel étaient projetées des scènes de film, où des comédiens transmettaient une émotion, comme dans leurs premiers clips.

Le groupe jouait, presque stoïque (sauf le chanteur – comme je l’expliquais plus haut), et créait ainsi une ambiance spéciale et complètement unique, qui allait chercher des éléments visuels narratifs, se rapprochant de l’art contemporain ou du court métrage. Le public avait la liberté de s’imaginer sa propre histoire en faisant des liens entre ce qu’il entendait et ce qu’il voyait. Fascinant!

Hier soir, les visuels prenaient toujours une large place sur écran géant derrière le groupe, mais on n’y voyait que des couleurs et effets lumineux. Plutôt commun, aujourd’hui.

Les musiciens de Fauve sont dorénavant dégênés et sautent partout, tout au long du concert. Le guitariste lipsync (sans micro) la plupart des paroles, head-bangant les moments plus punchés… Ils sont maintenant confortables sur scène, comme les stars qu’ils sont devenus graduellement au fil des années.

Ils ont perdu une partie de ce qui les rendait uniques. Mais ils ont gagné en masse de fans.

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.