Rhye

photo: enMusique.ca

RHYE – Métropolis
Grosses d’attentes pour Rhye, dont l’excellent et langoureux album « Woman » séduit presque toutes les oreilles qui s’y attardent. Le groupe mené par le chanteur à la voix androgyne Mike Milosh avait séduit, il y a quelques mois, lors de son passage au Cabaret du Mile-End, une salle bien plus petite que ce grand Métropolis parfois un peu compliqué à remplir, sonorement parlant.

Rhye connait un départ un peu raide, un peu carré, un peu sec. Avant le groove de Last Dance, les choses tardent: est-ce le groupe qui est nerveux de jouer dans une si grande salle, ou le fait que les pièces sont interprétées un chouia plus lentes qu’à l’habitude? Chose certaine, la sauce ne colle pas aussi facilement qu’au Cabaret.

Et puis, la gaffe. Milosh a été jusqu’à dire au public de se taire, d’arrêter de jaser, ce qui le gêne, l’empêche d’être dans le « mood ». Malaise.
Désolé, mais ca ne se demande pas. Si tu maîtrises ta salle, t’as pas besoin de dire aux gens qui jasent de se taire puisqu’ils t’écoutent. J’ai assisté à des concerts d’artistes qui jouent la carte de l’intimité, comme Ben Harper, Jonsi (le chanteur de Sigur Ros) ou Regina Spektor et aucun d’entre eux n’avaient besoin de demander au public de se taire : nous étions tous pendus à leurs lèvres.

La première demi-heure du concert de Rhye n’était malheureusement pas transcendante. Certainement que le Métropolis est une grande boite difficile a rendre intime, mais la chose n’est pas impossible. Rhye – une formation toute jeune qui n’a qu’une douzaine de chansons à son répertoire – n’est peut-être simplement pas rendu à ce niveau.

Pourtant, une bonne partie du public était conquise: hyper enthousiastes à chaque chanson, certains dansant collé-collée, en couple. Rhye fait de la musique de séduction, chaude et intime, normal que les couples présents aient plus envie de se coller que d’écouter chaque syllabe.
Milosh a proposé quelques chansons de son crû pour allonger le set (dont The City, à propos de Montréal d’ailleurs, où il a déjà vécu). On se rappelle qu’ils avaient dû être brefs en rappel au Cabaret, faute d’avoir d’autre matériel à interpréter!

Rendu à Hunger en fin de show, Rhye s’était placé et le groove était revenu (et la foule s’était tue). À la demande (tsss, il est incorrigible) de Milosh en fin de concert, le public a essayé de rester tranquille pour Love, le tout dernier titre du concert… et de leur répertoire!

Non, Rhye n’a pas appris de chanson depuis avril. Dommage qu’ils ne se soient pas essayés avec une reprise d’un artiste similaire: Antony and the Johnsons ou Sade, par exemple. Hang on to your love aurait été divine en conclusion de soirée…

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.