Un an après la mort de Kurt Cobain, le grunge occupe toujours le haut des palmarès et les ondes des radios rock alternatives. On entend régulièrement les Green Day, Pearl Jam, Soundgarden, Bush x, The Offspring, Silverchair, Pavement, Pennywise… dans un mélange de hard rock, de punk et de pop, chacun dosant ces trois ingrédients à son goût. Les textes sont souvent sombres, les musiques viscérales : c’est l’heure de gloire des torturés: NIN, Smashing Pumpkins et même Metallica sont extrêmement populaires durant cette période.

À travers tout ceci atterri le projet de Butch Vig, déjà célèbre dans le milieu pour avoir réalisé les albums « Nevermind » de Nirvana, « Dirty » de Sonic Youth et « Siamise Dream » des Smashing Pumpkins, Vig passe de l’autre côté de la console dans un geste que peu d’autres réalisateurs osent: il lance son propre band, un peu comme s’il connaissait la recette du succès et allait rediriger vers lui un peu de la gloire qu’il a créée pour les stars du grunge.

Voici donc Garbage. Une formation composée de vétérans musiciens (visiblement plus vieux que la moyenne populaire à l’époque) et d’une bombe d’énergie: l’Écossaise Shirley Manson. Garbage a effectivement ce que tous les bands grunge n’ont pas: une chanteuse incroyablement belle.

shirleymanson

Mais Manson ne jouera pas les nunuches pop. Ce qu’elle chante n’est pas joyeux, ses textes sont provocants (Queer), son attitude est frondeuse. Shirley Manson n’envoie pas le même message que les starlettes de la pop (baise-moi), mais s’affiche plutôt comme une jeune femme forte, consciente de son charme, mais désirant se faire prendre au sérieux. Le batteur et réalisateur Vig et ses vieux potes (Duke Erikson à la basse et Steve Marker à la guitare – ce dernier ayant été ingénieur du son) ont beau connaître la recette du succès au milieu des années 90, sans cette chanteuse magnétique, ils n’iraient nulle part.

Avec ces ingrédients, Garbage arrive en trombe sur les ondes radio avec des tubes extrêmement efficaces, qui ont très bien vieilli. 20 ans plus tard, on écoute Only Happy When It Rains, Stupid Girl et Queer avec le même plaisir qu’en 1995. Les airs pop, la grosse basse fuzz, les guitares lourdes, le rythme syncopé font de Garbage un excellent élève des Pixies, récupérant l’énergie, le charme, la fronde, mais ajoutant un aspect pop que les autres n’oseront jamais.

Le reste de leur premier album, éponyme, n’est pas aussi remarquable. Mais il n’est pas daté non plus. « Garbage », le disque, a bien vieilli. (Shirley Manson, aujourd’hui 51 ans, aussi!). Au total, 4 millions de copies trouveront preneur.

La légende raconte que la chanteuse Shirley Manson – qui oeuvrait alors au sein du groupe Angelfish – a rencontré pour la première fois Vig, Erikson et Marker le 8 avril 1994, à Londres. Plus tard dans la soirée, Vig apprenait le décès de Kurt Cubain, par suicide, dans sa demeure à Seattle.

Personnellement, j’ai moins accroché sur les albums suivants de Garbage, beaucoup plus pop légers. Rien qu’à voir les clips des chansons Special ou When I Grow Up, de 1998, Androgyny (2001) jusqu’à Cherry Lips de 2005, ce n’est plus ce que c’était. Dommage.

GARBAGE
Garbage
(MCA, 1995)

-Genre: pop alternative
-Dans le même genre que Fiona Apple, The Breeders, Smashing Pumpkins

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.