Bien que le nom Girls in Hawaii semble plus identifier un groupe de collégiens faisant du punk rock pop (ou évoquer un fantasme masculin), il n’en est rien. C’est plutôt le nom d’un quintette belge, mené par Antoine Wielemans un chanteur doux et sensible (la belle Misses) et dont les cinq membres s’efforcent de créer autant dans le minimalisme ambiant (The Springs) que du indie rock assez rythmé (We Are The Living). « Everest » est un album très réussi, aux mélodies souvent très belles et subtilement accrocheuses. On pense à Luna, Grandaddy, Avec pas d’casque. L’art de Girls in Hawaii se déploie à travers cette superbe voix, qui traine en longueur, dans un folk qui prend le temps d’égrainer les accords. « Everest » est le genre d’album qui devrait plaire aux fans de dEUS (surtout avec la chanson Switzerland) ou des Go-Betweens. Le type d’album qu’on se surprend à écouter bien plus souvent qu’on ne l’aurait cru, tout simplement parce que les chansons sont excellentes (Changes Will Be Lost), et la musique recherchée, bien que les trouvailles restent subtilement exploitées. La vedette est laissée, avec raison, au chant et à l’ambiance. Voici quelques-unes des excellentes chansons d’« Everest », suivies d’autres de Girls in Hawaii. Lorsque les chansons « décollent », c’est aussi revitalisant qu’une première journée de printemps, qu’une brise fraîche en pleine canicule. Ça fait « ahhh oui. C’est ça que je voulais, ce dont j’avais besoin, ce dont je rêvais. » Les crescendos sont subtils et efficaces (l’épique Mallory’s Heights, en hommage à deux alpinistes disparus), emmenant facilement à 20 000 pieds d’altitude. Cet album est bien nommé. Un deuil lourd à porter En faisant un peu de recherche sur le groupe, j’apprends que l’album a été composé et enregistré après un drame vécu dans le groupe en 2010 lorsque survient le décès du batteur Denis Wielemans, 28 ans, le petit frère du principal auteur du groupe, dans un accident de voiture après un concert avec un autre groupe, Hallo Kosmo. La troupe est meurtrie et peine à se relever de la brutale disparition de leur ami. Le deuil est particulièrement difficile pour Antoine, qui partira se recueillir plusieurs mois dans les Ardennes belges. Dans une entrevue chez Les Inrocks, le leader du groupe constate que « Everest » est un album sombre, mais que jamais il n’a été consciemment voulu d’en faire un album hommage à Denis. Il reflète plutôt, de façon subconsciente, l’état d’esprit dans lequel étaient les musiciens suite à la perte. Il s’agit du 3e album du groupe formé en 2000 par Antoine et Lionel Vancauwenberghe qui enregistraient alors leurs compositions sur un 8-pistes. Leurs frères respectifs sont recrutés (Denis Wielemans et Brice Vancauwenberghe) ainsi que deux amis: Christophe Léonard et Daniel Offermann. Je ne connais que trois groupes rock belges (dEUS, My Little Cheap Dictaphone et maintenant Girls In Hawaii), et je les adore les trois. Pour les mêmes raisons: des mélodies qui happent, qui hypnotisent (Not Dead), un habile mélange entre rock recherché (comme tout ce que fait dEUS) et airs pop qui restent accrochés à l’oreille éternellement. Je suis ravi que Girls in Hawaii s’ajoute à cette courte liste d’élite (qui j’espère va s’allonger!). « Everest » est l’un des meilleurs albums que j’ai entendus en 2015 (bien qu’il soit sorti en… 2013 ; excusez le petit délai). Diversifié mais cohérent, accrocheur mais jamais bonbon. Une perle rare qui mérite le détour. Depuis, en 2014, ils ont fait paraître un EP et un album live acoustique. GIRLS IN HAWAII Everest (62TV Records, 2013) -Genre: indie folk rock -Dans le même genre que dEUS, Luna, The Go-Betweens Lien vers la page Facebook du groupe Lien vers le channel YouTube du groupe Read a review of this album in English here. photos tirées de la page officielle Facebook du groupe Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments