HOWLIN’ WOLF : Les débuts du blues électrique Benoit Bergeron 2014/12/01 Albums, Genres Cet article est le premier de deux à propos des deux premiers albums/compilations du bluesman Howlin’ Wolf. Howlin’ Wolf, Chester Arthur Burnett de son vrai nom, a dominé la scène blues du Chicago d’après-guerre. Mesurant 191 centimètres et pesant près de 300 livres, il était aussi physiquement imposant. Avant de devenir un des plus influents bluesman, il a toutefois roulé sa bosse durant de longues années. Né au Mississippi en 1910, Burnett a joué dans les années 30 avec certains des légendaires joueurs de blues acoustique du Delta du Mississippi, dont Charlie Patton, Son House, Willie Brown et Robert Johnson. De 1941 à 1944, il a servi dans les forces armées, pour ensuite revenir sur la ferme familiale, à West Memphis, en Arkansas. Se remettant à la musique, il a formé un groupe en 1948 pour des prestations diffusées sur la mythique station de radio KWEM. C’est en 1951 qu’il a traversé la Rivière Mississippi et est allé à Memphis. Il a rencontré un jeune Sam Phillips, qui avait mis sur pied l’année précédente Memphis Recording Service, connu plus tard sous le nom de Sun Studios. Howlin’ Wolf y a enregistré son premier single : How Many More Years en face A, Moanin’ At Midnight en face B. Phillips n’ayant pas encore fondé Sun Records (il le fera l’année suivante), le single est paru sur Chess Records, la maison de disques créée en 1950 par les frères Chess, Leonard et Phil, à Chicago. Le succès a été instantané avec ces chansons, et Wolf a été signé par Chess. Il a décidé de partir pour Chicago en 1952, avec 4000 dollars dans ses poches – une somme considérable pour l’époque. Et pour emprunter une formule éprouvée : le reste appartient à l’histoire. Voici d’ailleurs The Howlin’ Wolf Story – The Secret History of Rock & Roll, un excellent documentaire qui retrace sa vie et sa musique. Il faut écouter les premières minutes pour entendre le vénérable bluesman nous expliquer ce qu’est le blues. Une fois arrivé à Chicago, il sera hébergé quelque temps par Muddy Waters, et formera un nouveau groupe peu après. Dans les années suivantes, il enregistrera classique après classique. Chess compilera les enregistrements de 1951 à 1959 sur le vinyle « Moanin’ in the Moonlight », et ceux de 59 à 62 se retrouveront sur un album éponyme (aussi appelé « The Rockin’ Chair Album »). Regroupant l’essentiel de ses chansons qui sont devenus des standards du blues et du rock, ces deux opus sont disponibles depuis 1986 sur un seul et même album (l’ordre des albums est toutefois chronologiquement inversé). Très abordable, ce disque est certainement la meilleure porte d’entrée afin de découvrir l’œuvre de ce grand artiste. Voici le premier disque dans son entièreté, avec la liste des chansons au bas (Moanin’ At Midnight joue deux fois au début). 1. Moanin’ at Midnight: 3:00 2. How Many More Years: 6:00 3. Smokestack Lightning: 8:46 4. Baby How Long: 11:56 5. No Place to Go: 14:55 6. All Night Boogie: 17:56 7. Evil: 20:14 8. I’m Leavin You: 23:12 9. Moanin’ For My Baby: 26:15 10. I Asked for Water (She Gave Me Gasoline): 29:09 11. Forty Four: 32:04 12. Somebody in my Home: 34:56 « Moanin’ In The Moonlight » s’ouvre avec les deux premières chansons enregistrées à Memphis. La géniale Moanin’ At Midnight met en vedette le hurlement et l’harmonica de Howlin’ Wolf, alors que l’excellente How Many More Years est très lourde. Plusieurs disent d’ailleurs que Willie Johnson est un des premiers guitaristes à avoir utilisé des power chords remplis de distorsion. Ike Turner joue également du piano sur la pièce (notons que Led Zeppelin en fera une version remaniée sur son premier album). Absolument irrésistible, le motif de guitare de Smokestack Lightning complémente parfaitement le chant inspiré de Wolf et le rythme propulsif de la chanson. Cette pièce a été reprise entre autres par The Animals, The Yardbirds et Grateful Dead, mais aucun de ces groupes n’a pu même approcher l’intensité et la ferveur de l’originale. Écrite par Willie Dixon (la seule de l’album), l’époustouflante Evil contient une magnifique performance d’Otis Spann au piano. Howlin’ Wolf déploie sa voix inimitable, avec aboiement et grognement, sur l’efficace I Asked For Water (She Gave Me Gasoline). Au rythme militaire, Forty-Four est une réécriture d’un standard de blues des années 20. Le piano d’Otis Spann et l’harmonica de Wolf se déchaînent une fois de plus sur Baby How Long. La guitare est géniale sur I’m Leaving You, alors que Howlin’ Wolf fait une performance extraordinaire au chant et à l’harmonica sur Moanin’ For My Baby. Après avoir déménagé de son patelin dans l’espoir de mener à terme ses ambitions musicales, Howlin’ Wolf a composé et enregistré, dès les premières années, certains des plus grands classiques du blues électrique de Chicago. Ceux qui pensaient que Howlin’ Wolf avait tout donné ont été surpris : le meilleur restait à venir. Cliquez ici pour lire la suite HOWLIN’ WOLF Howlin’ Wolf/Moanin’ in the Moonlight (Geffen Records, 1986) -Genre : blues électrique de Chicago -Dans le même genre que Muddy Waters, Little Walter, Elmore James Lien vers l’achat en ligne (iTunes) HOWLIN' WOLF : Les débuts du blues électrique ORIGINALITÉ 100% AUTHENTICITÉ 90% ACCESSIBILITÉ 85% DIRECTION ARTISTIQUE95% QUALITÉ MUSICALE100% textes85%93%Overall ScoreReader Rating: (0 Votes)0%Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments