JEAN LALONDE, DJ et animateur: “Plus le temps avance, plus la palette s’élargit!” Nicolas Pelletier 2017/03/05 Infos (Fr), Les Passionnés de l'industrie Parmi les gens les plus passionnés par la musique, il y a ceux et celles qui travaillent dans l’industrie: chez les labels, les relationnistes de presse, les promoteurs de concerts, les gestionnaires de salles de concert, les journalistes culturels, etc. RREVERB propose une série d’entrevues avec les artisans passionnés de la musique. Cette semaine, rencontrons… JEAN LALONDE Quel est votre nom, quel est votre rôle dans l’entreprise musicale où vous travaillez, et depuis quand y œuvrez-vous? D’où êtes-vous et où vivez-vous maintenant? Jean Lalonde. J’ai une double-vie. Le jour, je fais dans l’informatique et les internets. Le reste du temps, je fais dans la musique. Soit comme DJ, occasionnellement, mais surtout actuellement comme réalisateur et animateur de l’émission musicale Musique de Montréal sur MixCloud. Je suis de Montréal et y réside toujours. Quand avez-vous commencé à travailler dans l’industrie musicale? Dans les années 1970, j’ai fait DJ dans des brasseries et des partys. J’ai aussi été travaillé dans une compagne de distribution de disques (Opus). Ensuite, la musique est plutôt devenue mon hobby pendant que je travaillais en information dans des stations de radios communautaires et à Radio-Canada, puis en informatique. Mais je suis toujours resté DJ et j’ai toujours collectionné et classé ma musique afin de pouvoir l’exploiter le plus efficacement possible. Quand avez-vous commencé à aimer la musique? À l’adolescence, à la fin des années 1960. Dans les premières années de Robert Charlebois. À 20 ans, quel était votre rêve? J’avais fait beaucoup de radio étudiante. J’aurais voulu animer une émission musicale à la radio FM comme les Michel Trahan ou René-Homier Roy alors animateurs à CJMS-FM (qui deviendra CKMF en 1978, puis Énergie beaucoup plus tard) ou comme Gérard Lambert à CHOM-FM. Je n’ai pas réalisé ce rêve mais je me reprends aujourd’hui avec mes émissions sur MixCloud! Michel Trahan, René Homier-Roy Avez-vous été musicien/enne? Racontez-nous votre carrière. Je me suis essayé à la basse mais je n’ai pas eu la persévérance. J’admire les musiciens pour leur ténacité! Parlez-moi de votre émission de radio numérique. D’où vient l’idée, le besoin, le plaisir de créer ces enchaînements de chansons sur des thèmes choisis? J’ai longtemps blogué sur la musique et, par respect pour les droits d’auteur, je me limitais à ne diffuser que de courts extraits des pièces dont je parlais. Mais quand j’ai trouvé la plateforme MixCloud qui a des ententes avec les ayants droits, j’ai décidé de diffuser des émissions complètes. Ça a pris la forme la série d’émissions hebdomadaires Musique de Montréal. En presque deux ans, j’ai développé une bonne audience avec près de 4 000 auditeurs par mois. Je fais des assemblages musicaux depuis toujours et j’aime intégrer des musiques d’époques et de genres variés pour en faire un tout cohérent et agréable. Cela fait changement des plateformes de streaming qui diffusent des listes aléatoires sans âmes. Aussi, je prends soin d’intégrer les pièces les unes dans les autres, parfois sur plusieurs secondes, sinon juste à la seconde qu’il faut, pour que les pièces se relancent et s’enrichissent les unes les autres. Pour ma recherche, j’ai un bon soutien des gens de l’industrie qui me tiennent informés de la production récente et je suis content de contribuer à la diffusion de la musique d’ici qui se fait trop rare sur les plateformes de streaming. SUR L’INDUSTRIE MUSICALE En vivez-vous? J’en ai vécu de 2008 à 2012 en tant que directeur internet de l’Équipe Spectra (Festival international de Jazz de Montréal, FrancoFolies, l’agence d’artiste et compagnie de disque, etc.). Ensuite, ma carrière s’est tournée à nouveau vers des projets en dehors de l’industrie musicale. Quelle(s) rencontre(s) a(ont) été déterminante(s) dans votre carrière dans l’industrie musicale? Jacques-André Dupont était VP marketing de l’Équipe Spectra lorsqu’il m’a engagé pour donner un nouvel élan aux projets web de Spectra. Il est devenu le PDG de Spectra depuis. C’était une période très excitante! À l’occasion du 30e anniversaire du Festival de Jazz, nous avons refait toute l’histoire du Festival sur le site web depuis 1980 (programmation, textes, entrevues, vidéos, etc.) pour les mettre en valeur sur le Web et à la Médiathèque de la Maison du Festival. Collaborer avec André Ménard, directeur artistique du FIJM, a aussi été très marquant. Avec sa mémoire prodigieuse, il a été un joueur clé dans cette opération de capture de la mémoire du festival. Que changeriez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui? Si j’étais magicien, j’inventerais une solution au problème des droits d’auteur sur les plateformes numériques. C’est désolant de voir comment les créateurs sont négligés actuellement. Le vinyle, la cassette, le CD ou le numérique? Je n’ai pas la nostalgie du vinyle (j’en ai quand quelques centaines encore dans ma cave). Je suis donc au numérique surtout pour son côté pratique. photo par Mikael Theimer SUR LES ARTISTES ET LA MUSIQUE Vos styles de musique préférés? Est-ce que ç’a toujours été le cas dans votre vie? Allons-y par périodes… Chanson québécoise dans les années 60, rock progressif dans les années 1970, puis le jazz (surtout de la famille ECM), la musique du monde, et, plus le temps avance, plus la palette s’élargit, plus je qualifierais mes goûts d’éclectiques… Et j’adore ce qui se produit au Québec depuis les dernières années. Sur une île déserte, vous emmèneriez ces 5 albums (pas plus). Abbey Road (The Beatles) Soleil (Jean-Pierre Ferland) Dimension “M” (Franck Dervieux) Foxtrot (Genesis) The Colours Of Chloë (Eberhard Weber) et j’espère 1) qu’il y a une table tournante sur cette île et que 2) d’autres me rejoindrons avec tant d’autres albums… Playlist! Quel est l’artiste le plus sympathique que vous ayez rencontré? Il n’est pas musicien mais il est très actif dans l’industrie montréalaise. C’est Yves Archambault, l’affichiste et illustrateur du Festival de jazz. Il illustre aussi souvent des pochettes de disques. Il a du génie mais avec toute l’humilité des grands artistes. Lien vital, d’Yves Archambault (2007) Qu’est-ce qui rend un artiste désagréable? Pouvez-vous raconter une situation qui vous est arrivée (sans nommer l’artiste si vous préférez) où il y avait malaise, ou un comportement désagréable. J’ai eu la chance de rencontrer plusieurs grandes pointures du jazz pour réaliser des entrevues pour le site web du Festival avec mon collègue Michel Defoy. La plupart ont été très généreux, qu’ils soient des musiciens d’ici comme Oliver Jones ou le regretté Guy Nadon, ou qu’ils trônent parmi les plus grands comme les John McLaughlin, Chick Corea ou Gary Burton. Mais quand un artiste se sent piégé à faire une entrevue vidéo, qu’il comprend que c’est pour le web alors qu’il n’a (du moins à l’époque) aucun intérêt pour la chose numérique… disons que cela a donné un beau malaise et que l’entrevue avec Pat Metheny n’a pas passé la rampe. Quel artiste brillant aurait dû percer davantage, selon vous? Je pense d’abord à des artistes que la vie a fauchés trop tôt. Comme Franck Dervieux, un extraordinaire pianiste et compositeur montréalais d’origine française, délaissé par Jean-Pierre Ferland au moment de créé Jaune et qui s’est retourné pour faire le premier album qu’on pourrait qualifier de rock progressif au Québec. Dervieux est mort du cancer tout juste après la sortie de son album Dimension “M” en 1971. Quel dommage. Puis je pense à Jean Fortier, chanteur du groupe folklorique Les Cailloux, dans les années 1960, qui n’a eu le temps que pour un album solo aux sonorités rock, soul et folk, en français. C’était en 1970, avant qu’il ne perdre la vie prématurément en 1971. Sinon, des artistes qui n’ont pas eu leur première chance, ou leur nouvelle chance… il y en a tellement. Merci Jean! Pour écouter les émissions de radio de Jean Lalonde sur Mixcloud, cliquez ici! Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments