Le pianiste Jean-Michel Blais a lancé au printemps 2016 un magnifique album de piano solo, simplement intitulé “II” (comme c’est son second opus). Il y présente son art, qui s’inscrit dans la lignée de ces musiciens hors styles, tels Gonzales ou Martin Lizotte. Ils ne font pas du jazz ni de la musique classique. Ce n’est pas de la musique actuelle (au sens FIMAV du terme) ni de la pop. Je n’aime pas le qualificatif d’instrumental puisqu’il ne veut rien dire à part qu’il n’y a pas de chant. Et ce terme est souvent associé aux musiciens “quétaines” comme Kenny G et Richard Clayderman. Or avec Blais, on ne nage pas dans le quétaine du tout. À l’instar d’un Gonzales, le pianiste originaire de Montréal âgé de 31 ans présente son propre univers, seul sur son instrument de prédilection. Et avec ce genre de musicien, on sent tout l’amour, la fusion, la passion qu’ils ont développée avec l’instrument. C’est clairement devenu pour eux une façon de communiquer, de s’exprimer. Ils font corps avec les sonorités et mélodies. Sur « II », Blais n’utilise pas que le piano, bien qu’il domine largement l’œuvre. On y entend aussi quelques cordes et des extraits sonores, comme des enfants qui jouent, en intro sur Hasselbad 4. Un morceau probablement enregistré à la maison, simplement. La seconde partie de Nostos se sert de séquences et de nappes de claviers, créant un pinacle d’intensité au milieu de ce bref album de huit titres, souvent assez brefs. Quatre des huit morceaux n’atteignent pas la barre des trois minutes. Le disque s’achève sur l’épique Casa, qui, elle, dure presque huit minutes. On y retrouve l’esprit d’Érik Satie, avec ses vagues de mélodies et ses délicates variations d’intensité. Le parcours de Blais est particulier. Il grandit dans un petit village où peu de culture se rend. Il s’amuse avec l’orgue de l’église. On lui paye des cours de piano. Accepté à 17 ans au Conservatoire de musique de Trois-Rivières, il se rebelle contre la rigidité de l’éducation musicale et préfère l’improvisation et la composition. À la mi-vingtaine, il part vivre à Berlin, puis en Amérique du Sud. C’est finalement à Montréal qu’il compose les pièces de « II » en improvisant tous les jours pendant deux ans. « II » est une œuvre qui se savoure autant pour créer une ambiance reposante un petit dimanche matin avec un bon latte que pour une écoute assidue, comme on le ferait avec un pianiste de jazz. « II » est paru le 8 avril dernier. Chaleureusement recommandé. JEAN-MICHEL BLAIS II (Arts & Crafts, 2016) -Genre: piano solo -Dans la lignée des Gonzales, Martin Lizotte, Alexandra Stréliski Écoute et achat sur Google Play Lien vers la page Facebook de l’artiste Lien vers la chaîne YouTube du label Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments