Sur son “Lighthouse EP”, Jenny Lysander, jeune artiste multidisciplinaire de 21 ans de Stockholm, nous présente des mélodies à la fois intimes, mais puissantes, raffinées, mais aussi empreintes d’une maturité déconcertante en guise d’introduction à son art. Le premier contact avec l’univers d’un créateur est toujours un moment particulier auquel je prends plaisir considérable. En effet, il nous est parfois permis, comme c’est le cas ici, de découvrir d’agréables et de florissantes merveilles. Il faut dire que l’espace du pop/folk féminin éthéré est, sans être saturé, véhiculé par d’assez grosses pointures en ce moment; Joanna Newsom, Laura Veirs, Agnes Obel, pour n’en nommer que quelques-unes. Qu’à cela ne tienne, sur ce premier enregistrement solo en carrière, la musicienne arrive assurément à nous captiver par un son pur d’une beauté lumineuse aux qualités à la fois sobres, mais aussi distinctes. Les harmonies virevoltantes et subtiles de guitares très douces, voire fantasmagoriques, nous apaisent de manières certaines. Et que dire de cette voix autant féérique que singulière; à la fois délicate, mais aussi légèrement rocailleuse par moments, lui conférant un caractère plaisamment unique. Loin d’être une réplique, c’est à une toute nouvelle constellation que nous sommes conviés avec cette artiste. Plusieurs registres d’émois Le mini album se déballe sur Dancing On The Edge une pièce alliant avec brio la délicatesse de la guitare principale à des sonorités stylistiquement sinistres en sourdine afin d’appuyer la mouvance et l’opposition dans le propos (amour, fuite?). C’est cette aisance à porter plusieurs registres d’émois simultanément, dans la musique, les textes et dans la voix, qui m’a transi au premier abord. Si l’on dénote une facture distinctive évidente et que les 4 pièces de l’enregistrement semblent à l’origine d’un même flot; nous ne sommes aucunement épargnés de stupéfactions, car c’est à des airs de flamenco que nous avons affaire sur Mind Me, le deuxième morceau. Au départ, encore une fois cette douceur qui nous empoigne (avec des chœurs quasi fantomatiques), mais la pièce s’emballe au final, soulevée d’un chant majestueux. Giving Thanks, évoque des intonations de carnaval, plus espagnol que scandinave mariant, encore une fois, la suavité à une fraicheur frémissante originale. Pour finir, The Thought That I Love, est d’une légèreté délicieuse et rare n’étant pas sans évoquer le ton et le son d’une Sarah Mclachlan acoustique (dans le bon sens). Mais encore une fois, il n’est pas question d’émule ici, mais plutôt de ressemblances seulement; il y a un vibrato et un je ne sais quoi dans la voix de Jenny qui lui réserve un lieu qui lui est propre. Pureté et simplicité Bien qu’il soit tôt pour crier au génie et se gargariser de superlatifs et de comparaisons (Joni Mitchell, rien de moins?); Lighthouse est l’un des rares albums folk récents qui a su provoquer chez moi à la fois frissons et réel enchantement. La Suédoise nous soulève de sa voix paisible et ravissante, avec des textes et des airs d’une grande poésie; de ce type d’éclat qui se love adroitement dans la pureté et la simplicité. Il est difficile d’imaginer cette voix jaillissant d’un individu au tout début de sa carrière étant donné l’impression d’achèvement total qui s’échappe de cette musique. C’est un album qui nous remue tout en nous effleurant, telle la lueur de l’aube atteignant timidement le visage à travers des volets entrouverts; la musique de Jenny Lysander est riche, très riche! J’attendrai l’album, promis pour la fin 2014 avec impatience. JENNY LYSANDER Lighthouse EP (Beating Drum, 2014) -Genre : Folk, Pop féminin -Des intonations voisines de celles d’Alela Diane, de Sidsel Endresen, d’Alessi’s Ark Lien vers l’achat en ligne (iTunes) Lien vers la page Facebook de l’artiste JENNY LYSANDER – Lueurs enchanteresses Originalité75% Authenticité90% Accessibilité75% Direction Artistique80% Qualité Musicale85% Textes70%79%Overall ScoreReader Rating: (2 Votes)81%Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments