Nico Pelletier, RREVERBJULIEN SAGOT: Malaise après malaise Nicolas Pelletier 2015/06/21 Concerts, Genres Étrange idée d’avoir uni la musique expérimentale du percussionniste et bidouilleur de Karkwa à celui, beaucoup plus folk de CharlÉlie Couture, le samedi 20 juin au Club Soda. Le public venu pour voir le vétéran nancéien à l’une de ses rares visites au Québec s’est retrouvé confronté à un musicien qui n’hésite pas à utiliser de la distorsion dans ses rythmes programmés ou sur la voix de sa choriste aux cheveux roses pétants. Avec son survêt’ aux couleurs de l’équipe de la Côte d’Ivoire, Julien Sagot s’est bien amusé à créer des ambiances sombres et étranges. Une partie du public était plutôt interloquée, alors que l’autre était ravie. Au point où il y a eu des moments où personne n’applaudissait à la fin d’un morceau brusquement terminé. Tous ne savaient pas sur quel pied danser! Mais Sagot n’a pas bronché et a continué à nous exposer son univers déjanté, parfois un peu décousu, mais toujours sympathique. Plus le concert avançait, plus les atomes devenaient crochus d’après moi, surtout pendant la chanson Fantomatique, durant laquelle son acolyte joua des percussions caribéennes d’une façon fort créative, avec des effets qui les rendirent uniques. C’est à ce moment que Julien Sagot creva l’abcès. « Ça va bien? Avez-vous des questions? Vous êtes bien silencieux… Avez-vous quelque chose à revendiquer? » C’est alors qu’un « Le son n’est pas bon! » a fusé de la salle. « Vous n’avez qu’à quitter la salle, monsieur, répondit le musicien du tac au tac. De toute façon, il y a une ambiance de marde ici… » Ouf… L’ambiance est soudainement devenue très tendue. « Bon, on continue… » Les invitations à taper dans les mains étaient-elles cyniques? Le public s’y mit timidement… Pas certain, pas convaincu… Malaise. Deux chansons plus tard, le musicien comprenait ce que le public vivait; un immense feedback emplissait la salle, empêchant de bien distinguer les instruments, particulièrement les paroles de Sagot. « Je ne joue plus dans ses conditions… Arrangez ce micro qui capte toute la salle… Vous pouvez me lancer des tomates si vous le voulez. » « Nooon », répondit le public, content qu’on allait enfin régler le son. L’espoir d’une connivence entre le musicien et le public (du moins ceux qui le connaissaient) renaissait. Mais la situation ne s’améliora pas: Sagot invita le public à chanter avec lui la dernière chanson, instrumentale. Visiblement, personne ne connaissait l’air, et donc personne n’a chanté. Sagot a confronté le public du regard, s’avançant sur le devant de la scène. Malaise… Il était temps que ça se termine… Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments