Richmond LamCORMIER sans Karkwa Nicolas Pelletier 2012/09/19 Albums, Genres On le voyait venir et on l’attendait avec enthousiasme même si on espère encore que ce premier album solo de Louis-Jean Cormier ne signifie pas la fin de l’un des meilleurs groupes québécois des dix dernières années, Karkwa. Cormier avait envie de se prouver qu’il était capable de faire un album seul. C’est chose faite – et bien faite. Son collègue karkwaïen Julien Sagot l’a devancé, plus tôt cette année, récoltant un beau succès d’estime. « Le treizième étage » de Cormier s’inscrit dans la même veine musicale que la formation à laquelle il appartient. Peut-être un peu moins rock puissant que ce à quoi Karkwa nous a habitués au fil des ans. Sûrement un peu plus acoustique. Je ne dirais quand même pas pop. C’est évident que le chant, la voix, la tonalité, les textes de Cormier sont fortement associés au son Karkwa. On les retrouve ici dans un format une coche moins énigmatiques, moins poétiques. Dès le départ, la cynique La Cassette prend position sur la langue de bois des politiciens de façon on ne peut plus directe. J’haïs les happy ending est aussi claire, Cormier s’y affirmant son individualité vis-à-vis les masses, peu importe par quel clan elles sont manipulées. Cormier ne deviendra pas un Vincent Vallières ni un Roch Voisine de sitôt. Il se penche sur la ballade avec l’intime Les chansons folles, mais ce n’est qu’un instant. Il collabore ici avec Daniel Beaumont de Tricot Machine, mais rassurez-vous, il ne donne pas dans la comptine pour autant. Il semble beaucoup plus préoccupé par se réinventer (artistiquement et peut-être aussi humainement): “Où sont les règles du jeu, qu’on y mette le feu” ou “Et si on prenait le clos?” sont des phrases qui reviennent souvent tout au long de l’œuvre, comme une thématique de fond. Cormier avait déjà commencé à travailler en dehors de Karkwa depuis quelques années, plus avec d’autres que seul. Il a réalisé les albums en hommage au poète Gaston Miron « Douze hommes rapaillés » (pour lequel il a reçu un Félix en 2009) puis réalisé l’ album de Lisa LeBlanc (un immense succès autant critique que commercial). Je ne peux dire que je suis complètement renversé ni touché par l’album solo de Louis-Jean Cormier. J’ai une tonne de respect pour l’homme (et le groupe), et je salue le travail bien fait – mieux que la très grande majorité des artistes d’ici – mais je ne vibre pas particulièrement. C’est personnel mais c’est ainsi. Peut-être qu’après une demi-douzaine d’écoute, mon opinion changera. Je vous tiendrai au courant. LOUIS-JEAN CORMIER Le treizième étage (Simone Records, 2012) Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments