Chez RREVERB, nous pensons que la musique de qualité dure, qu’elle est appréciée longtemps. Nous prenons le temps de l’écouter. Cette série d’entrevues s’attarde l’art de faire de la musique, sur le parcours des musicien(ne)s, sur ce qu’ils transmettent en créant de la musique. Aujourd’hui, nous rencontrons…

MANU MILITARI

 

BIO EN 2 MOTS : Manu Militari est un rappeur québécois, né en 1979 dans la ville de Québec, poursuivant une carrière solo, après avoir fait partie du groupe Rime Organisé. Manu sort un premier disque solo en 2006. “Voix de fait” est cru sans être vulgaire, poétique sans être larmoyant, bref l’artiste ne fait pas dans la facilité. Il mérite le Félix pour l’Album hiphop de l’année au Gala de l’ADISQ pour son second opus, “Crime d’honneur”. Il est approché par la Fondation du CHU Sainte-Justine pour participer au projet Défi-jeunesse 1 km. Il en résultera la chanson Marche vitale qui figurera sur le prochain disque de Manu : “Marée humaine”.

Inspiré entre autres par la révolution égyptienne dans laquelle Manu se retrouve alors qu’il est au Caire pour l’écriture de son prochain album, “Marée humaine” est un déferlement de personnages insolites. Marchand d’émotions, Manu Militari va droit au but et droit au cœur avec des textes aux images aussi fortes que poétiques, qui forcent les verrous de la morale bien-pensante.

Manu Militari a créé la polémique avec la chanson L’attente qui devait au départ être publiée sur son album “Marée Humaine”. Le vidéoclip de la chanson qui montre une attaque contre un convois de l’armée canadienne en Afghanistan, a été très mal perçu par des militaires et le gouvernement conservateur. Ils ont été notamment choqués par la scène finale qui montre un afghan s’apprêtant à exécuter un soldat canadien blessé.

Son nouvel album “Ocean” paraîtra le 20 novembre 2015.

RREVERB – Depuis combien de temps faites-vous de la musique? Parlez-nous de votre carrière en notant les moments clés, qui vous sont importants.

MANU MILITARI – J’ai commencé le rap à l’adolescence, j’imitais les rappeurs américains pour finalement développer mon propre style à travers les années, j’étais dans un groupe Rime organisé qui n’allait nulle part, j’ai sorti un disque solo en 2006 en me disant qu’après j’arrêterais de faire du rap, car ça ne rapportait rien, l’album a bien marché, j’ai décidé d’en faire un deuxième et ainsi de suite.

LA CRÉATION

RR – Comment composez-vous? Est-ce que vous recherchez un lieu ou un état d’esprit lorsque vous composez? Est-ce beaucoup de travail pour vous que de finaliser une chanson?

MM – Ça dépend des chansons, des fois ça se fait tout seul, des fois faut bûcher longtemps… je n’ai pas de lieu ou d’état d’esprit spécifique, ce qui m’inspire c’est le changement. La routine m’anesthésie.

RR – À qui chantez-vous une nouvelle chanson pour la première fois? À quel point l’avis de votre entourage est-il important dans les premiers moments de la création d’une pièce?

MM – Ça dépend des périodes, je fais écouter à mes amis généralement, parfois leur avis prend trop d’importance et me ralentit mais parfois je ne leur fais même pas écouter.

RR – De laquelle de vos chansons êtes-vous le/la plus fier(e)? Pourquoi?

MM – L’attente, parce que le premier ministre l’a mise en avant-plan sur son site internet.

RR – Comment avez-vous vécu la controverse autour de la chanson L’attente? Les pressions pour ne pas qu’elle soit sur l’album, que le clip ne soit pas diffusé?

MM – C’est intense, on se sent vivre, on sent aussi qu’on a de moins en moins le droit de s’exprimer avec cette nouvelle religion du politiquement correct. Après, je ne me plains pas, je serais déjà mort dans la plupart des pays en ayant fait la même chose.

RR – Êtes-vous moins intéressé(e) à interpréter certaines de vos anciennes chansons? Pourquoi?

MM – Des fois il y a des chansons qu’on n’est plus capable d’entendre, on les laisse de côté et quand l’envie revient on les refait.

RR – Avez-vous déjà composé ou interprété de la musique complètement différente que du rap, celle pour laquelle on vous connaît?

MM – Pas vraiment.

RR – Parlez-nous de votre plus récent album. Qu’en pensez-vous? Comment s’inscrit-il dans votre cheminement de carrière?

MM – Je n’ai jamais pensé carrière, j’essaie de faire la meilleure chanson possible à chaque fois que j’écris, je suis incapable de juger un album à sa sortie, j’ai besoin de recul parce que sur le coup je suis très critique.

RR – Les clips de Manu Militari sont de véritables courts-métrages, très créatifs, qui appuyent les textes coups de poing. En voici quelques-uns, en playlist.

RR – Vos clips sont comme des courts-métrages, bien travaillés. Vous impliquez-vous dans la réalisation et la scénarisation?

MM – Oui, je m’implique dans tout ce qui implique mon travail, les clips en sont une partie importante, je suis rarement agréablement surpris quand je ne m’implique pas.

LA SCÈNE

RR – Quelle est votre relation avec la scène? Est-ce un pur plaisir ou un stress?

MM – Généralement c’est du pur plaisir, du stress parfois quand je ne suis pas dans mon élément, mais ca relève le niveau du show d’habitude.

RR – Racontez-nous le plus beau moment sur scène que vous avez vécu.

MM – La première fois que j’ai entendu la foule scander mon nom, c’était mon premier show solo, je faisais la première partie de Sinik aux Foufs, je n’arrivais pas à y croire et je me demandais même pourquoi ils faisaient ça.

RR – Que préférez-vous: les petites scènes intimes ou les grands formats? Jouez-vous, agissez-vous différemment?

MM – Je préfère les formats moyens, trop grand on ne sent pas le public, trop petit on le sent trop, oui bien sûr on s’adapte toujours à la scène, aucune n’est pareille.

manu militari club soda 2013

Au Club Soda 2013 (photo: DarkStar Creations)

RR – La vie en tournée se passe comment pour vous? 

MM – Très agréable.

RR – Racontez-nous vos débuts, votre premier concert.

MM – Mon premier concert était un concert de rap. Je ne faisais pas partie des groupes invités, mais mon groupe et moi sommes montés sur scène entre deux performances et on a fait notre show, c’était inécoutable à l’époque, mais les gens nous ont enduré.

L’INDUSTRIE

RR – Par qui êtes-vous entouré? Que vous amènent ces personnes concrètement?

MM – Je suis entouré d’amis et de ma famille, ils m’apportent du bon temps.

"Chacun sourit à sa façon, moi c'est intérieurement" (octobre 2015)

“Chacun sourit à sa façon, moi c’est intérieurement” (octobre 2015)

RR – Parlez-nous de vos complices musicaux les plus proches. Comment vous êtes-vous connus et comment travaillez-vous ensemble.

MM – Je ne travaille qu’avec des amis, ils me connaissent, ils savent ce que je veux, et je sais ce qu’ils veulent aussi, ça simplifie les choses. On s’est connus à travers des amis ou au hasard des rencontres.

RR – Pouvez-vous imaginer un jour vivre une célébrité mondiale (comme celle de Celine Dion ou des Beatles)? Comment pensez-vous que vous vivriez cette expérience, ce style de vie? 

MM – Je ne voudrais pas vivre cette célébrité, une fois riche je partirais vivre reculé du monde.

RR – Y voyez-vous des avantages?

MM – Aucun

RR – Est-ce l’un de vos objectifs?

MM – Non

RR – Avez-vous déjà rencontré, côtoyé quelqu’un qui avait atteint ce niveau de célébrité?

MM – Je n’ai pas le souvenir d’avoir rencontré quelqu’un de célèbre.

RR – On entend souvent que les artistes sont font flouer. Avez-vous déjà vécu une expérience négative de ce genre?

MM – Non, je suis un peu rusé…

VOS PRÉFÉRÉS

RR – Sur une île déserte, vous emmèneriez ces 5 albums (pas plus).

Mahmoud El Essiely – Rayah ala fein
Prince Royce – Soy el mismo
Bob Marley – Uprising
Akon – Trouble
Soundtrack du film Platoon

Playlist!

RR – On sent une influence et un intérêt envers la musique et la culture arabe, autant dans vos disques préférés, que dans certains de vos sujets de chansons. Vous avez composé au Caire, aussi. D’où vient cet intérêt?

MM – J’aime la musique arabe, plus particulièrement celle égyptienne, j’ai effectivement écrit une chanson au Caire qui s’appelle “Sultan hôtel”.

RR – Plusieurs de vos disques préférés sont assez sentimentaux, ce qui est plutôt différent de votre musique. Est-ce que vous pensez un jour faire des chansons plus dans le style de Prince Royce?

MM – Personnellement, je trouve que ma musique est sentimentale. Après, il faut peut-être s’entendre sur la définition de « sentimental”, mais ce n’est pas parce que j’écoute un artiste que je veux faire comme lui. Je ne me limite pas par contre, je n’ai jamais su ce que j’allais faire plus tard.

RR – Quel est le tout premier album que vous avez acheté avec votre propre argent? À quel âge?

MM – Metallica – Metallica, à 12 ans

Merci Manu!

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.