Les auteures-compositrices-interprètes de qualité sont rares et méritent d’être encouragées à persévérer à créer des chansons intelligentes dont les propos sont plus profonds que d’épeler le nom des serpents. Mo Kenney vient de sortir son nouvel album « In My Dreams », le deuxième de sa jeune carrière de songwritter amorcée en 2012. La musicienne a une excellente plume qui rappelle autant celles d’Angela Desveaux (que devient-elle d’ailleurs?), Aimee Mann ou Ani Di Franco. Le traitement n’est pas des plus originaux, j’en conviens, mais ça a le mérite de nous permettre de bien porter attention aux textes, finement écrits. Dès la première chanson, I Faked It, on est happés par cette confidence acide d’une femme qui avoue que tout est faux depuis le début de leur relation, dès le premier baiser (!), elle savait que tout sonnait faux, qu’elle avait profité de la situation et que ça ne durerait pas. Une honnêteté brutale (voir le clip est ci-dessous). Les autres morceaux sont taillés dans le même roc: des phrases punchées qui ne font pas de détour pour exprimer ce que l’auteure ressent. La musique passe du folk fort (Field Song) au rock posé mais affirmé et dynamique (l’accrocheuse Telephones) au blues plus sombre (la sombre Untouchables). L’entendre chanter d’un air faussement léger qu’elle ne se laissera plus jamais berner par l’apparence des choses (Pretty Things) est un régal. Tout le cynisme d’une âme blessée s’y retrouve intellectualisé, transformé en efficace chanson folk pop. Attention, certaines paroles sont crues au point que la pochette du disque se voit affublée d’un avertissement « Parental Advisory »… Morgan Kenney est née il y a 24 ans, en 1990, à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Dès 2012, avec son premier album éponyme, elle attire l’attention de son concitoyen Joel Plaskett, qui jouera avec elle, ainsi que de Ron Sexsmith, un autre brillant auteur-compositeur-interprète canadien. La jeune Mo commence à jouer de la guitare à l’âge de 11 ans et tripe sur le classic rock de Led Zeppelin, Pink Floyd, et Ozzy Osbourne. C’est en étant punie à la maison pendant deux mois qu’elle se met à écrire plusieurs chansons, inspirée par l’artiste folk Elliott Smith. Elle apprend à faire des arpèges à la guitare en repiquant les chansons du musicien qui s’est enlevé la vie en 2003. MO KENNEY In My Dreams (New Scotland Records, 2014) -Genre: folk pop intelligent -Dans le même style qu’Aimee Mann, Angela Desveaux, Sarah Johnston Lien vers l’achat en ligne (iTunes) Lien vers la page Facebook de l’artiste Lien vers le channel YouTube de l’artiste Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments