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Il a beau avoir 67 ans bien sonnés, le légendaire Neil Young semblait plus en forme que bien des trentenaires qui ont assisté à son concert au Centre Bell hier soir. Ils avaient mal aux pieds suite au long concert de deux heures que le grand musicien venait de donner, sans compter les performances de Patti Smith et des Sadies, en première partie. Young, quant à lui, avait l’air de pouvoir jouer une autre heure sans problème.

L’un des plus célèbres auteurs-compositeurs-interprètes canadiens au monde est toujours l’un des plus pertinents, chose rare pour un musicien qui compte plus de 50 ans de métier.

Il l’a démontré sur scène en revisitant de nombreuses grandes pièces de son répertoire (Cinnamon Girl, Love and Only Love, The Needle & the Damage Done) et en en imposant plusieurs autres moins connues (Walk Like a Giant, Every Morning Comes the Sun, Born in Ontario, Ramada Inn, Twisted Road), tout en faisant plaisir à ses fans de longue date avec des morceaux rarement joués sur scène, comme Powderfinger ou F!#*in Up.

Young ne passe par quatre chemins pour trouver son plaisir. Après vingt secondes de performance, il s’était déjà élancé dans un long et intense solo dont il raffole, bien soutenu par ses vieux potes de Crazy Horse. Recroquevillé sur sa guitare électrique, se dandinant constamment, Neil Young lançait de stridentes notes sans se soucier du temps qui passe. Love and Only Love, en lever de rideau, dure 15 bonnes minutes. Puis Powderfinger, plus lente, 9. Walk Like a Giant s’étendra sur 14 minutes, auxquelles il accola une interminable finale bruyante de 7 minutes. Eh oui, c’est aussi ça un concert de Neil Young: seulement 12 chansons en deux heures! Mais quelles chansons!

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C’était pour moi une première. Jamais je n’avais vu sur scène ce grand monsieur dont je possède tous les albums, en plus de nombreux vinyles bootlegs que j’allais chercher à New York dans les années 90. Neil Young fut aussi l’un de mes phares au niveau du jeu de guitare sèche. Combien de fois ai-je joué Needle & the Damage Done, My My Hey Hey ou Eldorado durant ma jeunesse? Je ne saurais les compter, tellement j’ai usé mes doigts sur ses chansons.

C’était impossible d’être déçu par ce concert de Neil Young au Centre Bell hier soir: tout était parfait! En plus de la performance musclée de Neil Young et de son excellent choix de chansons à travers son vaste répertoire aux nombreux bijoux, le jeu des Crazy Horse – sidemen par excellence – était efficace et charmant. Le vieux Neil a fait le choix de jouer avec ses amis de longue date, même s’ils ne sont pas les musiciens les plus talentueux ni originaux du lot – loin de là – et ce choix lui rapporte: il est bien avec eux, se sent à l’aise pour explorer son jeu de guitare à sa guise, et se permet de blaguer avec eux sur scène. On les imagine aisément jammer tous les quatre pendant de longues heures, avec quelques bières, dans une ambiance de pur plaisir.

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Quelques éléments psychédéliques pour se replonger dans le vieux hit de Buffalo Springfield, Mr Soul.

 

Il y avait même un effort de mise en scène, plutôt cocasse, autour du décor. Les roadies de Young, pas jeunes eux non plus, étaient vêtus de sarraus qui leur donnait des airs de “mad scientists”. Un clin d’oeil à l’album “Psychedelic Pill”, sorti plus tôt cette année, disaient certains sur Twitter. Des gars de la construction sont venus soulever les grosses caisses d’équipement qui recouvraient les amplis géants de douze pieds de haut, clin d’oeil à la tournée “Rust Never Sleeps” de 1978, devenue un classique. De très belles fresques gigantesques reprenaient en arrière-plan le logo des Crazy Horse, puis celui de Woodstock pendant l’intermède acoustique. Seul malaise de toute la soirée: une jeune femme errait sur scène durant l’interprétation de Singer Without a Song, sans trop savoir quoi faire. Un tout petit bémol dans une soirée grandiose de rock authentique, puissant, de bon goût!

Je ne suis pas sorti du Centre Bell aussi émerveillé qu’il y a deux ans lors du spectacle de Paul McCartney, mais tout de même ravi d’avoir vu l’un de mes héros musicaux livrer une performance aussi inspirée. Il n’y a rien de pire que d’être déçu par ses idoles…

En terminant, deux mots sur la poétesse Patti Smith qui a livré un bref mais solide tour de chant rock avant celui de Neil Young. Elle ne rajeunit pas elle non plus (65 ans), mais elle sait encore livrer un rock entraînant. Ses récentes chansons traitent plus de Mère Nature et de puissance divine que par le passé, mais elle nous a quand même servi ses deux classiques Because The Night (co-écrite avec Bruce Springsteen et livrée sur le célèbre album “Easter” en ’78,) et la reprise du tube de Them, Gloria, qu’elle avait enregistrée sur son autre album mythique “Horses”, datant de 1975. Ce sont les Sadies qui avaient ouvert le bal, avec une performance intéressante de country rock diaboliquement inspirée.

Au final, c’est presque quatre heures de rock qui ont habité le temple du hockey en ce 23 novembre de l’année 2012. Ceux qui y étaient s’en souviendront.

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Foule ravie et rassasiée

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.