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Voici le récit de ma troisième soirée au festival Pop Montréal. Six groupes dans quatre salles différentes… Un marathon pour le critique qui ne veut rien manquer!

17:15 Trop court set de Jef Barbara qui commençait juste à être dans sa zone et faire danser la p’tite gang d’early birds qui s’étaient précipités au Divan Orange. Guitare stridente, basse bondissante, Barbara a pu prendre sa place tel un Iggy Pop noir, gai et portant une étrange perruque blonde et un habit rétro noir et rouge. Son électro pop est pas mal, mais il lui manque du talent mélodique pour vraiment justifier les qualificatifs de « prochain hype » qu’on lui attribue un peu à la va-vite. Lorsqu’il termina en répétant « Passenger » des dizaines de fois, on constatait la faiblesse du musicien versus le personnage.

Jef Barbara

19:00 après avoir attendu presque une heure dans un Métropolis rempli de jeunes filles aux cheveux longs (oui, je sais, il y a pire dans la vie…), en attente Gotye, le groupe que j’étais venu voir, Zammuto, arrive enfin! L’ancien des Books a gardé le multi-instrumentiste Gene Black dans sa nouvelle formation et son humour en vidéo. Malheureusement, le tout était timide, et après trois morceaux, j’ai pris la décision de me précipiter dans un taxi, dix secondes avant une brutale averse, et monter St-Laurent pour me glisser dans l’église St-Jean-Baptiste (sur Rachel près de St-Denis). Quinze minutes plus tard, j’y suis: l’église est bondée: les prêtres doivent être perplexes… “la musique du diable” rend enfin leur édifice plus fréquenté!

 

Zammuto

Zammuto au Metropolis

20:00 David Byrne & St-Vincent présentaient leur travail commun “Love This Giant”, un album tout récemment sorti (dont je vous ferai une critique en bonne et due forme sous peu). Entourés de sept cuivres (du tuba au cor français), d’un claviériste et d’un batteur (un trop puissant par moments), Byrne et Annie Clark ont chanté de toutes leurs voix. Si Byrne est magnifiquement en forme, on doit reconnaître que St-Vincent a carrément volé le show! Cette fille est électrique, intense, habitée! Quiconque ne l’a jamais vue sur scène a manqué quelque chose. Il est rare que des artistes aussi époustouflants sur scène soient également d’excellents musiciens et des mélodistes hors pair. C’est le cas d’Annie Clark…

De plus, elle est fort jolie! Du haut de ses grandes jambes, la mince brunette se dandine frénétiquement en faisant tout plein de petits pas, à la chinoise, dansant aussi le robot, de façon saccadée. Le tout en lançant de très belles vocalises et de tonitruants solos de guitare électrique!
Les neuf musiciens derrière Byrne et Clark suivent une chorégraphie recherchée : ils font des pas un peu partout sur l’autel de l’église qui fait office de scène, suivant un parcours établi d’avance. Pendant que Clark chante, Byrne se joint aux musiciens.

Les jeux de lumière ne sont rien de moins que magnifiques dans ce décor divin. Les photos officielles seront, je l’espère, aussi mémorables que le concert lui-même. Byrne avait d’ailleurs annoncé au micro, avant le spectacle de ne pas prendre de photos avec un iPad ni de filmer le concert. « Essayez de garder vos souvenirs dans votre tête plutôt que d’embêter vos voisins. » lance-t-il, chaudement applaudi.

Les solos de guitare enflammés, étrangement issus de cette frêle jeune et jolie femme frisée sont déroutants. Tellement elle est mince, un morceau de tissus noir l’habille. Byrne, lui, était toit de blanc vêtu, des cheveux aux souliers. Seules les bretelles, noires, et les guitares lui donnent un peu de couleurs. Pour faire plaisir à ses nombreux fans, Byrne a bien voulu jouer Burning Down the House (dans l’église) en version guitare sèche et 7 cuivres… Délicieux.

C’était touchant d’observer Annie Clark, du haut de ses 29 ans ne jamais quitter le Maître du regard, réalisant pleinement sa chance de côtoyer une Légende, avec laquelle elle a développé une complicité non feinte et une admiration réciproque. Miss St-Vincent a même probablement dépassé le gourou sur certains aspects: elle compose de bien plus riches mélodies que le récent matériel du quinquagénaire, si on fait abstraction de son travail à la tête des Talking Heads, groupe qui a cessé  ses activités il y a 22 ans (eh oui, ça ne nous rajeunit pas personne!). Ma foi, je réalise qu’Annie Clark n’a presque pas connu Talking Heads alors qu’ils étaient actifs!

C’était sans conteste LE happening de Pop Montréal 2012.

David Byne et St-Vincent

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22:08 sentant la fin de cet unique concert arriver, je me faufile des premiers rangs jusqu’à l’arrière de l’église dans une semi-obscurité et réussis à sortir avant d’être pros danse tampon de la foule qui doit emprunter la même porte. Il pleut encore dehors, mais beaucoup moins fort qu’avant le concert. Je marche vers le Club Lambi où se tient une soirée de l’excellent label Arts & Crafts qui y fait découvrir de nouveaux talents, pour terminer avec The Darcys.

Mais avant, il me fait manger quelque chose… Vous aurez remarqué si vous êtes attentif à mon récit que j’ai vu trois groupes dans trois salles différentes (un soir de pluie en plus) et que je n’ai pas pu rien avaler mis à part une Heineken au Métropolis. Vite, j’attrape une petite salade avec couscous pour emporter en remontant St-Laurent chez Omnivore, le délicieux petit resto tenu par des Maghrébins juste devant le Balattou. J’y allais l’an dernier quand je couvrais Nuits d’Afrique.

LIfe Still Life

Life Still Life

22:30 J’arrive au Lambi. Les cinq Torontois de Life Still Life font du post rock un peu commun devant une salle plus ou moins attentive (et plutôt disséminée). Seules deux filles dansent avec grand entrain. L’une d’elles a une sacoche avec des franges. Probablement les blondes des gars: elles ont l’air de connaître tous les morceaux par cœur. Un peu louche par rapport au reste de la foule. Je prends quelques photos et me pose pour rédiger une bonne partie du texte que vous lisez actuellement…

22:20 La musique de Snowblink est surtout centrée sur la jolie voix claire de Daniela Gesundheit et avec raison! La jeune brunette a un bel organe, rivalisant avec les Tori Amos de ce monde. La musique du duo (Dan Goldman joue de la guitare en pantoufles) est très planante: on est dans les vapes, c’est beau, c’est doux… Mais je crois que c’est plus beau sur disque où l’on peut déguster le tout avec attention. Les gens venus au Lambi avaient visiblement pas mal de choses à se raconter qui ne pouvaient attendre et ça a diminué la qualité expérientielle du concert d’autant. Reste que Snowblink fait de la très belle musique. Essayez là pour vos dimanches matins où la fatigue et la brume d’un pays des rêves ne sont pas encore complètement dissipées. Je vous ferai une critique complète de leur nouvel album, sorti la semaine passée sur le blogue bientôt puisqu’il est très beau également.

Snowblink

Parlant de lit, il est 23:51, je vais aller rejoindre le mien avant de me changer en… larve: je ne tiens plus debout après 6 heures de concert (dont 3 debout… ça commence à être dur à mon âge!)

À demain gang: Gonzales et Arthur H nous attendent samedi soir…

 

Lien vers l’article de mercredi (Cate Le Bon, Laeticia Sadier, Orca Team, Folly & the Hunter)

Lien vers l’article de jeudi (Born Ruffians et Mozart’s Sister dans le parc)

Lien vers le site de Pop Montréal.

Bon festival!

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.