Des perles comme PJ Harvey ou Feist, il n’en sort pas tous les jours. Un talent comme celui de Salomé Leclerc, doublé d’un goût musical haut de gamme est plutôt rare.

La jeune femme de 28 ans est en plein « sweet spot »: assez jeune pour être audacieuse et aventureuse, assez expérimentée pour avoir confiance et réussir ses expérimentations. Je prie pour que son équipe enregistre ses prestations sur scène.

Salomé Leclerc a présenté au Gésù (dans le cadre des FrancoFolies de Montréal) ses nouvelles pièces, en avant-avant-avant-première de son deuxième album dont la sortie n’est prévue qu’en septembre prochain. Des arrangements beaucoup plus rock, sur une musique toujours aussi viscérale, conservant le focus sur sa magnifique voix légèrement brisée, mais en lui permettant de laisser ses grosses guitares à caisse vide (une belle brochette de Gibson magnifiques) prendre toute l’ampleur nécessaire. Appuyée avec délicatesse et subtilité par Philippe Breault (le complice des débuts), Benoit Rocheleau (l’ami aux mille bidouillages) et José Major (le p’tit nouveau, aux percussions), la belle grande brune a laissé son talent parler, son corps bouger et danser avec ses grosses guitares, elle-même transportée par les décibels et la disto que ses doigts produisaient doucement.

Salomé Leclerc

C’était magnifique de la voir entrer en transe sur sa propre musique, la voir se saouler des sons produits par ses guitares et ses complices, puis revenir au micro pour livrer une nouvelle confidence. Les nouvelles chansons de Salomé Leclerc (Le bon moment, Attendre la fin, Sur moi la glace, En dedans) – qu’on découvrait pour la première fois – à part le single Arlon / Vers le sud paru il y a quelques semaines — sont tout à fait dans la lignée artistique amorcée. Aussi touchantes que les (magnifiques) pièces du premier album, et fidèles à l’évolution musicale qu’on a constatée au fil des trois ans de concerts qui ont suivi la sortie de « Sous les arbres ».

Et que dire du traitement qu’ont subi ses “classiques”! Partir ensemble est devenue un crescendo électro des plus enlevants et Love Naïve Love une complainte douloureuse et puissante. Les guitares ont envahi Caméléon mais Longue saison est demeurée dénudée. Beaux contrastes de l’artiste qui se permet de rendre malléables ses oeuvres, et de les réinventer.

Honnêtement, je ne vois pas qui, dans la Francophonie, fait de l’aussi belle musique, aussi intense et authentique que Salomé Leclerc aujourd’hui. Peu, dans l’univers de la chanson, combinent aussi bien intimité et audace. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été autant renversé par une artiste, et cadeau, elle est de chez nous.

Voici un extrait tourné quelques semaines plus tard, au Festival d’été de Québec. Autre contexte: grosse scène extérieure, plein jour.

 

Deux mots sur GAËL FAURE

Si on avait pu mélanger les voix de M et de Bertrand Cantat, ça aurait sans doute donné celle de Gaël Faure. Ce beau jeune homme sympathique possède une belle touche mélodique et s’inscrit dans la tradition des auteurs-compositeurs-interprètes à la Francis Cabrel: des chansons de qualité, qu’on retient, qui comportent des refrains qui font fondre. C’est le cas de la très belle On dirait l’Islande (qui évoque son Ardèche natale).

Son deuxième album « De silences en bascules » vient d’être lancé au Québec n’invente rien au niveau originalité. On applaudit par contre l’authenticité et les efforts de ce talentueux chanteur de 27 ans.

SALOMÉ LECLERC (avec GAËL FAURE en première partie) jouaient au Gésù
Mardi 17 juin 2014
Dans le cadre des FrancoFolies de Montréal, édition 2014

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.