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L’ex-leader d’Harmonium s’est toujours fait rare. Chaque album, chaque concert est un événement célébré par une horde de fans fidèles qui le suivent depuis les beaux jours peace & love du retour à la terre québécois. Serge Fiori ne fait pas n’importe quoi n’importe comment. Il attend le bon moment.

Ils sont peu à avoir perduré depuis cette belle époque : Jim Corcoran (du duo Jim & Bertrand), Richard Séguin (avec sa sœur Marie-France, dans Les Séguin), et bien sûr Michel Rivard (de Beau Dommage) sont les seuls à être toujours actifs aujourd’hui, témoins de cette belle époque qui a fait rêvé la jeunesse des années 70, juste après l’Expo et avant les Jeux olympiques de Montréal. Pour moi, Charlebois et Dubois représentent la jeunesse des années 60 et le rock québécois : un autre trip.

Le nouvel album de Fiori débute avec une chanson (Le monde est virtuel) qui s’interroge sur les temps modernes. Facebook, Centre Bell, Twitter, films pornos… Le chanteur se demande dans quel monde nous vivons, seuls devant nos écrans (petits, moyens ou grands). C’est vrai que vu par un ancien hippie, les années 2010’s sont bien différentes que celles que la jeunesse aux cheveux longs souhaitait. La belle collectivité est plutôt numérique.

Fiori personnifie ensuite un Républicain sur Crampe au cerveau, dont le texte cynique – en partie in English – démontre à quel point il les tient en haute estime. Musicalement, Serge Fiori se laisse aller sur de belles vocalises vaporeuses comme dans le temps. Les fans vont aimer : c’est bien le même musicien que jadis à qui on a affaire, il n’a absolument pas perdu la touche, ni ne sonne vieillot. On se délecte de cette voix unique, matte, douce, chaude et haute, et ce langage crû, « pure laine » sans être exagérément joual.

Serge Fiori maîtrise les ballades (Seule) autant que les blues (Démanché), et laisse s’exprimer cette magnifique guitare 12 cordes qui caractérise sa musique depuis les débuts d’Harmonium (Jamais). Les amateurs de guitare seront charmés par 8 des 11 morceaux et 51 minutes de musique de grande qualité. On s’ennuie d’ailleurs de la guitare de Fiori sur les seules pièces qui n’en comportent pas : Ce qui est là, Si bien et l’Épilogue qui terminent l’album.

Un homme discret malgré la célébrité

Né en 1952 dans le quartier de la Petite Italie à Montréal, Serge Fiori chante depuis l’âge de 4 ans : son père Georges menait un orchestre jazz. L’aventure Harmonium ne durera que 3 albums studio et un live, tous parus entre 1974 et 1978 mais sera marquante dans l’histoire de la musique québécoise tellement elle représentera la jeunesse des années 70 (« gang de hippies qui fument du fleur de lys » chante-il lui-même dans Zéro à dix, autant dans ses idéaux que par une musique folk-prog savante et unique.

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Serge Fiori ne publiera que deux albums : « 200 nuits à l’heure » avec Richard Séguin (1978) et « Fiori » (1986) et participera à ceux de Neil Chotem (1980), Nanette Workman (1987) qu’il aurait fréquentée, et Peter Keogh (1995). Véritable gourou de la chanson québécoise, Serge Fiori compose des musiques de film (dont « Babine », en 2008), de contes et travaille avec des jeunes talents comme Érik Mongrain (2006).

 

serge-fiori-cd-2014Artiste: Serge Fiori
Album: Serge Fiori
Étiquette: GSI

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About The Author

Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.