VAN MORRISON s’éloigne du rock Benoit Bergeron 2015/12/20 Albums, Genres Cet article est le premier d’une série de deux sur les deux grands albums de Van Morrison. Chanteur à la voix unique, Van Morrison a fait ses débuts avec le groupe garage blues-rock Them. Il s’est joint au groupe formé à Belfast, en Irlande du Nord, en 1964. Morrison n’avait alors que 18 ans, mais il a laissé sa marque durant les deux courtes années qu’il a passées avec le groupe. Il a composé le standard Gloria, hymne proto-punk repris par à peu près tout le monde, dont Patti Smith, Jimi Hendrix, David Bowie et The Doors (Jim Morrison s’est d’ailleurs beaucoup inspiré de Van alors que The Doors faisait la première partie de Them au Whiskey a Go Go en juin 1966). Des disputes monétaires ont mené Morrison à quitter le groupe et à lancer sa carrière solo. Même si le tube Brown Eyed Girl lui a assuré l’immortalité, Van n’était pas totalement satisfait de son premier album, « Blowin’ Your Mind! », sorti en 1967. Le deuxième allait être complètement différent. La gestation de ce deuxième opus, le chef d’œuvre « Astral Weeks », a toutefois été très difficile. Van Morrison était lié par contrat à la maison de disque Bang Records, dont le propriétaire, Bert Berns, est subitement décédé. Il avait eu de nombreuses disputes avec Berns, son réalisateur, pour la suite à donner à Brown Eyed Girl. Berns croyait que Morrison devait continuer dans une voie pop-rock, alors que Van voulait aller ailleurs, s’éloigner du rock. Le décès de Berns a réglé cette question, mais a amené d’autres complications. La veuve de Berns a refusé de libérer Morrison de son contrat, et l’a même menacé de le déporter des États-Unis (il enregistrait à New York). Morrison s’est finalement marié et a pu s’extirper de son contrat pour enregistrer un formidable cycle de chansons qu’il peaufinait depuis quelques temps déjà avec des amis musiciens. Van Morrison et son épouse, Janet Planet Van Morrison a pu signer avec Warner, compagnie qui laissait alors beaucoup de liberté à ses artistes. « Astral Weeks » a été enregistré en seulement trois sessions, les 25 septembre, 1er et 15 octobre 1968, et est paru en novembre de la même année. Le réalisateur Lewis Merenstein a contacté certains des meilleurs musiciens de jazz de New York. Morrison a donc pu compter sur le bassiste Richard Davis, le guitariste Jay Berliner, le percussionniste Warren Smith Jr. et le batteur Connie Kay. Le flûtiste John Payne et l’arrangeur Larry Fallon ont complété l’ensemble, surtout habitué de jouer de la musique jazz. Dès les premiers instants de la toute première chanson, la superbe Astral Weeks, on est transportés dans un monde immersif et onirique. La magnifique ligne de basse (le son de la basse est d’ailleurs sûrement l’un des meilleurs jamais enregistrés) et la délicate guitare installent l’ambiance, puis Van chante ces lignes pour le moins poétiques, sinon mystérieuses : « If I ventured in the slipstream, Between the viaducts of your dream, Where immobile steel rims crack, And the ditch in the back roads stop. Could you find me? ». Peu importe ce que Van veut dire ici, le résultat est superbe, et cette pièce donne le ton. Le côté improvisé ressort beaucoup aussi : Van ne jouait chaque chanson qu’une fois à la guitare, et les autres devaient ensuite l’accompagner en improvisant, sans partition, avec leur seul instinct musical. Side One: In the Beginning 1.) 0:00 Astral Weeks; 2.) 7:05 Beside You; 3.) 12:20 Sweet Thing; 4.) 16:46 Cyprus Avenue Side Two: Afterwards 1.) 23:40 The Way Young Lovers Do; 2.) 27:00 Madame George; 3.) 36:44 Ballerina; 4.) 43:45 Slim Slow Slider Plus complexe, avec la guitare classique et la flûte qui se démarquent, Besides You n’en reste pas moins une splendide chanson d’amour, aux paroles très imagées. Sur Sweet Thing, les cordes, la basse et la batterie sont d’une qualité exceptionnelle, offrant des arrangements à mi-chemin entre jazz, blues, folk et musique classique. Van offre par ailleurs une de ses meilleures performances vocales. Il est également époustouflant sur la merveilleuse Cyprus Avenue. On retrouve ici un clavecin, qui donne une ambiance bien différente du reste de l’album. Cyprus Avenue fait référence à une rue résidentielle de Belfast, et les paroles sont nostalgiques : « And all the little girls rhyme something On the way back home from school, And the leaves fall one by one, And call the autumn time a fool ». Aux sonorités jazz, avec une audible section de cuivres, la superbe The Way Young Lovers Do détonne un peu du reste de l’album. Cette pièce a également une position inconfortable, placée entre deux des chefs-d’œuvre de l’album. Avec Cyprus Avenue (et la chanson-titre), Madame George est l’autre joyau de ce disque. Faisant près de dix minutes, ce morceau revisite le passé de Morrison, qu’il tente de laisser derrière lui : « And as you leave, the room is filled with music. Laughing, music, dancing, music all around the room, And all the little boys come around, walking away from it all ». Composée en 1966, alors qu’il était avec Them, Ballerina est impressionnante en ce que Van Morrison exprime une large gamme d’émotions avec sa voix. Souple, expressif et puissant, son organe vocal est à son meilleur sur cette envoûtante et mystérieuse chanson : « Spread your wings, Come on fly awhile Straight to my arms, Little angel child ». Seule pièce sans cordes, la paisible Slim Slow Slider conclut l’album sur une note funèbre : « I know you’re dying, baby, And I know you know it, too ». « Astral Weeks » n’est peut-être pas le plus accessible des albums de Van Morrison, mais c’est sûrement le plus réussi, d’un point de vue artistique. Les musiciens qui entourent Morrison sont d’excellents interprètes qui complémentent à merveille la voix et les textes de Van The Man. Les compositions de Van comptent également parmi ses meilleures. Alors âgé de 23 ans, le Nord-Irlandais a prouvé qu’il était du niveau de Bob Dylan. Bien qu’il soit inclassable, « Astral Weeks » est sans aucun doute l’un des meilleurs albums de toute l’histoire de la musique populaire. Cet opus a toutefois peu capté l’attention du public et n’a pas eu le succès commercial escompté. Très différent, son prochain chef-d’œuvre allait toutefois le mener vers le devant de la scène… Cliquez ici pour lire la suite VAN MORRISON Astral Weeks (Warner Bros., 1968) -Genre : folk-rock, avec influences de blues, jazz et classique -Dans le même genre que Bob Dylan, The Band et Neil Young Lien vers l’achat en ligne (iTunes) Lien vers la page Facebook de l’artiste Lien vers la chaîne YouTube de l’artiste VAN MORRISON s'éloigne du rock ORIGINALITÉ 100% AUTHENTICITÉ 95% ACCESSIBILITÉ 85% DIRECTION ARTISTIQUE100% QUALITÉ MUSICALE100% textes95%96%Overall ScoreReader Rating: (3 Votes)92%Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments